"Les patrons des multinationales prennent insidieusement le pouvoir, sans aucune légitimité et sans devoir rendre de comptes à personne" Le Vif/L'Express : "Les entreprises transnationales sont devenues la première puissance collective mondiale, loin devant les Etats qui leur sont souvent inféodés", écrivez-vous dans Les Usurpateurs. N'est-ce pas un effet de la mondialisation ? Susan George : Certainement. Je n'aurais pas pu écrire cela il y a trente ans. Les entreprises se sont mondialisées beaucoup plus vite que les citoyens, surtout depuis la chute de l'empire soviétique, qui leur a ouvert les portes du monde entier. Elles se sont organisées sur une base collective à partir du début des années 1990, avec la naissance de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui leur a donné de nouveaux horizons en matière de libre-échange. Les gouvernements sont-ils complices de la montée en puissance des multinationales ? Ils ont laissé faire. Dans votre livre, vous épinglez le sommet de Davos ainsi que son Initiative de restructuration mondiale. Pourquoi parlez-vous de la "classe Davos" ? Absolument. Est-ce si inquiétant ?
Quand l’économie retourne sur le terrain LE MONDE ECONOMIE | • Mis à jour le | Par Philippe Escande « Pourquoi personne ne l’a vu venir ? » En novembre 2008, au pire de la crise financière mondiale, la reine d’Angleterre avait posé cette question naïve aux grands esprits réunis à la prestigieuse London School of Economics (LSE). Lire aussi : Prix du meilleur jeune économiste 2015 Une humiliation aussi pour des économistes persuadés que leurs modèles mathématiques étaient tellement fiables qu’ils pouvaient désormais analyser le présent et prévoir l’avenir. L’aide au développement révolutionnée A 38 ans, Pascaline Dupas est un pur produit de l’excellence française, comme elle sait s’exporter : Ecole normale supérieure, Harvard, professeure à la prestigieuse université californienne de Stanford. Son obsession : le terrain, l’Afrique. Retour à l’expérimentation Et ce n’est pas le seul apanage de l’aide au développement.
Les démocraties sont-elles condamnées à devenir toujours plus démocratiques La démocratie est-elle en récession ?, s'interrogeait l'éditorialiste vedette du New York Times, Thomas Friedman en faisant référence à une étude (.pdf) de l'universitaire de Stanford, Larry Diamond, directeur du Centre pour le développement de la démocratie, publiée dans le Journal of Democracy, qui revient sur le coup d'arrêt depuis 2006 de l'expansion de la démocratie dans le monde (voir également sa traduction dans Courrier international). Depuis 2000, "25 démocraties se sont effondrées dans le monde, pas seulement à la suite de coups d'Etat militaires ou internes, mais également du fait de dégradations subtiles et progressives des droits et des procédures démocratiques". L'organisation américaine Freedom House constate qu'entre 2006 et aujourd'hui, les pays qui ont connu un déclin de la liberté ont été plus nombreux que ceux qui ont connu une amélioration. Comment régénérer les démocraties ? A l'occasion de la diffusion de ce reportage, Lessig était de passage en France.
