Cynthia Fleury, singularités plurielles On le sait : «Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui tous ont été remplacés.» Mais c’est à une distance sidérale de ce genre d’évidences ou de clichés que se situe les Irremplaçables. Pour saisir le propos qu’y déploie Cynthia Fleury, professeure à l’American University de Paris, il faut plutôt songer à cette formule du Canadien Christopher Hodgkinson : «Personne n’est indispensable, chacun est irremplaçable.» L’irremplaçabilité est en effet ici celle des sujets particuliers, qui se forment chacun dans la «non-linéarité de la vie» et sont liés entre eux de telle façon qu’ils puissent librement et dans la justice, «faire société». Exprimé théoriquement, le thème de l’essai est le «processus de subjectivisation», autrement dit l’individuation, non pas au sens d’un individualisme, mais de cette irremplaçabilité des individus qui «protège la démocratie contre ses dérives entropiques» et sans laquelle «l’Etat de droit n’est rien». Régulation. Désapprentissage. Robert Maggiori
Qu’est-ce que le non-recours aux droits sociaux À l’origine, l’étude du non-recours porte expressément sur les prestations sociales financières [1]. C’est pourquoi la définition initiale renvoie le non-recours à toute personne éligible à une prestation sociale [financière], qui – en tout état de cause – ne la perçoit pas. Au Royaume-Uni où l’on parle de non take-up of social benefits, la question est apparue dans les années 1930. Son émergence a clairement correspondu au besoin politique d’évaluer la bonne affectation de ces prestations, en particulier celles ciblées sur des populations particulières (means-testing benefits). Même si l’introduction du thème du non-recours a des origines différentes dans d’autres pays [2], partout la question du non-recours a servi à rendre plus explicite et davantage opérationnelle la préoccupation gestionnaire de l’effectivité de l’offre de prestations financières (impacts prévus/impacts réels). Cette histoire délimite fortement l’objet du non-recours. Un phénomène étendu
Bien commun Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Le bien commun, en philosophie et sociologie, correspond à accéder à des ressources équitablement partagées et à des intérêts qui soudent les membres d'une communauté et participent à son existence. Pour Ricardo Petrella, le bien commun est ce qui fait vivre les sociétés [1]. Selon Harribey (2011)[2], cette notion (qui met aussi en jeu celle de propriété) serait notamment liée à la prise de conscience progressive par tous et chacun de l'existence d'un patrimoine commun de l’humanité. Si une réflexion philosophique sur ce qui nous constitue en tant que communauté s'est amorcée au moins dès Platon, le concept de bien commun est thématisé pour lui-même à partir de Thomas d'Aquin. Éléments de définition[modifier | modifier le code] Pour les économistes[modifier | modifier le code] De nombreux économistes se sont intéressé à ce concept. Deux exemples souvent cités sont le phare ou l’éclairage public[2]. Typologies[modifier | modifier le code]
Participations Repenser la culture de la pauvreté Recensé : David J. Harding, Michèle Lamont, Mario Luis Small, dir., Reconsidering Culture and Poverty, The Annals of the American Academy of Political and Social Science, Vol. 629, May 2010. L’anthropologue Oscar Lewis a défini le concept de culture de la pauvreté comme un ensemble de normes et d’attitudes ayant pour effet d’enfermer les individus dans ce qui, à l’origine formé en réaction à des circonstances extérieures défavorables, perpétue en se transmettant de génération en génération l’état de pauvreté quelle que soit l’évolution des circonstances. Cette thèse anthropologique fit bientôt l’objet d’une récupération conservatrice aux États-Unis. La pauvreté dans les grandes métropoles fut largement imputée à la désorganisation de la famille noire américaine, soupçonnée de produire une véritable culture de la dépendance envers le welfare. La culture de la pauvreté en Amérique La publication de The Truly Disadvantaged [8] de William J. Pour une approche plurielle de la culture
Définition et processus de l'innovation sociale 4 - Les preneurs S'approprier, bénéficier, utiliser l'innovation sociale, participer, développer, ajuster, évaluer Le terme preneurs fait ici référence à deux types d'acteur : Les utilisateurs : des professionnels qui s'approprient une nouvelle façon de faire et la mettent en pratique dans leur organisation (agents de développement, intervenants, gestionnaires, décideurs, etc.). Les bénéficiaires : sont les usagers ou les prestataires d'un nouveau service ou d'un nouveau produit mis au point pour eux. Bien sûr, leur rôle premier est de bénéficier d'un nouveau service, d'utiliser une nouvelle approche, de s'approprier un lieu, une entreprise ou une nouvelle façon de faire. Mais plus encore, les acteurs preneurs de l'innovation sociale mettent en oeuvre les pratiques innovantes, ils sont appelés à participer aux discussions, voire aux décisions et ils sont en bonne position pour trouver, développer et ajuster de nouvelles façons de faire.
