Quand les neurosciences plaident en faveur de l’égalité femmes-hommes Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l'Institut Pasteur | Publié le "Les capacités de plasticité du cerveau apportent un éclairage nouveau sur les processus qui contribuent à forger nos identités sexuées. A la naissance, le petit humain n’a pas conscience de son sexe. Il va l’apprendre progressivement à mesure que ses capacités cognitives se développent. Ce n'est qu'à partir de l'âge de deux ans et demi que l'enfant devient capable de s'identifier à l’un des deux sexes. Or depuis la naissance, il évolue dans un environnement sexué : la chambre, les jouets, les vêtements diffèrent selon le sexe de l'enfant. Or malgré toutes ces évidences, les thèses d'un déterminisme biologique des différences entre les sexes sont toujours bien vivaces. Si l’on donne une explication "naturelle" aux différences sociales et professionnelles entre les hommes et les femmes, tout programme social pour l’égalité des chances devient inutile Développement du cerveau et plasticité cérébrale
La plasticité cérébrale contre les stéréotypes de genre Force est de constater que malgré l'avancée des connaissances en neurosciences, les préjugés sur les différences cérébrales entre les hommes et femmes sont toujours bien vivaces. On ne cesse d'entendre dire que les femmes seraient naturellement multi-tâches et attentives aux autres, tandis que les hommes seraient nés bons en maths et compétitifs. Ces discours laissent croire que nos aptitudes, nos émotions, nos valeurs sont câblées dans des structures mentales immuables. Or malgré ces évidences l'idée d'un déterminisme biologique de nos actions perdure. Références bibliographiques: Coates J.M. and J. Vidal, C. et Benoit-Browaeys, D. (2005), Cerveau, Sexe et Pouvoir, Editions Belin. Vidal, C (2007), Hommes, femmes : avons-nous le même cerveau ? Vidal, C (2009) , Le cerveau évolue-t-il au cours de la vie ?"
Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre L'opposition au mariage pour tous a ravivé un débat lancé en 2011 par l'introduction de la notion de genre dans les manuels de SVT. Ses détracteurs parlent de la "théorie du genre". En protestant contre la loi autorisant le mariage aux personnes de même sexe, les membres de la "Manif pour tous" ont également ravivé la polémique sur le genre. "Le vrai but du mariage homosexuel est d'imposer la théorie du genre", affirment certains détracteurs du mariage pour tous. Ces inquiétudes avaient déjà agité les milieux catholiques en 2011, lorsque le ministère de l'éducation avait annoncé l'introduction du concept de genre dans certains manuels scolaires. Loin d'être une idéologie unifiée, le genre est avant tout un outil conceptuel utilisé par des chercheurs qui travaillent sur les rapports entre hommes et femmes. Le genre est-il une théorie ? >> Lire (édition abonnés) l'entretien avec le chercheur Bruno Perreau : "'Théorie du genre', 'études sur le genre' : quelle différence ?"
«Il n’existe pas 2 sexes (mâle et femelle) mais 48» Berlin, 19 août 2009, Championnats du monde, finale du 800 mètres «dames» : la Sud-Africaine Caster Semenya, 18 ans, accomplit un véritable exploit en courant la finale du 800 mètres féminin en 1 minute 55 secondes 45 centièmes. Sa victoire est de courte durée. À peine la course finie, le staff des équipes rivales et les journalistes sportifs accusent la championne d’être un homme. L’accès aux toilettes pour dames lui est interdit (alors qu’elle urine avec une vulve). Le grand public lui-même s’émeut : «La règle qu’on nous a apprise à l’école : XY : un pénis et deux testicules, XX : un vagin et deux ovaires, c’est à peine si on nous avait parlé des exceptions», s’interroge un internaute. «Les controverses soulevées par le test de féminité (3) ont ainsi contraint le milieu médico-sportif à prendre en compte les niveaux pluridimensionnels de l’identité sexuée et à s’interroger sur la définition de la «vraie femme» : définition impossible», affirme la chercheuse Anais Bohuon.
Homme / Femme : comprendre et dépasser les clichés Premier constat : une majorité de femmes s’est déplacée ! Sur la trentaine de participants, plutôt jeunes – entre 20 et 35 ans – on ne compte que cinq hommes. D’emblée, Christine Détrez précise qu’il ne faut pas se leurrer : acquis du féminisme ou pas, les stéréotypes ont la vie dure ! Selon la sociologue, pour comprendre leur persistance, il faut commencer par revenir sur une notion méconnue et souvent mal interprétée : le genre. Sexe biologique, sexe social Apparues dans les années 1970 aux États-Unis et portées par le courant féministe, les gender studies – ou « études de genre » – ont avancé l’idée de la construction sociale de la différence des sexes. Afin de situer le débat dans l’actualité française, Christine Détrez évoque le scandale déclenché dans certains milieux par la tentative d’introduction du genre dans les manuels scolaires de SVT, en 2011. Explications scientifiques versus sexisme Christine Détrez analyse alors un best-seller traitant de la « chimie de l’amour ».
