Réchauffement climatique : l'avenir n'a pas besoin de nous ! LE MONDE | • Mis à jour le | Par Jean-Pierre Dupuy (Philosophe, professeur à l'université de Stanford, Etats-Unis) Pendant que la France se livrait à l'un de ses psychodrames politiques favoris, de mauvaises nouvelles nous arrivaient du Japon. Elles concernaient l'avenir du monde, certes peu de chose en regard du remaniement de l'exécutif hexagonal. Réuni à Yokohama, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) préparait son nouveau rapport et laissait filtrer ce qu'en seront les grandes lignes. Lire : Réchauffement : une révolution économique est nécessaire Lire : le troisième volet du rapport du GIEC sur l'atténuation du changement climatique >> Relisez nos articles sur le premier et le second volet du 5ème rapport du GIEC Nous devrions nous y habituer : chaque fois, les nouvelles évaluations sont pires que le pire des scénarios précédents. Je voudrais suggérer une réponse, rarement avancée. notre carte des impacts du réchauffement climatique
Internet : fragmentation faute de diversité ? par Bernard Lietaer Bernard Lietaer, Cerisy, Colloque « Apprivoiser l'argent aujourd'hui », octobre 2013. Cliché Dom Lacroix Ingénieur système et économiste, spécialiste des monnaies complémentaires, Bernard Lietaer compare Internet à une monnaie, l'un comme l'autre étant des systèmes de flux complexes. À ce titre, il craint qu'une fragmentation ne survienne dans le réseau de réseaux, entraînant pour l'ensemble de l'humanité une perte de valeur. Entretien de Bernard Lietaer avec Dominique Lacroix, Paris, 22 octobre 2013. La 4e mutation monétaire de l'humanité (Séquence vidéo 1) Quelle est votre vision de la Révolution numérique ? Bernard Lietaer : La Révolution numérique est en train de lancer la quatrième mutation de l'évolution monétaire de l'humanité. La première évolution, c'est avec les « monnaies-marchandises », sans standard de valeur, c'est-à-dire avant qu'il y ait ce que nous appelons maintenant une monnaie. Les choses ont changé lorsque l'écriture a été introduite. (Séquence vidéo 2) En savoir plus
Thierry Gaudin : « La vraie Renaissance démarrera après 40 ans de restructuration autoritaire » TG : Ma première réaction : la démographie. Il faut avoir en tête la courbe du Moyen-âge. Entre 1100 et 1300, la population européenne triple, jusqu'à 40 habitants au km2, grâce à d'importants progrès techniques : les socs de charrue en fer, la sélection des semences, les premières proto-usines utilisant l'énergie hydraulique (moulins), etc. Le gouvernail arrière arrive de Chine – on le voit la première fois en 1242 dans les villes de la Ligue hanséatique, mais c'est le Portufais Henri le Navigateur qui va généraliser son usage sur les Caravelles, depuis l'Algarve, d'où sortiront Vasco de Gama, Christophe Colomb et compagnie – dans l'idée de la traversée transatlantique. Jean Guimpel décrit tout ça fort bien dans « La révolution industrielle au Moyen-âge » (Seuil, 2002).
