Le numérique à l’école (fin) L’école devrait être le lieu de l’apprentissage du travail personnel, de l’utilisation de technique de travail et de recherches dont, justement, nos élèves n’ont pas l’habitude, non le lieu de l’apprentissage d’un usage informatique généralisé. Pour trouver des informations sur Internet, il faut tout d’abord que je sache chercher ces informations, puis que je sache les sélectionner en fonction de leur qualité et non de leur simple présence sur la première page affichée… Il faut donc que je possède déjà un certain nombre de réflexes de recherche et de connaissances (acquis biologiquement) avant même d’opérer une recherche numérique. Ne serait-il pas plus pertinent d’empêcher tout travail par le biais de l’informatique à l’école, plutôt que de le généraliser ? L’école doit faire le distinguo entre une discipline, des connaissances et des compétences, d’une part, et les outils utilisés, d’autre part.
Eduquer au XXIe siècle Entre 1900 et 2011, tout a changé pour les écoliers qui vivent à présent dans le virtuel et dans une société multiculturelle, analyse Michel Serres. Il faut aider l'école à prendre la mesure de cette nouvelle ère. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Michel Serres, de l'Académie française Avant d'enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit, au moins faut-il le connaître. Qui se présente, aujourd'hui, à l'école, au collège, au lycée, à l'université ? Ce nouvel écolier, cette jeune étudiante n'a jamais vu veau, vache, cochon ni couvée. - Il habite la ville. - Son espérance de vie va vers quatre-vingts ans. - Depuis soixante ans, intervalle unique dans notre histoire, il et elle n'ont jamais connu de guerre, ni bientôt leurs dirigeants ni leurs enseignants. - Alors que leurs parents furent conçus à l'aveuglette, leur naissance est programmée. Bilan temporaire. Ces enfants habitent donc le virtuel. Ils ne connaissent ni n'intègrent ni ne synthétisent comme nous, leurs ascendants. Je répète.
Michel Serres : « l’avenir s’annonce bien » Propos recueillis par Isabelle Spaak | 08 Janv. 2013, 15h45 | MAJ : 09 Janv. 2013, 16h06 Pour donner corps à la génération née avec la révolution numérique, le philosophe Michel Serres a imaginé dans son nouveau livre une jeune femme baptisée « Petite Poucette », en référence aux deux pouces qu’elle utilise pour écrire des messages sur son téléphone portable. Elle a une trentaine d’années, et dirigera le monde de demain. Un monde qui, d’après l’académicien de 82 ans, donne toutes les raisons d’espérer… Malgré la crise et les chiffres du chômage, vous affichez un optimisme jubilatoire… Mais vous savez, il y a aussi de bonnes nouvelles ! Il suffit de consulter n’importe quel livre d’histoire pour constater qu’une crise de ce genre débouche automatiquement sur une guerre. Et cette fois, ce ne fut pas le cas. Quel est ce nouveau monde que vous évoquez ? Depuis quarante ans, j’enseigne dans la Silicon Valley, aux Etats-Unis. C’est une femme, évidemment. Trop d’informations ? Suis-je optimiste ?
Actualités du numérique - Retour sur.... La 2ème journée du numérique à l'École Numérique à l'École : les continuités éducatives et territoriales En décembre 2013, la première Journée du numérique à l'École avait permis de réunir tous les acteurs participant au service public du numérique éducatif : État, collectivités territoriales, Caisse des dépôts et consignations. L'objet de cette rencontre avait été de se concerter sur la mise en œuvre de la gouvernance partagée dans les territoires. Depuis, fort de la réussite de cette journée, le comité des partenaires du numérique pour l'éducation réunissant les associations d'élus, les ministères, la Caisse des dépôts et consignations, a vu le jour et se réunit régulièrement pour unir les réflexions sur les grands thèmes du numérique pour l'éducation et partager les analyses et problématiques. La deuxième Journée du numérique à l'École s'est inscrite dans cette dynamique et avait pour thème « Les continuités éducatives et territoriales ». Les tables rondes de la journée Conclusion de la journée Compte-rendu de la journée
Michel Serres : "Nous sommes face à une renaissance de l’humanité" - Société Parler de demain, n’est-ce pas avant tout savoir décrire le monde d’aujourd’hui ? Seule Madame Soleil peut décrire le monde de demain. D’ailleurs, si vous consultez des personnes qui font de la prospective, cela devient vite tout à fait comique : ils se trompent à chaque coup… Forcément. Pour la simple et bonne raison que l’innovation est toujours inattendue. Elle passe le plus souvent par un endroit que l’on ne pouvait pas imaginer. Dans les années 1950, par exemple, beaucoup prédisaient aux maîtresses de maison de l’an 2000 l’aide de plusieurs robots pour faire la vaisselle et la cuisine, descendre la poubelle, etc. Comment doit-on alors s’y prendre pour évoquer l’avenir ? La question pertinente est : qu’y a-t-il de nouveau aujourd’hui ? Dérangez-nous encore une fois. L’avènement de Petite Poucette. Poucette est donc celle qui crée le monde nouveau. Rien de moins. C’est une vraie question, sur laquelle j’ai beaucoup travaillé. Vous dites qu’une nouvelle humanité commence.
