La philosophie du gouvernail Taxer de « populiste » le référendum proposé aux Grecs, c'est s'assoir sur un principe clé de la démocratie, la représentation. Une nouvelle chronique de Jean-Paul Jouary. Si nous avons un prince, c’est afin qu’il nous préserve d’avoir un maître. - Pline l’Ancien La planète a échappé à un scandale : un peuple d’Europe a failli être consulté sur l’avenir de ses salaires, de ses services publics, de son économie, de tout ce qui fait sa vie. Combien de fois des gouvernants élus ont-ils manifesté leur mépris pour les « porteurs de pancartes » et autres manifestants ou grévistes, clamant haut et fort que la politique ne se décide pas dans la rue mais seulement parmi ceux que les citoyens ont élus ? En même temps, en un autre sens, ce raisonnement peut apparaître très contestable, et relever du pur sophisme. Représenter, c’est rendre présent ce qui est absent, comme s’il était effectivement présent. Or gouverner c’est tenir le gouvernail, et diriger c’est définir une direction, un cap.
Sortir de la « guerre contre la drogue », par Maurice Lemoine (Le Monde diplomatique, janvier 2015) Longtemps « coke » et « ultraviolence » ont eu pour synonyme « Colombie ». Les temps ont changé. Le pays où la drogue déchaîne une folie meurtrière s’appelle aujourd’hui Mexique. L’écrivain et journaliste italien Roberto Saviano, menacé de mort par la Mafia et vivant sous protection policière depuis la publication de Gomorra (1), y a poursuivi son travail sur le crime organisé (2). A propos de cette nouvelle enquête, on pourrait presque parler d’un « Who’s who » des parrains et cartels qui gèrent la production de la cocaïne, de l’héroïne, de la marijuana..., en contrôlent les prix et la distribution, en encaissent les profits. Avec ses vedettes — Pablo Escobar, M. Saviano, partagé entre répulsion et fascination, a une approche de ce monde souterrain qu’on peut trouver discutable. Dans une tout autre démarche, l’ouvrage de Johann Hari (3) tente de répondre à un certain nombre de questions : « Pourquoi la “guerre contre la drogue” a-t-elle commencé ?
Lettre d'une pigiste perdue dans l'enfer syrien Ce texte sur son expérience syrienne a été publié le 1er juillet 2013, sur le site de la 'Columbia Journalism Review', par Francesca Borri, journaliste indépendante italienne, par ailleurs auteur d'un livre sur le Kosovo et d'un autre sur les rapports entre Israéliens et Palestiniens intitulé 'Quelqu'un avec qui parler' (Manifestolibri, 2010). Il a suscité de très nombreuses réactions, auxquelles Francesca Borri a elle-même répondu sur le site du 'Guardian'. Il nous a semblé qu'il méritait d'être traduit en français. Il m’a finalement écrit. Voilà plus d’un an que je lui envoie des articles à la pige. Pour lui, j’ai attrapé la typhoïde et reçu une balle dans le genou. Le même jour, dans la soirée, j’ai retrouvé le camp rebelle où je vivais, au beau milieu de cet enfer qui s’appelle Alep, et dans la poussière et la faim et la peur, j’ai espéré trouver un ami, un mot compatissant, un geste tendre. Donc, plutôt que de minimiser les risques, vous finissez par les maximiser. Francesca Borri
Comment votre mentalité vous empêche de dépasser vos limites Article rédigé Jean Riviere, voyageur à plein temps qui vit de ses sites web depuis 2003, et auteur du guide Travaillez en Slip ». Crédit photo@: danorbit La plupart des gens se trompent quand ils essayent de dépasser leur limites, et voici pourquoi. Si vous essayez de booster vos résultats, d’augmenter le chiffre d’affaires de votre entreprise, de convaincre votre DRH de vous permettre d’évoluer, ou même d’améliorer vos performances sportives ou scolaires… l’obstacle n’est pas forcément celui que vous croyez. Et voici pourquoi. Avant le 6 mai 1954, les coureurs pensaient qu’il était physiquement impossible de battre le record d’un mille en 4 minutes (environ 1,6 km). Or, le 6 mai 1954, Roger Bannister a battu le record. Un autre exemple ? Le problème ? Du coup, parce qu’il était convaincu d’avoir une intelligence médiocre, les résultats de son premier semestre étaient catastrophiques. La conséquence ? La limite n’était pas intellectuelle : elle était mentale.
Au nom du peuple. J-C. Michéa réécrit l'histoire Les livres de Jean-Claude Michéa connaissent un succès notable et qui va croissant. Il faut s'interroger sur les raisons d'une telle réception, surtout lorsqu'elle concerne (aussi) des lecteurs qui se situent à gauche, voire à la gauche de la gauche, alors que Michéa dénonce avant tout la gauche en général et l'extrême gauche en particulier. S’interroger et critiquer : c’est ce à quoi s’emploie ici Isabelle Garo dans une lecture de plusieurs ouvrages, de L’Empire du moindre mal au Complexe d’Orphée. Les livres de Michéa connaissent un fort succès, qui va croissant depuis le milieu des années 1990 (son premier livre, Orwell, anarchiste tory, date de 1995). Michéa auto-entrepreneur en grands récits De prime abord, on conçoit bien qu'un retour critique sur l’histoire de la gauche suscite l'intérêt, notamment à gauche. Michéa renonce à la gauche (après mûre réflexion) Il s'y manifeste ce qu’on savait déjà : que le mot de peuple a depuis longtemps plusieurs sens et bien des usages politiques.
