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Le genre est une construction sociale: qu’est-ce que cela veut dire?

Le genre est une construction sociale: qu’est-ce que cela veut dire?
« Le genre est une construction sociale »: c’est là un élément de base de la définition du genre, sans lequel on ne peut comprendre le concept. Je l’ai mentionné plusieurs fois, et expliqué, sans y consacrer de billet entier; l’idée de ce billet m’est venue suite à un commentaire lu sur la page Facebook de ce blog. Je me suis rendu compte que la notion de construction sociale était loin d’être comprise par tout le monde – et pour cause: ce n’est pas une notion évidente, surtout quand on l’applique à des sujets aussi sensibles que la différence des sexes et les rapports entre les sexes. Je vais donc évoquer quelques-unes des erreurs commises au sujet de cette notion de construction sociale, avant de revenir sur sa définition. Pour le contexte, d’abord, je reviens sur le commentaire outré reçu sur Facebook. Il s’agit de quelqu’un qui ne connaît pas mon blog et est tombé sur ma page via un partage. Quelques erreurs souvent commises à ce sujet: – que ce phénomène n’existe pas. Related:  Sexe, genre, sexualités

Quels sont les rapports entre sexe et genre? Dans la lignée de mon article précédent sur le genre comme construction sociale, j’aborde maintenant la distinction entre sexe et genre qui fait partie, pourrait-on dire, de la doxa concernant le genre. Ce dernier est souvent présenté dans un rapport d’opposition avec le sexe, l’un se situant du côté du social, de la culture, et l’autre du côté du biologique, du naturel. On présente alors le genre à travers des rôles sociaux plaqués sur la différence des sexes, biologiquement constatée. Ce faisant, on reconduit une distinction entre nature et culture qui pose problème à plusieurs niveaux. J’ai bien conscience d’aborder là un sujet épineux et très sensible, surtout dans le contexte actuel, où la fameuse « théorie du genre » se voit assigner toutes formes de tares – notamment celle de nier les différences entre les sexes. Or cette interrogation ne se concentre pas seulement sur le genre et le culturel, qui grignoterait le territoire du sexe, donc du naturel. Ressources, ouvrages cités

Petit lexique du genre (2): féminité, masculinité, masculinité hégémonique Il me semble intéressant de commencer cette entrée par le constat d'une absence. La féminité est un objet évidemment très important pour les féministes et les études de genre, qu'on dissèque depuis des dizaines d'années. Pourtant, si l'on ouvre un manuel aussi important que l'Introduction aux études sur le genre (de boeck 2012), et que l’on consulte l’index, on ne trouve pas d’entrée « féminité », seulement une entrée « féminin-privé ». On trouve en revanche une entrée « masculinité/masculinité hégémonique » (traitée à part dans ce lexique) ainsi que « masculin-public ». Quelques articles de ce blog ayant traité de la féminité: – Caractéristique « féminines », caractéristiques « masculines » – Dans ma bibliothèque – Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe – Cyborg Thatcher – Dans ma bibliothèque – Mona Chollet, Beauté fatale – et mon tout premier billet sur ce blog: « Sois belle et… »: féminité et injonction de beauté Caractéristiques « féminines » Caractéristiques « masculines » J'aime :

Les genres et leurs expressions Il est fréquent de rencontrer dans le milieu militant (ou ailleurs !) des mots comme « neutrois », « genderqueer », « agenre » et vous êtes nombreuxses à vous poser la question : bon sang mais qu’est-ce que ça veut dire ? Aujourd’hui Colinou nous explique en quelques lignes leur signification et les liens avec les expressions de genre-s. Les identités de genre-s C’est vaste, très vaste. Le genre c’est ce que tu ressens dans tes tripes, ce qui se promène dans ton esprit. J’aime bien reprendre mon analogie sur les smoothies (pas de jugement s’il-vous-plaît). Les neutrois sont des personnes dont le genre est neutre. Les bigenres sont des personnes qui ont deux genres. Les androgynes sont des personnes dont l’identité mêle le masculin et le féminin. Les polygenres ont plus de deux genres, et les pangenres, tous. Les demi*, demiboy, demigirl ou autres, sont des personnes dont le genre est composé d’un genre et d’une partie d’autre chose. Expressions de genre-s Il y a donc des injonctions.

