«La France périphérique» de Christophe Guilluy: la géographie est un sport de combat
Temps de lecture: 12 min Avec La France périphérique, publié à la mi-septembre, Christophe Guilluy reprend la croisade qu’il a entamée il y a plus de dix ans avec la publication de l’Atlas des nouvelles fractures sociales avec Christophe Noyé, et poursuivie en solo en 2010 avec un court essai, Fractures françaises, qui avait largement inspiré les termes du débat de la campagne présidentielle de 2012, comme la fameuse «fracture sociale» avait été au centre de celle de 1995. Depuis une vingtaine d’années, ce consultant spécialiste de l’analyse territoriale, géographe de formation, sillonne le pays de mission en conférence, en marge du milieu universitaire. Il est devenu en quelques années l’un des experts les plus écoutés des élus et de leurs collaborateurs dans les territoires, mais aussi l'un des auteurs les plus controversés dans les disciplines de la géographie et de la sociologie urbaines, ce qu'on appelle parfois les urban studies. Thèses connues, thèses nouvelles 3.Sur le périurbain
La France périphérique, débat autour d’un livre
Revue de presse et tribunes de Christophe Guilluy en 2014 À la mi-septembre 2014, les médias se sont emparés du livre de Christophe Guilluy, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, paru chez Flammarion, pour en faire des manchettes et des gros titres. Par exemple, Le Figaro, 11 septembre, Christophe Guilluy : « Le 93 n'est pas un espace de relégation, mais le cœur de l'aire parisienne » "La focalisation sur le «problème des banlieues» fait oublier un fait majeur: 61 % de la population française vit aujourd'hui hors des grandes agglomérations. Libération, 16 septembre, « La gauche a-t-elle oublié la France populaire ? "D’ouvrage en ouvrage, Christophe Guilluy a pulvérisé l’image d’une France tranquille des pavillons. De nombreux entretiens et émissions ont permis à Christophe Guilly de développer ses thèses :
Grandeur et décadence du « périurbain »
Dossier : Y a-t-il des urban studies à la française ? « Un beau matin, les Français se sont réveillés en découvrant qu’un baobab avait poussé dans leur jardin » [1]. À l’issue du dernier scrutin présidentiel, c’est par cette formule que s’ouvre un article du Monde relatant l’irruption des espaces périurbains sur le devant de la scène médiatique sous l’effet de la montée électorale du Front national. Si cette entrée en scène est effectivement fracassante dans un champ journalistique régi par la quête permanente de la nouveauté, cette catégorie d’analyse des mondes urbains est-elle réellement nouvelle dans le champ de la recherche française ? C’est sur cette question que cet article se penche, sans prétendre à un tour d’horizon exhaustif mais plutôt en essayant de dégager, à travers les travaux les plus emblématiques, quelques lignes directrices en matière de regards portés sur les espaces périurbains. Des mondes ruraux laboratoires du changement social (1) : le regard des géographes
La France périphérique, c’est où ?
Certains géographes ont vu dans les bons scores du FN dans la grande banlieue ce qu’ils appellent aussi le périurbain et leur faiblesse dans les centres-villes une corrélation entre éloignement du centre et montée du FN, une sorte de «loi» spatiale. Mais il est toujours risqué de chercher des constances spatiales dans les comportements électoraux, même si les cartes semblent révéler des évidences incontestables. Le score du FN peut être très faible dans des communes périurbaines et inversement très élevé au cœur de Marseille. Pour ces nouveaux habitants, appelés parfois les rurbains, l’environnement est campagnard mais on sait que leur mode de vie ne l’est pas puisqu’ils travaillent en milieu urbain. Tous les habitants du périurbain ne sont donc pas en situation de grande fragilité économique ou de désarroi social. Selon Guilluy, ce sont les habitants de cette France périphérique qui seront les électeurs du FN. Les 64% de Français périphériques vont-ils assurer la victoire du FN ?
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