Comment (et pourquoi) des hommes deviennent-ils des militants féministes?
Temps de lecture: 16 min Homme et féministe: pour certains, ce sont deux termes qui s’opposeraient presque, une alliance incongrue ou à tout le moins, un adjectif qui devrait être réservé aux femmes. Comment, alors que les féministes sont souvent taxées de «misandrie», et qu’elles n’ont pas toujours bonne presse, des hommes en viennent-ils à s’engager pour cette cause, voire même à militer activement dans des associations? Quelles raisons poussent donc ces garçons à surmonter les sarcasmes et à faire cette chose qui semble si peu logique à tant de gens au premier abord: se battre contre leurs propres privilèges? C’est l’objet d’un livre du chercheur Alban Jacquemart, intitulé «Les hommes dans les mouvements féministes. Socio-histoire d’un engagement improbable». Le féminisme aujourd’hui est très majoritairement une affaire de femmes. Pour l’année 2009, seuls 20 des 220 adhérents de la première association étaient de sexe masculin. Progressivement, un féminisme sans hommes ou presque
Zéromacho | des hommes engagés contre la prostitution et pour l’égalité
Mélanie Gourarier : «La masculinité contemporaine, c’est se gouverner soi-même pour mieux gouverner les autres»
Speed dating, coaching en séduction : pour sa thèse de doctorat, la jeune anthropologue Mélanie Gourarier a arpenté le terrain intime des recompositions masculines. Autour du mal-être et du déclin supposé du premier sexe, des consultants et coachs ont investi le champ de la séduction dispensant techniques de drague et recettes pour ego meurtri. La séduction, comme arme de reconquête du masculin ? Loin d’être anecdotique, ce coaching pour séducteurs montre que la «maison des hommes», cet entre-soi masculin qui entretient et renforce les hiérarchies sexuelles et de pouvoir, est loin d’avoir disparu. «Ce qui m’a frappée dans ce que j’appelle la communauté de la séduction, cette confrérie dont les membres sont hantés par le déclin du masculin et l’indifférenciation sexuelle, c’est justement l’absence de femmes, bien qu’elles soient au cœur de leurs discussions. «Cette cohésion des hommes assure doncla formation des masculinités, elle permet aussi et surtout de conserver l’ordre du genre.
Vasectomie, slip chauffant, pilule... Pourquoi la contraception masculine n'excite pas les hommes
Pierre Colin garde un souvenir précis de ces "groupes de parole" masculins, organisés pour discuter de leur corps, de leur fertilité et de leur rapport à la paternité. Il y avait, se souvient le septuagénaire, une nette "volonté d'assumer aussi la contraception". Venus des milieux féministes "et d'autres horizons", ces hommes "trouvaient tout naturel" d'avoir, eux aussi, leur pilule quotidienne. Ces réunions, pionnières en France, ont eu lieu dans le courant des années 1970, relate Pierre Colin. Pourquoi, plusieurs décennies plus tard et alors que diverses méthodes existent, la contraception masculine, hors préservatif, reste si marginale par rapport à la contraception féminine ? La vasectomie, une pratique peu réversible qui fait encore peur C'est une méthode autorisée et pratiquée depuis 2001. Ce moyen de contraception est en principe simple et accessible, et une opération restauratrice reste "possible" même si son résultat est "aléatoire", relève la HAS. Pourquoi si peu ?
Le monde de Marie. A Londres, des statues en haut d'une tour, au bord du vide, pour briser le tabou du suicide
C’est un spectacle étrange auquel assistent les habitants de Londres depuis lundi 26 mars au soir : des silhouettes sont apparues au sommet d’un immeuble au centre de la capitale britannique. Et les promeneurs ont eu le choc de leur vie. Imaginez. Au sommet d’une tour de bureaux, en l’occurrence, ceux de la chaine de télévision ITV, associée à l’opération, des statues. Des statues d’hommes, grandeur nature, habillés comme s’ils sortaient du bureau. Ils sont tout au bord, comme prêts à se jeter dans le vide. On my way to work today I posted this video on snapchat with the caption “is everything ok at the @itvstudios?” Pourquoi ce chiffre ? Cela fait onze ans que cette association se bat pour que les hommes parlent quand ils sont en dépression. Onze ans, peu de résultats, et des chiffres toujours aussi atroces.
La Journée Internationale de l’Homme est-elle le pendant nécessaire de celle des droits des femmes? | Ladies & gentlemen
C'est une manifestation plutôt discrète, en tout cas en France. Elle fait plus de bruit dans le monde anglo-saxon. Reste que, contrairement à ce que disent chaque année un certain nombre de détracteurs et détractrices du 8 mars, la Journée Internationale de l'Homme existe bel et bien. Depuis 1999, elle est célébrée chaque année le 19 novembre. C'était donc hier. Ses intentions sont louables. - promouvoir des rôles modèles masculins positifs, qui ne soient pas que des sportifs ou des stars de cinéma. - valoriser la contribution des hommes à la société. - promouvoir la santé et le bien-être des hommes dans toutes les dimensions de leur existence (physique, émotionnelle, sociale...). - dénoncer les discriminations de genre dont sont victimes les hommes et lutter contre les assignations sociales dont ils font l'objet. Seuls les deux derniers points des statuts de l'organisation qui coordonne la Journée Internationale de l'homme me paraissent parfaitement incontestables :
Francis Dupuis-Déri : «Les hommes sont en crise dès que les femmes avancent vers plus d’égalité et de liberté»
Qui a écrit : «Les femmes sont devenues si puissantes que notre indépendance est compromise à l’intérieur même de nos foyers, qu’elle est ridiculisée et foulée aux pieds en public» ? Non, pas Eric Zemmour, mais Caton l’Ancien, en 195 avant J.-C., alors que les Romaines se mobilisaient contre une loi leur interdisant de conduire des chars et de porter des vêtements colorés. Le polémiste réac, lui, constatait en 2006, dans son ouvrage le Premier Sexe, que «face à cette pression féminisante, indifférenciée et égalitariste, l’homme a perdu ses repères». Vingt-deux siècles n’ont donc pas suffi pour que l’homme, le pauvre, trouve sa place dans une société par trop féminisée. Comment cette crise de la masculinité se définit-elle à travers les âges ? C’est tout à fait cyclique, avec une intensification en période de crise politique ou économique. La crise de la masculinité, c’est donc avant tout une mécanique d’autodéfense pour la domination masculine ? Tout à fait.