Michel Serres : " La société préfère son argent à ses enfants " Peut-on sortir des fractures numériques cognitives ? Les foyers à faibles revenus disposent d'équipements numériques parfois plus nombreux que ceux des foyers les plus favorisés. Ce fait est conforté par des travaux de recherche comme ceux du projet ANR INEDUC (2012 - 2015) et s'accompagne de l'identification d'une fracture cognitive importante. En d'autres termes, il est temps que l'école se préoccupe de cette inégalité qui se développe en dépassant les plans d'équipement pour passer à une échelle autre, celle de la prise en compte réelle des inégalités que génère actuellement l'usage du numérique et en particulier celles qui la concernent au premier plan, celles de l'apprentissage, les inégalités cognitives et plus largement culturelles. Mais avant d'aller plus loin, il faut aussi se demander si cette question que l'on pose à l'école à propos du numérique on l'a posée avant le numérique de façon aussi explicite. Le livre et l'écrit imprimé ont potentiellement permis d'accéder aux savoirs mais ils n'ont pas permis d'apprendre à lire.
Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" Michel Serres est une vigie plantée en haut du mât de notre époque. Du haut de son gréement, de ses 82 ans, de sa culture encyclopédique, de son temps partagé entre les cultures française et américaine qu'il enseigne, ce philosophe académicien nous décrit les changements qu'il observe sur l'équipage humanité que nous sommes. En curieux de tout qu'il est, il guette avec impatience et gourmandise les évolutions qui nous arrivent, comme un des matelots de Colomb aurait scruté l'horizon dans l'espoir de nouvelles terres. Son constat sur notre époque est simple : le monde, depuis cinquante ans, traverse une révolution comme l'humanité n'en a connu jusque-là que deux d'une telle ampleur. Avec un constat pareil, un autre que lui serait grognon et inquiet. La crise est-elle bientôt finie? Par exemple… Nous étions 50% d'agriculteurs à la fin de la guerre et ils ne sont plus que 1%. Pourquoi? «Il y a eu trois secousses dans les années 1960 qui ont précédé le tremblement de terre des années 1980.»
Michel Serres, l'utopiste-réaliste Michel Serres, le philosophe utopiste-réaliste Pourquoi avoir titré votre dernier essai Petite Poucette ? En référence à cette jeunesse qui écrit autrement et qui envoie des SMS (1) avec les deux pouces, plus rapidement que je ne saurai jamais le faire avec mes doigts gourds ! J’ai baptisé, avec infiniment de tendresse, cette fille et ce garçon : Petite Poucette et Petit Poucet. Vous les présentez même comme des nouveaux humains ? Il ou elle n’habite plus à la campagne – en 1900, la majorité des humains travaillait la terre et vivait aux champs. Cette génération a-t-elle des leçons à tirer d’autrefois ? Nous avons toujours des leçons à tirer d’autrefois ! Dans ces nouveaux cadres, avec le téléphone cellulaire, Internet, le GPS, quelles connaissances les enseignants doivent-ils posséder ? Ils doivent, plus que tout, savoir à qui ils s’adressent : « Qui est la personne que je veux enseigner ? Comment parfaitement le connaître ? Totalement ! Vous en voulez également aux médias… Michel Serres
La Commission européenne veut développer l’école connectée Les experts de la Commission européenne livrent un rapport envisageant la situation de l’école face aux nouvelles technologies et leur apprentissage. Les défis restent nombreux. Une cinquantaine d’experts réunis, 22 pays représentés, la Commission européenne a investi d’importants moyens pour saisir les enjeux de l’école de demain. Le rapport qu’elle rend public ces jours-ci insiste particulièrement sur un de ces enjeux : le digital. Pour le dire autrement, comment apprendre aux futurs citoyens de l’UE les nouvelles technologies et les médias qui en découlent ? Et comment s’adapter à cette nouvelle manière de communiquer ? Les professeurs à la source du changement Un des premiers domaines à travailler pour les experts à l’origine du rapport reste la formation des enseignants. L’insurmontable challenge : mettre les élèves au centre Le rapport voit aussi plus loin.
« La campagne est en complet décalage avec ce que l'on vit » Le philosophe Michel Serres est le dernier invité de notre série de témoins de la présidentielle. Il explique, ici, en quoi cette campagne est très en décalage par rapport aux grandes évolutions de nos sociétés. Interview. PROPOS RECUEILLIS PAR ERWAN GUÉHO > erwan.gueho@nordeclair.fr Qui est cette Petite Poucette dont vous avez fait le titre de votre nouveau livre (1) ? >> Cette Petite Poucette, ce serait, disons, ma petite fille ou mes étudiants actuels. À quand faites-vous remonter le grand virage de notre société ? Et tout cela est lié aux nouvelles technologies ? Quelles sont les conséquences de la révolution numérique sur notre société ? Quelle en est la conséquence sur la politique ? Avez-vous le sentiment que la campagne présidentielle est à la hauteur de ces changements ? Nord Éclair