Théorie du genre : ce qui froisse les réacs Voici peu, "on ne naît pas femme, on le devient", la cinglante formule de Simone de Beauvoir dénonçant le poids de la société dans la construction de nos identités, faisait consensus sur notre échiquier politique. La cause de l'égalité entre les sexes, de la lutte contre ce conditionnement, semblait entendue. Semblait, car une "nouvelle" droite, celle des irréductibles opposants au mariage gay, prétend aujourd'hui y voir un odieux complot. Garçons et dînette Et ils cognent ! Et l'éditorialiste du quotidien, Yves Thréard, de hurler néanmoins au "décervelage" : "Quand tous les petits garçons sauront jouer à la dînette et que les petites filles s'intéresseront à la course automobile, notre société se portera-t-elle mieux ?" Stéréotypes sexués "Le genre n'est pas une théorie qui aurait ses partisans et ses opposants, explique Laure Bereni, sociologue au CNRS. Il faut regarder du côté des instances religieuses. "Idéologie destructrice pour notre civilisation" La dérision à la rescousse
Comment la testostérone vient aux hommes (et aux femmes aussi) «Effets du comportement de genre sur la testostérone chez les femmes et les hommes», annonce le titre de l’étude*. Minute: le mécanisme n’est-il pas censé fonctionner dans l’autre sens? La testostérone n’est-elle pas un facteur explicatif de certaines attitudes associées au genre masculin – forte compétitivité, agressivité marquée, moindre empathie? Les idées courantes vont globalement dans cette direction-là. Mais l’expérience réalisée par Sari M. van Anders, Jeffrey Steiger et Katherine L. Goldey, trio interdisciplinaire des universités du Michigan et George Washington, montre, au contraire, une «relation inversée»: plutôt que de hauts niveaux de testostérone engendrant des comportements considérés comme masculins, c’est le fait d’adopter ces comportements qui fait grimper le niveau de testostérone. Déroulement de l’expérience: des comédiens des deux sexes sont recrutés pour jouer un monologue mettant en scène un acte de pouvoir (en l’occurrence, le licenciement d’un subordonné).
Le cerveau a-t-il un sexe ? Je vous propose cette vidéo limpide et étayée scientifiquement qui reprend et infirme plusieurs idées reçues au sujet des différences de performances entre hommes et femmes. Catherine Vidal est neurobiologiste et directrice de recherche à l’institut Pasteur. Elle a été promue chevalière de la Légion d’honneur en 2009. Son intérêt porte sur les rapports entre science et société, en particulier les préjugés idéologiques sur le cerveau, le sexe et le déterminisme en biologie. L’éducation et la culture jouent un rôle important sur l’estime de soi et les connexions neuronales car le cerveau a la capacité de se façonner en fonction de l’expérience et de l’apprentissage. En raison de la plasticité cérébrale, nous avons tous des cerveaux différents indépendamment de notre sexe. Catherine Vidal a écrit plusieurs livres, dont Cerveau, Sexe et Pouvoir (éditions Atlas). Cerveau, Sexe et Pouvoir est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet. Commander Cerveau, Sexe et Pouvoir sur Amazon.
«On en a assez que les princes ne fassent rien» Placardée sur l’un des murs, une affiche donne le ton de la séance : «Filles/Garçons : cassons les clichés !» Dans la classe de CE1 de l’école polyvalente de la rue de Lancry à Paris (Xe arrondissement), c’est l’heure de la lecture commentée d’un album. Aujourd’hui, c’est Marre du rose. Soit le récit d’une petite fille gavée par cette couleur mais aussi par «les tralalas de princesse, les rubans et les poupées». Omar tempère : «Des fois, les garçons, ils jouent à la corde à sauter…» Saja ajoute que son père lui raccommode parfois ses affaires. Combattre les clichés, les comportements sexistes et les inégalités garçons-filles dès l’école primaire, c’est l’objectif de l’Education nationale et du ministère des Droits des femmes, qui frappent un grand coup en expérimentant, dans une dizaine d’académies, «les ABCD de l’égalité», des ateliers visant à déconstruire les «stéréotypes de genre», de la maternelle au CM2. Carnaval. «Carcan». Pas de quoi effrayer Isabelle Cabat-Houssais.