C’est quoi l’Asexualité ? (ERRATUM : j’ai modifié la partie inexacte sur la différence bi/panromantisme, après délibérations sur Twitter avec des concerné-es. N’hésitez pas à me dire si vous trouvez cette représentation encore inexacte). Pour aller plus loin : Introduction à l’asexualité (via Asexualité-s) / Je suis asexuelle et je le vis bien merci (via Barbieturix) / Le devoir conjugual : quand le sexe fait sa loi / Suis-je asexuelle, greysexuelle ou ai-je juste une libido peu développée ? N’hésitez pas à m’envoyer des liens intéressants à ajouter au fur et à mesure, pour que tout ça soit plus complet. >>> LIENS QUE VOUS M’AVEZ ENVOYE : Coming Up Aces (BD en anglais) / Lintu (différence entre les envies de sexe chez les A) / Orientations Sexuelles et Orientations Romantiques >>>>> UN IMMENSE MERCI à Cyrielle, aka Cy, une bienveillante illustratrice de grand talent, pour avoir accepté ma proposition de témoignage sur l’asexualité pour sa chronique sur MadmoiZelle à lire ici.

Petit lexique du genre (3): essentialisme, constructivisme, socialisation de genre Ce terme revêt différents sens selon qu’il est employé en biologie, en philosophie ou en sociologie. C’est le dernier sens qui prévaut dans la théorie féministe et les études de genre, résumé ainsi dans un article portant sur le lien entre essentialisme et politiques de l’identité: L’essentialisme est l’idée selon laquelle des groupes de gens pourraient être définis par certaines caractéristiques essentielles, visibles et objectives, qui seraient inhérentes aux individu·es, éternelles et inaltérables. Les études de genre et la tendance majoritaire du féminisme contemporain se définissent par opposition à l’essentialisme, dans la lignée de l’affirmation célèbre de Simone de Beauvoir: « On ne naît pas femme, on le devient » (cf. Mais l’opposition n’est pas seulement entre essentialisme et anti-essentialisme. Articles de ce blog traitant du constructionnisme: – Le genre est un construction sociale: qu’est-ce que cela veut dire? Cf. les articles CONSTRUCTIONNISME et ESSENTIALISME. J'aime :

[So Queer !] Partie 1/ Kézako ? Je sais que pour beaucoup, le queerisme est un espèce de gouffre inconnu, un truc qu’on voit par ci par là, sans jamais vraiment comprendre en quoi ça consiste. Je vais donc essayer de vous expliquer ce que c’est, et ce que ce n’est pas. 1/ Origines Au départ, le mot « queer » en anglais est une insulte, qui signifie « bizarre, marginal, différent ». C’est une insulte particulièrement utilisée envers les hommes homosexuels, les hommes effeminés, mais aussi les lesbiennes et les personnes trans. [Parenthèse : vous connaissez peut-être la série « Queer as folk » sur le milieu gay de Manchester. C’est un terme plus large que LGBT, puisqu’on peut y inclure toutes les personnes non-cisgenres et non-hétéros qui ne se reconnaissent pas forcément dans les 4 lettres. Photo by Michael Holden, Seattle 2/ Politique Politiquement parlant, on peut se revendiquer du « féminisme queer ». Pour moi, il y a aussi une notion d’acceptation au niveau des pratiques sexuelles. 3/Orientation 4/Identité

Sex redefined Illustration by Jonny Wan As a clinical geneticist, Paul James is accustomed to discussing some of the most delicate issues with his patients. But in early 2010, he found himself having a particularly awkward conversation about sex. A 46-year-old pregnant woman had visited his clinic at the Royal Melbourne Hospital in Australia to hear the results of an amniocentesis test to screen her baby's chromosomes for abnormalities. The baby was fine — but follow-up tests had revealed something astonishing about the mother. Claire Ainsworth discusses the spectrum between male and female. Sex can be much more complicated than it at first seems. When genetics is taken into consideration, the boundary between the sexes becomes even blurrier. These discoveries do not sit well in a world in which sex is still defined in binary terms. The start of sex That the two sexes are physically different is obvious, but at the start of life, it is not. Battle of the sexes The sex spectrum Cellular sex

Gender + Sexuality Spectrum 2 by theroyalus on DeviantArt Aux origines du genre (4): rendre justice à la complexité du genre Si je devais résumer les éléments abordés dans cette série en les replaçant dans l’ordre chronologique, ça donnerait quelque chose comme ça: Même si le concept ne date que des années 1950, certains travaux et réflexions ont permis, avant cette époque, de poser les bases de ce qui deviendra le concept de genre dans le discours féministe. Je me suis concentrée dans le 3ème billet de la série, « Avant le genre », sur deux figures: Margaret Mead, anthropologue étatsunienne, et Simone de Beauvoir, philosophe française. Même si elles ne sont pas les seules qui participent de cette histoire, elles jouent un rôle très important dans le renouvellement de la conception occidentale de la naturalité des rapports entre femmes et hommes.Le genre n’est pas, à l’origine, un concept féministe – bien au contraire: la visée des médecins et psychologues qui l’ont inventé dans les années 1950 était extrêmement normative.