Une post-démocratie aux airs de prérévolution Nous vivons, en France et en Europe, une époque de post-démocratie. Les citoyens n’ont plus de véritable pouvoir de contrôle sur leur devenir. Leurs manifestations sont méprisées et leur vote falsifié. Le traité de Lisbonne a ainsi enterré Kant et son «véritable enthousiasme pour le droit» comme «aspiration morale du genre humain». A ce titre notre post-démocratie pourrait ressembler à la prérévolution. L’abbé Sieyès, dans «Qu’est ce que le tiers état» affirmait en effet : «Qui donc oserait dire que le tiers état n’a pas en lui tout ce qu’il faut pour former une nation complète ? Or l’on sait que ce tiers état représentait 98 % de la population… Sieyès écrit l’hiver 1789 où se préparent encore des cahiers de doléances et les élections des députés aux Etats généraux. Le désir d’en finir avec une société qui ne respecte pas l’humanité et la dignité de tous ses membres au nom de privilèges vécus désormais comme iniques attise la construction du mouvement des «patriotes».
Intégrer les marges Recensé : Leah Vosko, Managing the Margins. Gender, Citizenship, and the International Regulation of Precarious Employment, Oxford, Oxford University Press, 2010. 336 p., 90 $ Le nombre d’ouvrages parus ces vingt dernières années sur le thème de la précarisation de l’emploi pourrait laisser penser qu’à défaut d’avoir trouvé une solution à ce problème, tout ou presque a été dit à ce sujet. C’est dans ce « presque » que vient s’inscrire le dernier ouvrage de Leah Vosko, Managing the Margins. Gender, Citizenship, and the International Regulation of Precarious Employment, dans lequel la politologue canadienne issue du courant féministe de l’économie politique réinvestit cette problématique à travers une double perspective : celle du genre et de la citoyenneté. La précarité comme déviance : le stigmate du sexe et de la nationalité De la protection du faible à l’égalité de traitement Pour un « nouvel imaginaire » social au-delà l’emploi Quelles alternatives à la relation d’emploi standard ?
« Nos sociétés sont post-démocratiques » Bien qu’elle soit francophone, Chantal Mouffe est encore peu connue en France. Il est vrai que cette philosophe politique belge a choisi de travailler en Angleterrre, où elle a théorisé une gauche "post-marxiste". Son ouvrage fondateur est Hégémonie et stratégie socialiste, co-écrit avec Ernesto Laclau (publié en français aux éditions Solitaires intempestifs). Ses analyses ont notamment inspiré les porte-paroles du parti espagnol Podemos. On y retrouve le concept de « post-démocratie ». Voici le moment d’un entretien avec elle réalisé par Eduardo Febbro, en exclusivité pour Reporterre. Voir la vidéo de l’entretien avec Chantal Mouffe « Notre proposition fondamentale est de repenser le socialisme en termes de radicalisation de la démocratie. (…) Aujourd’hui, il faut d’abord récupérer la démocratie. On ne peut pas parler d’émergence de gauche radicale, parce que cette gauche radicale a toujours existé (…) . Vous avez aimé cet article ? Source : Eduardo Febbro pour Reporterre
Vers une pétrification du politique Recensé : Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps, La Découverte, « Théorie critique », traduit de l’allemand par Didier Renault. 2010 [2005]. 480 p., 27, 50 €. Comment caractériser notre « modernité » ? Les analyses récentes sont nombreuses. Notre société serait aussi bien celle du « risque », de « l’information » et des « réseaux », de la « liquidité », de la « réflexivité », que de « la fin de l’histoire », de « la fin du sujet », de « la fin des idéologies », de « la fin du travail » ; ou encore, elle serait « postindustrielle », « postcoloniale », « postmoderne ». Malgré l’effet roboratif de ces analyses, il est souvent extrêmement difficile d’épouser un point de vue aussi large, surtout dans un contexte académique où la division du travail tend à pousser les chercheurs empiriques vers une spécialisation intense sur leurs objets. C’est à ce morcellement du travail scientifique sur le temps que Hartmut Rosa entend remédier dans Accélération.
Liberté, sécurité, flexibilité Recensé : Bénédicte Zimmermann, Ce que travailler veut dire. Sociologie des capacités et des parcours professionnels, Paris, Economica, coll. Études sociologiques, 2011, 233 p. Si le fronton des entreprises contemporaines devait s’orner, comme celui des mairies, d’une même devise, quelle serait-elle ? Dire « l’expérience du travail flexible » : parcours et discours La récurrence du discours sur la nécessaire flexibilité des organisations productives contemporaines et la sécurité de l’emploi qui devrait l’accompagner forme dans cette perspective le point de départ de la réflexion menée par Bénédicte Zimmermann, notant son déploiement tant dans l’univers de l’action publique, que dans celui des positions managériales ou des revendications syndicales [3]. L’analyse se fonde sur deux séries d’enquête menées entre 2002 et 2006 : elles constituent les deux parties de l’ouvrage, qu’encadrent une introduction générale et une brève, mais éclairante, conclusion.