Vivons-nous une nouvelle Renaissance? Patrice van Eersel On peut s’amuser à la poser à l’envers : si nous remontions le temps avec une caméra, pour aller interviewer des Italiens ou des Flamands de la fin du xve siècle, comment définiraient-ils leur Renaissance ? Sans doute seraient-ils bien embarrassés. Ce mot, rinascita en italien, ne désignait alors, pour une élite, que la redécouverte des lettres et des arts de l’Antiquité et pas du tout le bouleversement général qu’allaient provoquer l’invention de l’imprimerie, la découverte de l’Amérique ou, bientôt, la révolution cosmologique de Copernic. Et par-dessus tout cela, ou par en dessous, l’émergence du projet radical de la liberté individuelle. Les parallèles avec notre temps sont tentants. Internet amplifie les communications humaines comme jadis l’imprimerie, mais de façon exponentielle. • des moyens de communication qui télescopent l’espace-temps ; • un basculement géopolitique qui remodèle la planète ; • une mondialisation inexorable et encore dissymétrique ;
LA STRATÉGIE DU CHOC, par Cédric Chevalier Billet invité Dans ma réflexion (permanente) sur l’époque que nous vivons, j’ai le pressentiment assez clair que nous allons traverser, que nous traversons déjà, une des zones de turbulence les plus critiques de l’histoire de l’humanité. Si je n’étais pas si réservé dans mes propos, je parlerais même d’une conviction car la conjonction de toutes mes connaissances pointe massivement vers ce futur/présent turbulent. Concrètement, je suis fort convaincu que le régime socio-technique actuel, pour utiliser un terme de théorie de la transition, ne peut en aucun cas se maintenir à moyen et à long terme. Je ne vois à l’heure actuelle aucune force majeure à l’oeuvre capable d’éviter ce scénario. C’est là que je voudrais préciser ce que j’entends par « ce scénario ». Car je veux relativiser « la fin du monde » que certains pourraient assimiler à « ce scénario ». 1) L’espèce humaine n’a pas les moyens techniques de détruire la planète en tant que corps céleste en orbite autour du soleil ;
René Passet : « Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître » - Changement de civilisation Basta ! : Notre manière de penser l’économie dépend de notre perception du monde. Et varie totalement en fonction des époques et du progrès technique. René Passet [1] : Ceux qui voient le monde comme une mécanique, une horloge, ne considèrent pas l’économie de la même façon que ceux qui le voient comme un système énergétique qui se dégrade. Peu à peu la rationalité l’emporte, et la science se laïcise. Avec la machine à vapeur apparaît une nouvelle représentation du monde... En 1824, le physicien Sadi Carnot découvre les lois de la thermodynamique : le principe de conservation et le principe de dégradation. Ce passage d’une représentation mécanique du monde à la société énergétique a-t-il un impact sur la vie des idées ? Le mouvement des idées part alors dans trois directions. Vient ensuite le temps de l’immatériel et de l’information... La société énergétique, celle de la grande industrie, fonctionne par l’accumulation de capitaux et le développement du secteur financier et bancaire.
Jeremy Rifkin : “Ce qui a permis le succès inouï du capitalisme va se retourner contre lui” Il y a vingt-cinq ans, c'était la star du ring, le « boss », vainqueur du communisme par K-O ! Aujourd'hui, le capitalisme est un champion usé par la crise, miné par les contradictions et politiquement à bout de souffle. Pour l'économiste américain Jeremy Rifkin, nous assistons, tout simplement, à son éclipse. Dans un livre passionnant – La Nouvelle Société du coût marginal zéro – en librairie le 24 septembre 2014, il raconte le basculement, inévitable, que nous avons déjà commencé à opérer vers un nouveau système de production et de consommation : les « communaux collaboratifs ». Cette troisième voie (au-delà du sempiternel binôme « capitalisme ou socialisme ») est une forme d'organisation sociale fondée sur l'intérêt de la communauté plutôt que sur la seule satisfaction des désirs individuels, et rendue possible par la troisième révolution industrielle, dans laquelle Internet nous a fait entrer. Qu'est ce qui provoque ce changement de paradigme ? C'est pourtant ce qu'il se passe ?
Jeremy Rifkin, l’Internet des objets et la société des Barbapapa On savait depuis son livre sur la troisième révolution industrielle, mais cela se confirme avec son dernier livre (« La société du coût marginal zéro ») que Jeremy Rifkin envisageait l’avenir radieux de la production et de la consommation d’objets de sa future société d’hyper abondance sur le mode de « l’Internet des objets » : des imprimantes 3D partout, permettant à chacun de produire à domicile ou dans de micro-unités d’innombrables objets matériels de la vie quotidienne, jusqu’à des « voitures imprimées », en étant guidé par des programmes en ligne (logiciels gratuits), moyennant divers matériaux de base, plastiques souvent, mais aussi « ordures, papier recyclé, plastique recyclé, métaux recyclés.. » (voir ce court entretien). On a depuis longtemps L’INTERNET DE L’INFORMATION, mais deux autres grands réseaux viendraient s’y connecter pour former le système de production du futur. Cette plasticité infinie des objets et des formes ne vous rappelle rien ?
