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Théorie du genre : ce qui froisse les réacs

Théorie du genre : ce qui froisse les réacs
Voici peu, "on ne naît pas femme, on le devient", la cinglante formule de Simone de Beauvoir dénonçant le poids de la société dans la construction de nos identités, faisait consensus sur notre échiquier politique. La cause de l'égalité entre les sexes, de la lutte contre ce conditionnement, semblait entendue. Semblait, car une "nouvelle" droite, celle des irréductibles opposants au mariage gay, prétend aujourd'hui y voir un odieux complot. Elle l'a baptisé "théorie du genre" et clame haut et fort son absolue croyance en un éternel féminin et un éternel masculin. Ce complot, disent ces "anti", est ourdi par les militants homosexuels, trans, queer et autres ultraféministes qui instillent leurs idées perverses et contre nature jusque dans les rapports gouvernementaux, les manuels scolaires et même bientôt, horreur, dans les petites têtes innocentes de nos enfants. Garçons et dînette Et ils cognent ! Stéréotypes sexués Il faut regarder du côté des instances religieuses. Différences biologiques

«On en a assez que les princes ne fassent rien» Placardée sur l’un des murs, une affiche donne le ton de la séance : «Filles/Garçons : cassons les clichés !» Dans la classe de CE1 de l’école polyvalente de la rue de Lancry à Paris (Xe arrondissement), c’est l’heure de la lecture commentée d’un album. Aujourd’hui, c’est Marre du rose. Omar tempère : «Des fois, les garçons, ils jouent à la corde à sauter…» Saja ajoute que son père lui raccommode parfois ses affaires. Combattre les clichés, les comportements sexistes et les inégalités garçons-filles dès l’école primaire, c’est l’objectif de l’Education nationale et du ministère des Droits des femmes, qui frappent un grand coup en expérimentant, dans une dizaine d’académies, «les ABCD de l’égalité», des ateliers visant à déconstruire les «stéréotypes de genre», de la maternelle au CM2. Carnaval. «Carcan». Si Isabelle Cabat-Houssais est la seule dans son école à introduire le genre dans ses leçons, son initiative n’est pas isolée. Pas de quoi effrayer Isabelle Cabat-Houssais.

Masculin-féminin : cinq idées reçues sur les études de genre L'opposition au mariage pour tous a ravivé un débat lancé en 2011 par l'introduction de la notion de genre dans les manuels de SVT. Ses détracteurs parlent de la "théorie du genre". En protestant contre la loi autorisant le mariage aux personnes de même sexe, les membres de la "Manif pour tous" ont également ravivé la polémique sur le genre. Ces inquiétudes avaient déjà agité les milieux catholiques en 2011, lorsque le ministère de l'éducation avait annoncé l'introduction du concept de genre dans certains manuels scolaires. Loin d'être une idéologie unifiée, le genre est avant tout un outil conceptuel utilisé par des chercheurs qui travaillent sur les rapports entre hommes et femmes. Le genre est-il une théorie ? Pour parler du genre, ses détracteurs utilisent l'expression "théorie du genre" plutôt qu'"étude", un changement de terme qui a pour objectif de semer le doute sur son aspect scientifique. Le genre est-il une idéologie ? "Le genre est un concept.

Les hommes et les femmes ont-ils des cerveaux différents ? "Il est impossible de deviner, en regardant un cerveau adulte, s'il appartient à un homme ou une femme", explique la neurobiologiste Catherine Vidal. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Propos recueillis par Lucie Soullier En distinguant l'identité sexuelle du sexe biologique, les études de genre affirment que la nature ne suffit pas à faire des hommes et des femmes. Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherche à l'Institut Pasteur a travaillé sur la plasticité du cerveau. Le cerveau du fœtus se forme-t-il différemment, au cours de la grossesse, selon que l'enfant à naître est une fille ou un garçon ? Catherine Vidal : Non, il n'y a pas de différence anatomique entre les cerveaux des fœtus filles et garçons. La seule différence que l'on peut relever concerne le contrôle des fonctions physiologiques de la reproduction. Le cerveau continue donc de se former après la naissance de l'enfant ? En grande partie, oui. C'est donc la socialisation qui forge nos cerveaux ? Absolument pas.

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