Conférence Michel Serres : l'innovation et le numérique Michel Serres, de l'Académie française, a prononcé le 29 janvier 2013 la conférence inaugurale du Programme Paris Nouveaux Mondes, l'Initiative d'excellence du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur "hautes études, Sorbonne, arts et métiers"(Pres héSam). Cette conférence, sur le thème "l'innovation et le numérique", marque le lancement officiel du Programme. La révolution numérique en cours aura selon Michel Serres des effets au moins aussi considérables qu'en leur temps l'invention de l'écriture puis celle de l'imprimerie. Les notions de temps et d'espace en sont totalement transformées. Michel Serres a souligné que l'écart entre les pratiques nouvelles nées de la diffusion généralisée, dès le plus jeune âge, du numérique et celles des organisations instituées à une époque où l'humanité vivait autrement, est devenu considérable. Le site web du Pres héSam
« Les jeunes doivent tout réinventer » Michel Serres Michel Serres est né en 1930. Diplômé de l'Ecole navale et de Normale sup, il a enseigné (l'histoire des sciences) à Paris I et à Stanford (USA). Académicien, son œuvre littéraire est foisonnante. Parmi ses derniers ouvrages, épinglons « Temps des crises » (2009) et « Biogée » (2010), édités par Le Pommier. A 82 ans, Michel Serres, qui enseigne toujours aux Etats-Unis, à la Standford University, a vu défiler de nombreuses générations d'étudiants. Nos sociétés ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. Comme les précédentes, cette révolution est tout aussi décisive et s'accompagne elle aussi de mutations politiques, sociales et cognitives. Si le vieux monde est vraiment derrière elle, Petite Poucette va devoir réinventer des institutions, une manière de vivre ensemble, une manière d'être… Elle a sur les épaules beaucoup de difficultés, c'est évident. Mais sous nos latitudes, la force d'inertie demeure pesante.
Les nouvelles technologies : révolution culturelle et cognitive Conférence de Michel Serres © Inria / Photo J.-M. Ramès Publié le : 20/12/2007 Niveau facile Niveau 1 : Facile « Les nouvelles technologies nous ont condamnés à devenir intelligents ! Le 11 décembre 2007, à l’occasion des 40 ans de l’Inria, Michel Serres a donné une conférence sur la révolution culturelle et cognitive engendrée par les nouvelles technologies. Le philosophe donne rapidement le ton et invite son auditoire à prendre conscience de la révolution cognitive générée par la révolution de l’information. Voir la vidéo (1 h 04 min) : Alternative : écouter la conférence en MP3 : Newsletter Recevez chaque mois une sélection d'articles Aidez-nous à évaluer le niveau de lecture de ce document. Votre choix a été pris en compte. Michel Serres Philosophe et historien des sciences, académicien. Voir le profil
Les nouvelles technologies : révolution culturelle et cognitive Conférence de Michel Serres © Inria / Photo J.-M. Ramès Publié le : 20/12/2007 Niveau intermédiaire Niveau 2 : Intermédiaire « Les nouvelles technologies nous ont condamnés à devenir intelligents ! Le 11 décembre 2007, à l’occasion des 40 ans de l’Inria, Michel Serres a donné une conférence sur la révolution culturelle et cognitive engendrée par les nouvelles technologies. Le philosophe donne rapidement le ton et invite son auditoire à prendre conscience de la révolution cognitive générée par la révolution de l’information. Voir la vidéo (1 h 04 min) : Alternative : écouter la conférence en MP3 : Newsletter Le responsable de ce traitement est Inria, en saisissant votre adresse mail, vous consentez à recevoir chaque mois une sélection d'articles. Aidez-nous à évaluer le niveau de lecture de ce document. Votre choix a été pris en compte. Michel Serres Philosophe et historien des sciences, académicien. Voir le profil
Petite Poucette, la génération mutante Michel Serres, diplômé de l’Ecole navale et de Normale Sup, a visité le monde avant de l’expliquer à des générations d’étudiants. Historien des sciences et agrégé de philosophie, ancien compagnon de Michel Foucault, avec qui il a créé le Centre universitaire expérimental de Vincennes en 1968, il a suivi René Girard aux Etats-Unis, où il enseigne toujours, à plus de 80 ans. Ce prof baroudeur, académicien pas tout à fait comme les autres, scrute les transformations du monde et des hommes de son œil bleu et bienveillant. Vous annoncez qu’un «nouvel humain» est né. Je le baptise Petite Poucette, pour sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux grandes révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Cette mutation, quand a-t-elle commencé ? Pour moi, le grand tournant se situe dans les années 1965-1975, avec la coupure paysanne, quand la nature, notre mère, est devenue notre fille. Cela vaut pour tous les domaines.