Je t’accueille, tu m’accueilles, il t’accueille – Surtout, ne venez pas comme vous êtes | Toi ici là, moi ici là Gérard veut refaire sa pièce d’identité. Il se déplace à la mairie, on lui dit que c’est en préfecture de police maintenant. Il va au commissariat, c’est pas là du tout, monsieur, c’est en pré-fec-tu-re de police, voyons. Et de toute façon il faut prendre rendez-vous sur internet Monsieur. Sur quoi? Mina veut s’inscrire à Pôle Emploi. Jamel est admis à l’hôpital psychiatrique (voir ici pour l’histoire). Fouad veut ouvrir son contrat EDF, il vient d’emménager dans son nouveau logement. Jisvar se présente dans un centre d’hébergement où il a finalement obtenu une place. Michel aimerait changer de Centre médico-psychologique (CMP), pour qu’il puisse aller voir le psychiatre qui lui prescrit son traitement sans traverser toute la ville. Et aussi… Marcin, qui fait le 115 des dizaines de fois avant d’avoir quelqu’un au bout du fil, puis avant d’avoir une place pour une nuit peut-être. Je crois que je suis d’accord.
Survivre dans son appart… – David Manise : survie, protection personnelle, secourisme Concrètement, dans l’histoire de notre civilisation, beaucoup, beaucoup plus de gens sont morts chez eux que dans la jungle ou au fond d’une crevasse. Que ça soit pendant la canicule, en 2003, ou suite à une catastrophe industrielle, ou à cause d’un hiver plus rigoureux que prévu… Lorsqu’on parle de survie urbaine, on parle bien évidemment de self-protection, mais ça englobe très largement tout ça : comment faire pour se passer des services publics, chez soi, pendant une période plus ou moins longue ? Ayant grandi au Québec, j’ai souvent, souvent vu le scénario tout simple de la panne d’électricité prolongée, en hiver… je me rappelle d’un hiver, qu’on évoque encore comme l’hiver « de la tempête du siècle »… une masse d’air venue de l’arctique avait déferlé sur le Québec, avec des températures de l’ordre de -45°C et des vents de 100, 120, 140km/h. Hallucinant, vu d’ici… pourtant je garde un excellent souvenir de cette semaine là. Quelques principes de base : 2) Stocker… progressivement.
La paix de la société allemande a été achetée par le silence des femmes J’ai rencontré Rita Kimmel il y a quelques années pour un sujet qui me fascine parce qu’il raconte beaucoup sur la société allemande, l’image des femmes et les rapports entre les sexes. Accrochez-vous mes agneaux, car ce n’est pas vraiment un conte de Noël, mais c’est ma modeste contribution à l’année 2015 qui marquera les 70 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Quand je vois des femmes de mon âge, je me demande toujours ce qu’elles ont vécu durant la guerre. » Crinière rousse et ongles soigneusement manucurés, Rita Kimmer, 71 ans, a les traits lisses et le regard inquiet. On estime que près de deux millions d’Allemandes ont été violées par les Soviétiques entre janvier 1945, lorsque l’Armée rouge entre dans le pays, et juillet 1945, quand les Alliés se partagent le Reich. Les viols massifs restent tabous Cet épisode est bien connu des historiens, mais n’a jamais été évoqué publiquement par aucun politique allemand. Printemps 1943 : les combats font rage sur le front Est.
Trayvon Martin et ses soeurs | CHRONIK D'UN NÈGRE INVERTI Voilà plus d’une semaine que Georges Zimmerman, meurtrier de Trayvon Martin, a été acquitté. Aujourd’hui, malgré un soutien total aux mobilisations réclamant que justice lui soit rendue, je ne peux m’empêcher d’être amer quant à la problématique plus générale des (non) mobilisations autour des victimes noires du système judiciaire américain. Le fait qu’il y a plus d’hommes noirs incarcérés que de femmes noires (ce qui correspond au fait qu’il y a plus d’hommes incarcérés que de femmes, quels qu’ils soient), et que les hommes noirs sont disproportionnellement concernés par les violences policières ou meurtres d’un quidam qui "a senti qu’il devait se défendre", ne doit pas justifier ce manque de visibilité des femmes noires sur ces sujets. Autrement dit, elles sont sûrement moins touchées, mais ne même pas prêter attention à elles quand de telles choses leur arrive, c’est une 2e violence. La légitime défense à géométrie variable L’indignation circonstancielle L’indignation limitée Conclusion
Les carnivores – David Manise : survie, protection personnelle, secourisme J’aime diviser le monde un peu en catégories simplistes… C’est pas très sympa mais je me rends compte que bien souvent ces trucs simplistes ne sont pas entièrement faux, et souvent fort utiles pour se faire une idée sommaire des gens qui nous entourent. Dans ce sens, j’établis une typologie claire entre 4 types de personnes : les parasites, les herbivores, les carnivores, et les prédateurs sadiques. Pourquoi catégoriser les gens aussi simplement ? Le but n’est pas de juger les gens ou de baser ses relations interpersonnelles uniquement là-dessus, mais bien de pouvoir repérer rapidement les sources d’emmerdes potentielles dans la vie de tous les jours, dans une optique de protection personnelle, et de conscience de son environnement. Quand on se pointe dans un lieu public, par exemple, il peut être bon de savoir repérer rapidement les herbivores, les carnivores, et les prédateurs potentiels… et ainsi d’adapter son niveau de vigilance en fonction de la situation.