Les pré-requis à la suppression des notes
Les expériences de suppression des notes dans des classes de collège ont tendance à se multiplier ces dernières années. Il me semble qu'au delà d'un travail militant, effectué sur le terrain par des personnels de direction et des enseignants conscients des enjeux de la question, cette tendance ait été renforcée par la mise en place en 2005 d'un droit à l'expérimentation dans le cadre de l'article 34 de la loi d'orientation. Sur la question de la suppression des notes, l'innovation "institutionnelle" et l'innovation "de terrain" peuvent donc se rencontrer, et cette double paternité est souvent un gage de réussite. Mais la volonté ne suffit pas toujours. J'ai moi même accompagné, à la direction d'un collège d'Indre-et-Loire, une expérimentation de suppression de notes dans un cours de mathématiques de 4e. - Un chef d'établissement qui impulse, ou qui aide à la mise en oeuvre si l'impulsion vient d'un enseignant ou d'une équipe. - Une progressivité dans la mise en oeuvre.
Notes et compétences, quelle équation ?
C'est une question qui agite la salle des profs, à l'heure de la mise en oeuvre du socle commun. J'émets l'hypothèse de l'incompatibilité. La note sur 20 permet, à travers l'exemple de la dictée, de sanctionner les fautes. On peut rétorquer que dans les multiples évaluations notées, les points sont comptés en positif : on pointe les réussites des élèves par un point, qu'on pourra d'ailleurs décliner jusqu'au quart de point selon le degré d'approximation de la formulation de l'élève. Retirer un demi ou un quart de point sur une question permet de signifier à l'élève que sa réponse n'est pas parfaite, mais qu'elle comprend tout de même un élément de réponse positif. Si l'on se penche sur les moyennes (obtenues par de savants calculs coefficientés), ce "réel" est biaisé. Ces constantes s'expliquent par des mécanismes protecteurs de la part du professeur, obnubilés tant par la réussite des élèves, que par la moyenne que l'on présente en conseil de classe.
Pourquoi et comment évaluer par compétences
L’évaluation par compétences est à la mode dans les salons du ministère de l’Éducation Nationale depuis plusieurs années. Différentes annonces récentes, sur la mise en place d’une Conférence nationale sur l’évaluation des élèves, ou sur l’instauration d’un nouveau socle commun de connaissances au collège, confirment cette tendance.] Dans la pratique pourtant, les choses changent peu. Si en Primaire, les enseignants évaluent souvent par compétences, particulièrement dans leurs bilans trimestriels, ce système est souvent jugé puéril et inadapté au secondaire, où le mode d’évaluation quasi exclusif reste la traditionnelle note sur 20. Le socle commun de connaissances en place au collège, le B2I, imposent dans les textes une validation de compétences, mais dans la pratique, cela s’opère souvent sans véritable concertation, en cochant des croix en fin d’année, pour remplir des tableaux. J’avais déjà rédigé un article, il y a 3 ans, qui relatait ma première expérience.
Pourquoi les notes posent vraiment problèmes.
Avec le lancement de la conférence nationale sur l’évaluation des élèves, le débat sur l’évaluation a été relancé. Et souvent plutôt mal. Oui la notation pose problèmes ! Mais pas forcément ceux qu’on met le plus en avant. illustration de Marc Chalvin tirée de Laura Jaffré « Tout ce que vous pensez des profs et ce qu’ils pensent de vous » ed. C’est évidemment plus facile de ne pas décourager en utilisant d’autres modèles d’évaluation mais ce n’est pas aussi évident que les raccourcis simplistes utilisés ici ou là le laissent croire. D’une part, on peut très bien humilier un élève avec les points Lomer si on veut humilier. D’autre part, avant de les abandonner, nous avons utilisé les notes. Les vrais problèmes sont autres. – La note induit le classement, la compétition, l’élitisme Observons les élèves quand on rend les copies. Ecoutons les parents (ça s’applique à nous même les parents/profs) « J’ai eu un 14 aujourd’hui Maman ! Mais quel intérêt pour les apprentissages ? « Kevin : 10,5.
Ne plus noter
Futur enseignant, dis-moi comment tu comptes évaluer, et je te dirai quel type d’enseignant tu seras. Réfléchir autour des questions d’évaluation est bien une entrée majeure dans les questions fondamentales du métier. Le souci premier pour un enseignant débutant est de parvenir à des résultats fiables, et ceci se traduit souvent par un recours au seul système d’évaluation quantitative. Dépasser l’évaluation chiffrée La difficulté rencontrée lors de mes premières années d’enseignement (et que je retrouve chez les étudiants futurs enseignants aujourd’hui), est que les représentations de l’évaluation entrainent une confusion entre évaluation et notation, entre apprentissage et résultat. Pourquoi est-il si difficile de dépasser l’évaluation chiffrée ? Concrètement, cette évaluation externe, à priori plus simple à mettre en place, est déjà d’une grande complexité. Initier une démarche réflexive Quel sens cela a-t-il pour les enfants ? Lucie Mougenot Sur la librairie
Peut-on abandonner les notes? Une expérience plutôt décevante
L'évaluation scolaire est-elle au service de l'orientation ?
En novembre 2009, le centre d'orientation de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris a publié une étude intitulée "L'évaluation scolaire est-elle au service de l'orientation ? ". L'étude, réalisée par Sylvène Kitabgi sous la direction de Michèle Dain, fait la synthèse de nombreux travaux menés sur les pratiques d'évaluation scolaire en France et la manière dont elles influent sur l'orientation des jeunes au sortir de leurs parcours strictement scolaires. Ces sources sont complétées par des entretiens auprès d'une quinzaine de jeunes, ce qui est vraiment peu par rapport à l'ampleur du sujet considéré. L'étude est divisée en trois grandes sections. Qu'entend t-on par évaluation scolaire ? La première précise ce qu'on entend par évaluation scolaire, rappelle les biais de notation qui relativisent fortement la valeur des notes dont notre système scolaire national est si friand, et décrit enfin des pratiques déviantes d'évaluation en vogue dans certains établissements hyper sélectifs.
Évaluer différemment les élèves : l’exemple danois
Pas de notes avant 15 ans, pas de palmarès des établissements, des examens qui privilégient les projets ou les travaux inédits, l’utilisation généralisé des TIC dans l’évaluation : le Danemark présente une série de caractéristiques susceptible de faire réfléchir sur les relations entre l’apprentissage et les évaluations scolaires. Ce n’est certainement pas un modèle à recopier (les écoles était d’ailleurs ces derniers jours bloquées par un conflit entre les enseignants et les municipalités) mais il a le mérite d’aider à faire bouger les lignes et de considérer différemment des traits de notre système considérés comme naturels voire inhérents à toute situation scolaire. En France, toute réforme des modalités du Bac semble porter atteinte à la civilisation (universelle, cela va de soi), dévaluer les diplômes ou menacer l’équilibre des savoirs. Une école qui n’était pas obsédée par l’évaluation Les résultats restent confidentiels.