Plus de notes : l’affaire de tous Quelles qu’en soient les justifications pédagogiques, la suppression des notes n’a guère de sens si ce n’est que le choix d’un enseignant. Ce collège en a fait une affaire collective, et cet article écrit à plusieurs voix en témoigne. En deux années scolaires, notre collège a connu une profonde métamorphose, du point de vue de la relation entre professeurs et élèves comme du point de vue des pratiques pédagogiques. C’est grâce à de nombreuses concertations et de la formation que nous avons vu nos pratiques changer. Tout cela n’est pas allé sans débat entre nous. Nous avons suivi des formations d’établissement, et mis en place des « professeurs ressources » ainsi que des groupes de réflexion. Ce projet ne pouvait pas se réaliser sans les parents. Que pense Florence Lavau, principale adjointe, du bulletin sans notes ? « Son élaboration a demandé beaucoup de concertation entre collègues et parents. Mais donnons la parole aux élèves, nos principaux destinataires de l’expérimentation :
La notation et l’évaluation des élèves : vers une révolution ? Analyse du rapport n°2013-072 (juillet 2013) de l’IGEN, « la notation et l’évaluation des élèves éclairées par des comparaisons internationales ». Ce rapport de l’IGEN éclaire parfaitement les enjeux et les logiques en œuvre actuellement en France dans les écoles et les collèges. Ces logiques sont en fait incohérentes entre les degrés d’enseignement et de plus en plus à l’intérieur des degrés mêmes. Les incohérences de l’évaluation à l’école primaire A l’école primaire, le premier constat est celui d’une « variété des dispositifs d’évaluation », avec une constante, la primauté des appréciations littérales. Les notes à l’école ont-elles disparu ? L’évaluation chiffrée est toujours présente en primaire, notamment au cycle 3. Cette idée est corroborée par certains parents d’élèves qui souhaitent que l’école prépare au collège et à la vie, sans en faire un lieu de compétition. Evaluer les compétences, pas simple… L’évaluation innovante au collège : un premier bilan des classes sans notes
Comment noter ? Les notes rythment la vie des élèves. Elles permettent le classement et la sélection mais finalement, mesurent-elles vraiment des acquis, dans le cadre de l'apprentissage scolaire ? Rien n'est moins sûr. Au mieux, elles mesurent des acquis partiels, souvent éphémères, mais leur fonction sociale va bien au-delà. Les notes décident du "passage" (dans la classe supérieure), de la réputation et de la position dans le groupe. On comprend alors que, devant tant de pouvoir, certains enseignants soient tentés de ne plus noter, ou du moins de bâtir des dispositifs améliorant l'objectivité de la notation. Les notes peuvent décider de toute une carrière. Le pouvoir des notes est tel que les enseignants eux-mêmes peuvent en faire les frais. La note est donc un objet dangereux. Cette semaine, Thot Cursus explore les mécanismes de notation et les dispositifs d'évauation qui tendent vers l'équité plus que vers la sélection. Photo : albertogp123, Flickr, cc Enseignants, vos élèves ne réussissent pas ?
L'évaluation pour apprendre, apprendre à évaluer - Les classes sans note Une tendance qui s'affirme La tendance des "classes sans note" apparaît de manière explicite dans la base nationale d'Expérithèque (actions déclarées et suivies par les CARDIE en académie) : les actions ou dispositifs centrés sur les modes d'évaluation des élèves (approche compétences ou encore "classes sans notes") se répartissent également entre innovation et article 34. L'inscription administrative n'est donc pas signifiante en elle-même ; elle est facteur souvent du contexte local et de l'autorisation que les acteurs se donnent à changer des routines que formellement rien n'impose, si ce n'est la conformité à des évaluations de sortie de cycle (ex. DNB ou Bac). La plupart s'inscrit dans le collège, en concernant une classe d'âge d'élèves finalement élevés à l'ère du Socle commun entré en vigueur dans le premier degré depuis plus de cinq ans. Une pratique collective et plus réflexive de l'évaluation Quelques exemples
J'aime pas mettre des notes Je corrige des copies de Terminales et évidemment, je cherche tous les prétextes pour faire une pause. C'est pas que je n'aime pas corriger des copies mais... en fait si, je n'aime pas du tout corriger des copies quand je sais que 1) je mets des notes qui ne vont pas faire plaisir 2) dont je reste persuadée que données à 10 autres collègues j'aurais eu 10 notes différentes, donc ça veut rien dire et 3) j'ai beau soigner mes commentaires, j'ai la nette impression que ça ne va pas servir à grand chose. Alors je regarde mes tweets, je papote, je raconte mes perles, tout ça. Et je décide de vous raconter comment je note. D'abord avant de corriger je bâtis ma grille de critères. Ne rêvez pas : cette grille n'est pas un barême. Alors comment je fais quand j'ai des questions ?