ENTRETIEN MichelSerres Liberation Michel Serres, l'utopiste-réaliste Michel Serres, le philosophe utopiste-réaliste Pourquoi avoir titré votre dernier essai Petite Poucette ? En référence à cette jeunesse qui écrit autrement et qui envoie des SMS (1) avec les deux pouces, plus rapidement que je ne saurai jamais le faire avec mes doigts gourds ! J’ai baptisé, avec infiniment de tendresse, cette fille et ce garçon : Petite Poucette et Petit Poucet. Vous les présentez même comme des nouveaux humains ? Il ou elle n’habite plus à la campagne – en 1900, la majorité des humains travaillait la terre et vivait aux champs. Cette génération a-t-elle des leçons à tirer d’autrefois ? Nous avons toujours des leçons à tirer d’autrefois ! Dans ces nouveaux cadres, avec le téléphone cellulaire, Internet, le GPS, quelles connaissances les enseignants doivent-ils posséder ? Ils doivent, plus que tout, savoir à qui ils s’adressent : « Qui est la personne que je veux enseigner ? Comment parfaitement le connaître ? Totalement ! Vous en voulez également aux médias… Michel Serres
Michel Serres : « l’avenir s’annonce bien » Propos recueillis par Isabelle Spaak | 08 Janv. 2013, 15h45 | MAJ : 09 Janv. 2013, 16h06 Pour donner corps à la génération née avec la révolution numérique, le philosophe Michel Serres a imaginé dans son nouveau livre une jeune femme baptisée « Petite Poucette », en référence aux deux pouces qu’elle utilise pour écrire des messages sur son téléphone portable. Elle a une trentaine d’années, et dirigera le monde de demain. Un monde qui, d’après l’académicien de 82 ans, donne toutes les raisons d’espérer… Malgré la crise et les chiffres du chômage, vous affichez un optimisme jubilatoire… Mais vous savez, il y a aussi de bonnes nouvelles ! Il suffit de consulter n’importe quel livre d’histoire pour constater qu’une crise de ce genre débouche automatiquement sur une guerre. Et cette fois, ce ne fut pas le cas. Quel est ce nouveau monde que vous évoquez ? Depuis quarante ans, j’enseigne dans la Silicon Valley, aux Etats-Unis. C’est une femme, évidemment. Trop d’informations ? Suis-je optimiste ?
Michel Serres : " La société préfère son argent à ses enfants " « La campagne est en complet décalage avec ce que l'on vit » Le philosophe Michel Serres est le dernier invité de notre série de témoins de la présidentielle. Il explique, ici, en quoi cette campagne est très en décalage par rapport aux grandes évolutions de nos sociétés. Interview. PROPOS RECUEILLIS PAR ERWAN GUÉHO > erwan.gueho@nordeclair.fr Qui est cette Petite Poucette dont vous avez fait le titre de votre nouveau livre (1) ? >> Cette Petite Poucette, ce serait, disons, ma petite fille ou mes étudiants actuels. À quand faites-vous remonter le grand virage de notre société ? Et tout cela est lié aux nouvelles technologies ? Quelles sont les conséquences de la révolution numérique sur notre société ? Quelle en est la conséquence sur la politique ? Avez-vous le sentiment que la campagne présidentielle est à la hauteur de ces changements ? Nord Éclair
Michel Serres : bienvenue à l'homme nouveau Le Point : Enfant d'Internet et du téléphone mobile, Petite Poucette - le surnom que vous donnez à la nouvelle génération - vit dans un monde radicalement différent de celui qu'ont connu ses grands-parents. Appartient-elle encore à la famille d'"homo sapiens" ou assistons-nous à la naissance d'un nouvel humain ? Michel Serres : Nouvel humain, n'exagérons pas ! La mutation en cours n'est pas tout à fait comparable à celle qui nous a fait passer à la station debout. C'est peut-être pour cela qu'ils se marient moins... Bien entendu ! Diderot ne se posait pas cette question quand il écrivait à Sophie Volland. La formule est un peu sévère ! L'optimisme n'exclut pas la lucidité. Je ne vais pas me lamenter parce que les relations entre élèves et professeurs ne sont pas les mêmes qu'il y a quarante ans ! Connaît-on un domaine parce qu'on a lu une fiche Wikipédia ? Savez-vous qu'il y a un peu moins d'erreurs dans Wikipédia que dans l'Encyclopædia Universalis ? C'est une question décisive. Repères
Michel Serres : "Nous sommes face à une renaissance de l’humanité" Parler de demain, n’est-ce pas avant tout savoir décrire le monde d’aujourd’hui ? Seule Madame Soleil peut décrire le monde de demain. D’ailleurs, si vous consultez des personnes qui font de la prospective, cela devient vite tout à fait comique : ils se trompent à chaque coup… Forcément. Comment doit-on alors s’y prendre pour évoquer l’avenir ? La question pertinente est : qu’y a-t-il de nouveau aujourd’hui ? Dérangez-nous encore une fois. L’avènement de Petite Poucette. Poucette est donc celle qui crée le monde nouveau. Rien de moins. Pour Petite Poucette, la question de savoir dans quelle ville elle habite et travaille et à quelle communauté elle appartient a-t-elle un sens ? C’est une vraie question, sur laquelle j’ai beaucoup travaillé. Vous dites qu’une nouvelle humanité commence. Nous sommes à un moment qui ressemble à la Renaissance. Tout simplement, dites-vous. Oui, mais c’est enthousiasmant d’avoir un monde nouveau à fabriquer. L’Atlas du monde de demain
Petite Poucette, la génération mutante Michel Serres, diplômé de l’Ecole navale et de Normale Sup, a visité le monde avant de l’expliquer à des générations d’étudiants. Historien des sciences et agrégé de philosophie, ancien compagnon de Michel Foucault, avec qui il a créé le Centre universitaire expérimental de Vincennes en 1968, il a suivi René Girard aux Etats-Unis, où il enseigne toujours, à plus de 80 ans. Ce prof baroudeur, académicien pas tout à fait comme les autres, scrute les transformations du monde et des hommes de son œil bleu et bienveillant. Vous annoncez qu’un «nouvel humain» est né. Je le baptise Petite Poucette , pour sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux grandes révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Cette mutation, quand a-t-elle commencé ? Pour moi, le grand tournant se situe dans les années 1965-1975, avec la coupure paysanne, quand la nature, notre mère, est devenue notre fille. Cela vaut pour tous les domaines.