Refusons la guerre entre pauvres ! Ils ne sont et ne seront jamais des « nôtres », pas plus que n’importe quelle religion ou tradition. Pas plus que ce monde qui nous écrase. Aussi parce qu’il n’y a pas de « nous » auquel s’agripper dans cette tourmente. Le seul terrain commun que l’on peut trouver avec d’autres personnes, au sein de cette société, est celui de la misère commune, de la commune exploitation. Dans sa propre tentative de se libérer de toutes « racines » ou « origines », qui sont autant de chaînes, chacun peut trouver des complices en d’autres révoltés. Dans ce monde, presque toujours, soit je me fais exploiter, soit j’exploite autrui ; souvent les deux au même temps. Le seul but qui vaille la peine d’être atteint est ma liberté. Le cheminement vers la liberté ne doit pas se perdre dans la jungle d’une guerre entre pauvres, chacun cachant sa soumission derrière les draps de « sa » religion ou « sa » nation. Attaquons-nous à toute autorité, pour que la liberté l’emporte.
Aurélien Barrau : « Le combat animalier est frère des combats d’émancipation » Entretien inédit pour le site de Ballast L’anthropologue Claude Lévi-Strauss estimait que « l’homme a resserré trop près de lui-même les frontières de son humanité ». À ne plus appréhender le monde qui nous entoure autrement que par ce que nous pouvons y prendre, nous n’avons de cesse de surexploiter le milieu naturel et de menacer sa capacité de régénération. Aurélien Barrau, astrophysicien, chercheur et auteur de l’essai Des univers multiples, est de ceux qui regardent avec la même passion le très lointain — des trous noirs à la gravité quantique — comme ce que, juste à nos côtés, nous refusons trop souvent de voir : le sort infligé aux animaux afin qu’ils puissent régaler nos assiettes. C’est sur ce dernier sujet, très précisément, que nous avons tenu à l’interroger. Je crois que le fil rouge, ce serait l’absence de fil rouge. L’expérience du chat de Schrödinger consiste à soumettre la vie d’un chat à l’état d’un objet quantique. Là, je serais assez deleuzien.
Portrait de la femme invisible devant son miroir Enfant, Je rêvais d’être la femme invisible. Je me disais que l’invisibilité serait le seul souhait que je formulerais si un jour je croisais le génie de la lampe. Pas besoin de m’habiller le matin pour aller à l’école – pas besoin même d’aller à l’école! – pas besoin d’être bien coiffée, d’être propre et jolie, de plaire et d’être polie… Assise en classe à mon pupitre, je me disais qu’en tant que femme invisible, je profiterais au maximum de mon don pour satisfaire tous mes désirs. Je fantasmais donc de se servir impunément dans le rayon des bonbons du dépanneur, d’aller voir tous les films à l’affiche au cinéma et de visiter tous les endroits mystérieux interdits aux fillettes, comme la chambre de ma mère ou le vestiaire des garçons. En vieillissant, j’ai appris à la dure que non seulement l’invisibilité n’existe pas, mais qu’être visible est une malédiction. Tout ceci n’était qu’un avant-goût de ce qui attendait lorsque fut le temps d’assurer moi-même ma survie. WordPress: Anne Archet
L'anarchiste Par définition même, l’anarchiste est l’homme libre [1], celui qui n’a point de maître. Les idées qu’il professe sont bien siennes par le raisonnement. Sa volonté, née de la compréhension des choses, se concentre vers un but clairement défini ; ses actes sont la réalisation directe de son dessein personnel. Mais cet anarchiste qui s’est débarrassé moralement de la domination d’autrui et qui ne s’accoutume jamais à aucune des oppressions matérielles que des usurpateurs font peser sur lui, cet homme n’est pas encore son maître aussi longtemps qu’il ne s’est pas émancipé de ses passions irraisonnées. Si l’anarchiste arrive à se connaître, par cela même il connaîtra son milieu, hommes et choses. [Paru dans Almanach anarchiste pour 1902, Paris.] Élisée Reclus [1] Et qui veut être libre. [2] La liberté suffira...