dial_148_supprimer_notes_college_c.thiriet.pdf La Classe sans notes … du côté des parents Pour en finir (ou presque) avec les notes - Évaluer par les compétences Devant les inconvénients maintes fois montrés des évaluations par la note, certains pays comme la Belgique tentent de passer à l’évaluation par les compétences.En France, à côté des livrets de maternelle et des évaluations nationales en CE2, 6e, 5e et seconde, des professeurs tentent de sortir un peu de notre système traditionnel dans une perspective d’évaluation formative. Un témoignage concret au collège en français, en sixième et cinquième. « - M’dame, c’est noté ? - Non, ce n’est pas noté, c’est évalué ! » Beaucoup d’élèves et leurs parents se comportent en consommateurs attendant une note comme on attend une rétribution : « tout travail mérite salaire »... L’institution néanmoins s’inquiète de la violence scolaire, nous apprend, à nous enseignants, qu’il faut combattre l’échec scolaire (comme on réduirait la « fracture sociale » ?) De quelques conséquences de l’abus des notes L’utilisation des notes chiffrées engendre des effets négatifs non négligeables. Une évaluation différenciée
Les notes, un débat durable – présentation du dossier #sansnotes Faut-il supprimer les notes à l’école ? Et par extension au collège et au lycée ? La question est posée par de nombreux acteurs du système éducatif, et agite régulièrement la sphère médiatique. C’est d’ailleurs un sondage, organisé par le SE-Unsa auprès d’enseignants de tous niveaux, qui a lancé la polémique scolaire de la rentrée. Serpent de mer diront certains, le débat existait déjà en 1968. Dans notre sondage, à la question posée sur le rôle des notes dans les évaluations scolaires, il apparaît donc que près de 40% des collègues ayant répondu se disent près à leur abandon, et où seuls 31% s’y opposent. Moins médiatisé, mais tout aussi intéressant, le sondage a mis aussi en avant la forte volonté des enseignants à redéfinir les contenus du socle (77%), à mettre à disposition des équipes des outils pédagogiques adaptables, pour suivre les acquis des élèves (74%), ainsi que des banques d’outils pour travailler par compétences (85%). Présentation du dossier Like this: J'aime chargement…
Pourquoi et comment évaluer par compétences L’évaluation par compétences est à la mode dans les salons du ministère de l’Éducation Nationale depuis plusieurs années. Différentes annonces récentes, sur la mise en place d’une Conférence nationale sur l’évaluation des élèves, ou sur l’instauration d’un nouveau socle commun de connaissances au collège, confirment cette tendance.] Dans la pratique pourtant, les choses changent peu. Si en Primaire, les enseignants évaluent souvent par compétences, particulièrement dans leurs bilans trimestriels, ce système est souvent jugé puéril et inadapté au secondaire, où le mode d’évaluation quasi exclusif reste la traditionnelle note sur 20. Quoiqu’on pense de ces consignes ministérielles, et de leur application véritable sur le terrain, elles ont objectivement plongé des équipes du secondaire dans une réflexion sur les compétences. Mon déroulement de carrière m’a fait passer par trois établissements successifs où j’ai, à chaque fois de façon isolée au départ, mis en place cette pratique.
Claude Vidon (proviseur du lycée Corbon à Paris) : "Abandonner les notes, ce n’est pas perdre du pouvoir" Propos recueillis par Emmanuel Vaillant | Publié le , mis à jour le Qu’est-ce qui vous a amené à lancer une expérimentation d’un premier semestre sans note ? La note fait rentrer dans un système de compétition où nos élèves sont déjà stigmatisés. Nous sommes partis d’un constat : nombre d’élèves de seconde arrivent au lycée en étant cassés, en souffrance. En quoi le fait de supprimer les notes favoriserait le rapport à l’école ? Si on enlève la note, il reste l’essentiel : la réponse à la question "qu’est-ce que je suis venu faire pendant une heure dans une classe" ? Concrètement, comment ce projet est-il mis en œuvre ? Dans le cadre du lycée professionnel, c’est assez simple car les enseignants sont déjà guidés par des référentiels de compétences. Ce projet a-t-il été facilement accepté par les enseignants ? Un tel projet ne serait pas envisageable sans une implication forte de toute l’équipe pédagogique du lycée. Comme toute innovation, c’est un projet qui a été mûri au fil des années.