Au PS, les militants s’en vont peu à peu LE MONDE | • Mis à jour le | Par Nicolas Chapuis La parole socialiste résonne souvent dans le vide ces derniers temps. A l’approche du congrès de Poitiers, du 5 au 7 juin, les rangs du parti ont rarement paru aussi clairsemés. La désertion des militants depuis 2012 a laissé des sections locales exsangues et des fédérations affaiblies. Après les défaites aux élections municipales et départementales qui ont privé le parti de nombre d’élus, la base est, elle aussi, menacée d’effritement. Lire aussi : Congrès du PS : la synthèse, malgré tout Il y a ceux qui ont claqué la porte, déchiré leur carte ou envoyé un courrier – parfois vengeur, souvent blasé – à leur fédération. Comme beaucoup de militants, il place le point de rupture au moment de l’acceptation fin 2012 par François Hollande du traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, sans la renégociation promise pendant la campagne. Lire aussi : François Hollande, trois années tumultueuses Droitisation
« Les députés ne sont jamais à l'Assemblée » et 7 autres clichés sur les élus Des dispositions essentielles de la très polémique loi sur le renseignement, votées par une trentaine de députés dans un hémicycle vide ? L'image a provoqué l'indignation des internautes en ce début de semaine. Pourtant, si elle peut paraître scandaleuse, la réalité de la vie parlementaire est souvent différente de ce genre de clichés. 1/ "Les députés ne sont jamais là, les votes ont lieu dans des hémicycles vides" L'absentéisme des députés est un mal ancien, souvent lié au fait que ceux-ci cumulent avec d'autres mandats électifs. Autre particularité, la « discussion générale » qui ouvre chaque débat de texte est particulièrement inintéressante pour les députés qui sèchent souvent cette première partie : pendant des heures, des orateurs défilent à la tribune pour expliquer en 5 à 10 minutes leur point de vue sur le texte. 2/ D'ailleurs, lorsqu'ils ne sont pas dans l'hémicycle, c'est qu'ils ne travaillent pas 3/ Les parlementaires touchent des millions
Pauvreté des enfants : une réalité qu’on ne cesse de redécouvrir Très reprise, une nouvelle étude de l’Unicef sur les enfants pauvres en France ne fait pourtant que rappeler des chiffres pour la plupart tristement connus. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Samuel Laurent Trois millions d’enfants sous le seuil de pauvreté en France, soit un sur cinq, dont 440 000 ont basculé dans cette catégorie depuis 2008 : des chiffres frappants, qui se retrouvent, sans surprise, à la « une » de la plupart des médias en France, mardi 9 juin, Le Monde. fr y compris. La pauvreté, spécialement celle des enfants, dérange et indigne. 1. Ces chiffres proviennent d’un rapport de l’Unicef, l’émanation de l’Organisation des nations unies (ONU) consacrée aux droits des enfants. Pourtant, ils pouvaient éveiller des échos familiers à certains. Il suffit de chercher un peu pour retrouver des dizaines d’articles qui alignaient ces mêmes données au moment de la sortie du rapport Innocenti. 2. Pourtant, l’Institut européen des statistiques ne donne pas tout à fait le même. 3. 4.
L'indice qui calcule autrement la prospérité d'un pays Dans ce classement, la France se positionne en 21e position, loin derrière sa 6e place au classement plus traditionnel du FMI, et les Etats-Unis en 16e position, abandonnant leur 1re place mondiale. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Mathilde Damgé Pour évaluer la richesse d'un pays, il existe depuis les années 1930 le produit intérieur brut, ou PIB – il avait été créé pour mesurer l'effet de la Grande Dépression sur l'économie américaine. Cet indice, souvent critiqué en raison de ses critères strictement économiques, n'avait pas jusqu'à présent d'alternative ; désormais, il existe le SPI, pour « Social Progress Index », qui mesure le progrès social de chaque pays. Ses concepteurs, des économistes et des statisticiens, ont pu présenter cette année les premiers résultats de leur travail entamé en 2009. Si les deux sont corrélés, il s'avère que la croissance économique n'est pas forcément le moteur du progrès social. Pays scandinaves en tête
« Nous sommes en train de vivre une mosaïque d’effondrements » : la fin annoncée de la civilisation industrielle Basta ! : Un livre sur l’effondrement, ce n’est pas un peu trop catastrophiste ? Pablo Servigne et Raphaël Stevens : [1] La naissance du livre est l’aboutissement de quatre années de recherche. Nous avons fusionné des centaines d’articles et d’ouvrages scientifiques : des livres sur les crises financières, sur l’écocide, des ouvrages d’archéologie sur la fin des civilisations antiques, des rapports sur le climat… Tout en étant le plus rigoureux possible. Au fil des mois, nous avons été traversés par de grandes émotions, ce que les anglo-saxons appellent le « Oh my god point » (« Oh la vache ! Pic pétrolier, extinction des espèces, réchauffement climatique… Quelles sont les frontières de notre civilisation « thermo-industrielle » ? Nous avons distingué les frontières et les limites. Ensuite, il y a les frontières. Quels sont les obstacles à la prise de conscience ? Il y a d’abord le déni, individuel et collectif. Notre volant est bloqué. Les inégalités sont un facteur d’effondrement.