La tyrannie de l’absence de structure Ce texte a été écrit par Jo Freeman, une activiste du Mouvement de Libération des Femmes étasunien, pour une conférence donnée en mai 1970 puis il a été publié en 1972 et par la suite à de nombreuses reprises, dans des revues étasuniennes puis traduit dans de nombreuses langues, souvent sans autorisation de l’autrice. Cette édition a été relue et mise en brochure par des personnes du collectif Indice, à partir du texte original. La couverture est de Nevit Dilmen, sous licence CC BY-SA, tout comme ce texte en français. Cette nouvelle traduction s’appuie sur une traduction préalable par l’infokiosque du Squat des 400 couverts (iosk@inventati.org) et repart de la source originale en anglais, disponible sur le site de l’autrice. Tout au long des années de formation du Mouvement de Libération des Femmes, on a beaucoup plébiscité les dénommés « groupes sans leader ni structure », comme étant la principale, sinon l’unique forme d’organisation du mouvement. Structures formelles et informelles 1.
Mais que veulent vraiment les Black Blocs ? Entretien avec Francis Dupuis-Déri - Les Inrocks : magazine et actualité culturelle en continu La tactique du black bloc a donné aux manifestations contre la « loi travail » des allures insurrectionnelles au printemps dernier. Mais d’où vient-elle ? Quels sont ses objectifs et ses effets sur la mobilisation ? Le professeur de science politique Francis Dupuis-Déri, auteur du livre « Les black blocs » et de « La peur du peuple », décrypte ce phénomène. Entretien. Cagoulés, vêtus de noir et prêts à en découdre avec la police, les black blocs ont donné aux manifestations du printemps dernier en France contre la "loi travail" des allures insurrectionnelles. Dans un livre qui vient de paraître et qui prolonge cette réflexion, La peur du peuple (Lux), il interroge le mépris que suscitent les mouvements qui se revendiquent de la démocratie directe - des Indignés à Nuit debout, en passant par Occupy. En 2003 lors de la première édition de votre livre Les black blocs, La liberté et l'égalité se manifestent, vous étiez pessimiste sur la persistance de cette tactique. Tout à fait. Oui.
Les stéréotypes de genre sont dangereux pour la santé Le 16 janvier 2014, rediffusé dans le cadre d’un partenariat avec le Centre Hubertine Auclert (notre Manifeste) Les stéréotypes de genre, #OnEnParle ! madmoiZelle est la fière partenaire de la campagne #OnEnParle, pour déconstruire les stéréotypes de genre. Aux côtés du Centre Hubertine Auclert, qui lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes en Île de France, nous nous engageons pour un avenir sans injonctions à la masculinité ni à la féminité. Si tu veux en savoir plus, rends-toi sur le minisite du Centre Hubertine Auclert ou participe au quizz sur l’Instagram de Rose Carpet. Et en attendant, découvre cet article qui témoigne des débats autour des stéréotypes de genre en 2014, et surtout de pourquoi ils sont mauvais pour la santé… Littéralement. En 2018, les stéréotypes de genre sont (encore) dangereux pour la santé Lutter contre les stéréotypes filles — garçons est un enjeu d’égalité et de mixité, selon le rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective.
Un pavé dans les rouages Le sabotage, le grain de sable dans les rouages de la machine, l’opposition directe, physique, matérielle à une partie d’un dispositif. En République, on a toujours le droit de s’indigner d’une situation intolérable : les rafles de sans-papiers, les exactions policières, les expulsions locatives, les gens qui dorment dehors, les conditions de détention, tout cela peut faire l’objet d’autant de tribunes dans les journaux ou d’appels citoyens sur Internet. La démocratie adore ceux qui se contentent de dénoncer : c’est à dire de parler et de ne rien faire. C’est même la marque de la démocratie, ce dont elle ne cesse de s’enorgueillir. On peut (presque) tout y dire. Qu’est-ce qui est effectivement permis, comme acte concret, par ce système qui fait pourtant de la « liberté » un de ses principes ? La « liberté d’expression » elle-même n’est que théorique. Ce qui est vraiment permis, c’est de publier légalement ses pensées, à condition d’avoir le fric ou les relations pour le faire. anonymes
La grève des électeurs Une chose m’étonne prodigieusement - j’oserai dire qu’elle me stupéfie - c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose. Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ? Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ? et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Ah ! Qu’est-ce qu’il espère ?