Y a-t-il un alpha dans la meute? - Le Temps Ayant passé treize étés à observer une meute sur l’île d’Ellesmere, au Canada, le zoologiste états-unien L. David Mech fait, en 1999, une déclaration dont le ton penaud cache des implications fracassantes pour le petit monde des experts en loups. «On s’est trompés», dit-il, en gros, dans un article intitulé «Alpha Status, Dominance, and Division of Labor in Wolf Packs», publié dans le Canadian Journal of Zoology: les individus alpha, censés dominer le groupe à l’issue d’un processus de compétition, n’existent pas. Pas comme on le croyait, dans tous les cas. Flash-back: on est en 1947. Le Bâlois Rudolf Schenkel publie, dans la revue Behaviour, un article intitulé «Ausdrucks-Studien an Wölfen: Gefangenschafts-Beobachtungen». Une histoire de famille Le hic? Re-flash-back. Babouins et management Viennent ensuite les études en captivité: c’est en observant les babouins du zoo de Londres que le zoologiste Solly Zuckermann a élaboré la théorie de la dominance, à la fin des années 1920.
Les neuromythes Mémoire malléable ou apprendre en dormant ? « Comment améliorer votre mémoire ? » : cette formule publicitaire fleurit en général à l’approche des examens scolaires ou pour accompagner la vente de produits de parapharmacie censés nous aider à développer nos capacités de mémoire et, par analogie, nos capacités intellectuelles. L’étude des processus mémoriels a montré que la mémoire est composée de plusieurs systèmes et qu’elle n’est pas située à un point unique du cerveau. On sait également qu’elle n’est pas infinie et que la capacité d’oubli est indispensable à une bonne mémorisation. l’exercice physique (Hillman et al., 2008 ; Winter et al., 2007 ; CERI, 2007) ;le sommeil (Rasch et al., 2006 ; Howard-Jones, 2010a), qui joue un rôle dans le processus d’encodage et de consolidation des informations, mais aucune théorie scientifique ne montre qu’on peut apprendre quoi que ce soit en dormant. Le mythe des 10 % d’utilisation du cerveau Les origines de ce mythe restent floues.
Stéréotypes hommes - femmes : 6 clichés démontés - 30 janvier 2014 "ABCD". En février 2012, Sciences et Avenir faisait sa une sur les différences entre hommes et femmes. Un sujet plus que jamais d'actualité du fait des récentes polémiques sur l'expérimentation ABCD de l'égalité à l'école. L'occasion de revenir sur un certain nombre de clichés encore trop couramment entendus : 1) "Les femmes ne savent pas lire les cartes routières" Les garçons réussiraient mieux les tests d’aptitudes spatiales (Kimura, 1999 MIT Press, Voyer, Voyer & Bryden, Psychological Bulletin, 1995), et emploieraient des stratégies différentes pour établir un itinéraire (Choi & Silverman, 1996) clament ces deux études. D’où l’idée que les femmes ne savent pas lire les cartes routières. Mais Jing Feng, du département de psychologie de l’université de Toronto (Canada) a montré que 10 heures d’entraînement à un jeu vidéo d’action dans lequel il faut rapidement retrouver son chemin éliminaient les différences ! 2) "Les hommes sont monotâche" 3) "Les femmes sont plus intuitives"
À bas ces neuromythes qui nous empêchent d’apprendre ! (2 vote(s), note: 5,00 / 5) Loading... Sir Charles Bell, L’Anatomie du Cerveau Pouvez-vous nous proposer une définition de ce que l’on appelle les neuromythes ? Avez-vous des exemples ? Pourquoi aborder ces neuromythes ? Existe-t-il des neuromythes en science dure ? Aurélie Vand Dijk, chef de projet pédagogique – CSP L’article Pour en finir avec le « Je n’ai rien retenu de ma formation » paru dans Décideurs de février 2017 en PDF. Aurélie Van DijkAprès une formation en neurosciences et en psychologie cognitive et une expérience de 7 ans au sein d’un laboratoire de recherche en psychologie, Aurélie est aujourd’hui chef de projet pédagogique chez CSP. Ces mythes sur le cerveau qui perturbent le fonctionnement de l'école et des entreprises Atlantico : Qu'appelle-t-on un neuromythe ? Pascale Toscani : Un neuromythe est une fausse croyance sur le fonctionnement du cerveau. Cette fausse croyance a néanmoins été échafaudée sur une théorie, une hypothèse, qui a été validée par une communauté scientifique, à un moment donné de l’histoire scientifique. Un neuromythe exemplaire : "Tout se joue avant 6 ans", théorie développée à l’époque de la craniométrie –hypothèse erronée qui consistait à croire qu’il y avait un lien entre la taille du crâne et les capacités mentales d’une personne - ; et en effet, la taille du crâne d’un enfant de 6 ans a presque la taille du crâne adulte, ce qui laissait croire qu’après 6 ans, plus rien ne pouvait vraiment évoluer… Il est important de comprendre donc que les neuroscientifiques n’échappent pas non plus à cette influence subjective. La science évolue très rapidement. Jérémie Blanchette Sarrasin : Les neuromythes sont des croyances erronées concernant le fonctionnement du cerveau.