Internet et le capitalisme: le paradis selon Rifkin, l'enfer pour Attali La salle était archi-comble. Le sujet était délibérément polémique: internet va-t-il tuer le capitalisme? Et les intervenants prestigieux. Jeremy Rifkin lit un texte préparé, édifiante synthèse de ses deux précédents ouvrages. Dans ces trois cas, estime-t-il, il y a eu l’arrivée d’une nouvelle technologie qui a entraîné une révolution industrielle, une révolution des transports et de l’énergie. La mort annoncée du capitalisme Pour Jeremy Rifkin, la bonne nouvelle ne s’arrête pas là. Jeremy Rifkin rêve de la future société, ou l’usage sera plus important que l’objet et ou le partage remplacera l’échange. Or le capitalisme est fondé sur le profit. Une thèse battue en brèche par Attali Jacques Attali arrive en scène comme un toréador. L’orateur, qui affirme qu’il n’a rien préparé et qui parle sans notes, poursuit, imperturbable sa démolition en règle de la thèse de Jeremy Rifkin. Mais pour Jacques Attali, ce ne sont-là que des broutilles. Pour lui, internet, c'est le monopole !
Quelles sont les visions possibles d'un avenir durable La transition écologique : l’ampleur du changement à amorcer et la nécessité du débat La globalisation des échanges et de la communication à l’échelle de la planète résonne paradoxalement avec la confrontation aux limites de celle-ci. La reconnaissance de l’irréversibilité des atteintes portées à l’environnement, de la globalité des menaces liées aux changements climatiques ou au déclin de la biodiversité, ou encore des limites de certaines ressources naturelles pourtant essentielles au développement économique a conduit à poser la question d’un découplage entre développement économique et pression environnementale. Ceci alors même que le rythme des dégradations s’accélère et que la mesure des impacts reste difficile à appréhender. Nouveaux risques et incertitudes bouleversent le champ d’analyse et d’action. La transition suppose d’agir simultanément sur la transformation des modèles productifs et sur la mise en place de régulations. il doit viser un renforcement collectif de capacités.
Kaya, l'équation qui calcule l'avenir de l'humanité Quand, en 1972, Dennis Meadows propose au Club de Rome le rapport qui le fera connaître, le monde en pleine croissance économique et démographique refuse de considérer avec sérieux le pessimisme du chercheur et de son équipe du MIT. Quarante ans plus tard, la planète réalise à quel point Meadows avait pu tomber juste dans ses analyses. Pour qu’elle soit réaliste, il est désormais accepté que l’écologie doit être imbriquée dans des problématiques globales : économiques, scientifiques et démographiques. Et même si Meadows a récemment réaffirmé qu’il était trop tard pour l’humanité, comprendre l’équation de Kaya qui permet de dynamiser les rapports entre les composantes d’un écosystème est primordial pour penser l’avenir de l’espèce. Dennis Meadows, 2012. 76 % des français estiment que le réchauffement climatique aura un impact sur leur vie. Qu’implique la nécessité d’avoir une vision globale ? Les limites de la croissance, mise à jour. L’équation de Kaya peut alors s’énoncer ainsi :
Comment la gauche et la contre-culture sont tombées dans le piège de l'utopie numérique Pour l'historien Fred Turner, qui retrace la filiation entre les idéaux communautaires des années 60 et la vision d'un Internet comme espace de salut pour l'individu et le collectif, le pouvoir de fascination des réseaux est plus vivant que jamais et nourrit l'idéologie de l'économie numérique autant que les marges d'Internet. Selon lui, tant que la politique sera laissée de côté, aucun ordinateur ne changera le monde. L’historien américain Fred Turner, de passage à Paris pour donner deux conférences, revient sur sa thèse iconoclaste: selon ce chercheur qui enseigne au département des sciences de la communication de l’université de Stanford, tous les éléments de l’utopie numérique, qui voit dans l’avènement de la micro-informatique et des réseaux dématérialisés le moyen pour l’individu de s’émanciper d’une société hiérarchique, bureaucratique et aliénante, remontent à la contre-culture développée par les hippies de la côte Ouest dans les années 60. Fred Turner Jean-Laurent Cassely
L'avenir en question / Future at stake: L'avenir en question L'avenir en question Changer pour survivre L'ouvrage: l'avenir en question se trouve sur Amazon , Decititre, chaPitre ou à la FNACA présent disponible sur Kindle.Jamais le monde n’a présenté un visage aussi paradoxal. Tandis que le progrès technique s’accélère à un rythme vertigineux, la crise économique et financière s’accompagne d’une grave crise écologique et d’une raréfaction des ressources naturelles. Des solutions existent pour assurer la préservation des ressources et de l’environnement, tout en poursuivant l’évolution vers un monde de plus en plus interconnecté et complexe.L’ouvrage analyse les changements considérables auxquels la société est actuellement confrontée. Les changements à opérer concernent l’ensemble du système économique. Les progrès récents dans l’étude des systèmes complexes aident à mieux comprendre la nature de l’évolution en cours.