Ces trois banques françaises qui « spéculent sur la faim » | Mr Mondialisation Ces trois banques françaises qui « spéculent sur la faim » 23 février 2015 – Oxfam France vient d’épingler, dans son dernier rapport, trois banques françaises. Selon l’ONG, qui venait tout juste de dénoncer la détention de 50% des richesses par les 1%, des banques très connues continueraient de mener des mouvements de spéculations sur les matières agricoles. Tout commence en 2013 quand Oxfam dénonçait les impacts dramatiques des activités spéculatives des banques françaises sur la sécurité alimentaire mondiale. Le rapport avait fait réagir. Deux ans après, Oxfam France décide de faire le bilan. A ce jour, les observateurs tirent le constat que ces belles promesses ne furent pas réellement mises en œuvre par toutes. Action 2013 Solidar contre la spéculation alimentaire Dans ce nouveau rapport 2015, on découvre que trois groupes bancaires d’origine française offrent toujours la possibilité de spéculer sur les matières alimentaires à leurs clients. Source : Oxfam
Malgré la reprise économique, le Royaume-Uni touché par la faim Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Enora Ollivier Robert Clarck est un homme qui en impose. Un bon mètre 90, des tatouages bigarrés qui courent le long de ses bras, une voix de stentor qu'il déroule dans une parole rapide et gouailleuse. Pourtant, ce mercredi frisquet d'avril, Robert Clarck n'en mène pas large. C'est la deuxième fois qu'il se rend dans la food bank de son quartier, terme que l'on traduirait littéralement par « banque alimentaire » si l'expression reflétait vraiment l'esprit du lieu. Si Robert Clarck est là, calé dans un fauteuil en similicuir, c'est pour se procurer de la nourriture. Aujourd'hui guéri d'un cancer mais souffrant tellement du dos et du pied qu'il peine à se déplacer, l'homme vit quasiment sans le sou. « Sans revenus du jour au lendemain » M. Dans le quartier de la gare de Waterloo, à quelques kilomètres de là, une autre food bank reçoit des victimes urbaines de la faim. Lire aussi, en édition abonnés : La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvres
Arrêtons de chercher à sauver le monde ! Michael Hobbs (@rottenindenmark), consultant humanitaire, signe pour le New Republic (@tnr) une très longue tribune assez assassine de la philanthropie telle que l’Occident la pratique et la science la consacre. En évoquant les échecs de l'aide au développement, il nous parle aussi, entre les lignes, de la manière dont les nouvelles technologies, l'innovation et les startups, qui souhaitent tous changer le monde, échouent. Et c'est certainement avec ce filtre de lecture là que son billet prend tout son sens. Michael Hobbs commence par revenir sur l’échec de PlayPump (que nous avions évoqué dans "Les limites des bonnes intentions, le design social n'est pas si simple"), ces pompes à eau pour l’Afrique que les enfants actionnaient en jouant. Image : le projet PlayPumps continue en Afrique du Sud, Lesotho et au Swaziland. Les programmes d'aide au développement : des expérimentations sans grande transparence Que mesurent les expérimentations ? PlayPump était une bonne idée, termine Hobbes.
la fabrique des idees politiques Les experts, souvent regroupés en think tanks, pèsent de plus en plus sur les programmes politiques. La figure de l’intellectuel engagé, en revanche, tend à s’effacer. Une mutation profonde dans la fabrique des idées politiques est à l’oeuvre. La scène se passe en juin 1979. Aujourd’hui, les clivages idéologiques n’ont pas disparu, loin s’en faut. Les think tanks dans la bataille des idées De Terra Nova à l’institut Montaigne en passant par la République des idées et la Fondation pour l’innovation politique, les think tanks ont investi l’espace public et gagné une influence à la fois politique et médiatique. Issus du monde anglo-américain, les think tanks sont à l’origine des organisations paraétatiques qui exercent des missions de conseil dans le domaine des relations internationales et de la défense. Dans le monde anglo-américain, ces structures restent le plus souvent institutionnellement indépendantes, et sont financées par des mécènes. Du réseau de sociabilité au lobbying