Aux origines du genre (1): l’invention médico-psychologique Je commence une série de billets sur les origines du genre, qui devrait (je n’ai pas encore tout écrit) se décomposer comme suit: 1- L’invention médico-psychologique 2- Comment le genre devient-il féministe? 3- Avant le genre (ou: comment le genre est-il devenu pensable?) 4- Synthèse et évolution du concept Pourquoi une telle série? Je résume donc: la « théorie du genre » trouverait son origine dans une « expérience tragique » menée par son « père » ou « gourou », le Dr John Money (Le Point). C’est pour démêler le vrai (il y en a, un peu) du faux dans ces affirmations, qui resurgissent en 2014 et sont malheureusement reprises sans aucune distance critique, comme on le voit, par certains médias, que je propose cette généalogie du genre. Le retour sur le devant de la scène d’une « expérience tragique » Ce n’est pas un hasard si le récit (biaisé) de cette expérience ressurgit en 2014. Qu’est-ce qui est vrai? Qu’est-ce qui est faux? Mais de quelle « expérience » parle-t-on exactement?

Aux origines du genre (2): comment le genre devient-il féministe? Dans le premier billet de cette série, j’ai évoqué l’invention du concept dans les milieux des médecins et sexologues étatsuniens dans les années 1950-1960. Le genre est alors défini de manière purement psychologique: il s’agit pour ces médecins de séparer le sexe (biologique, naturel) du genre qui, pour le Dr Robert Stoller, équivaut à l’identité de genre: sexe (état de mâle et état de femelle) renvoie à un domaine biologique quant à ses dimensions – chromosomes, organes génitaux externes, gonades, appareils sexuels internes (par exemple, utérus, prostate), état hormonal, caractères sexuels secondaires et cerveau; genre (identité de genre) est un état psychologique – masculinité et féminité. Le sexe et le genre ne sont nullement nécessairement liés. (Stoller 1985) De cette invention médico-psychologique, on a tendance à retenir l’expérience menée par le Dr Money sur Bruce/David Reimer (je vous renvoie à mon premier billet pour les détails de cette expérience). L’appropriation féministe

Aux origines du genre (3): avant le genre J’ai pour l’instant parlé de la naissance du concept de genre dans les milieux psychologiques étatsuniens dans les années 1950, ainsi que de son appropriation / tranformation par des féministes dans les années 1970. J’ai insisté, dans mon 2ème billet, sur l’écart important qui existe entre les premières utilisations du genre et les utilisations qui peuvent en être faites à partir de l’appropriation féministe. Etant donné cet écart, on peut se demander pourquoi et comment les féministes en sont venues à utiliser le concept. Margaret Mead et l’apprentissage des « rôles sexuels » Margaret Mead est une figure majeure de l’anthopologie culturelle aux Etats-Unis. Elle est régulièrement, et à raison, citée comme exerçant un rôle fondamental dans l’histoire de la pensée constructiviste sur le sexe (c’est-à-dire les théories qui ne considèrent pas la masculinité et la féminité comme étant directement et exclusivement déterminées par la biologie). Simone de Beauvoir Références citées

Le sexe est bien une construction : en discutant nature, culture et féminisme. Pascal Picq, paléoanthropologue de son état, a fait paraître dans le Monde renvoyant dans les cordes les 80 imb... abru... députés qui "pensent" (quand on écrit "théorie du genre sexuel" et qu'on prétend que cela a pour objectif de justifier la pédophilie, c'est que l'on est soit un crétin, soit quelqu'un de très malhonnête, et j'ai trop de respect pour nos représentant pour choisir la seconde option) qu'il ne faut pas dire aux lycéens que les gênes ne déterminent pas tout le comportement sexuel de l'être humain. Pourtant - peut-être du fait d'un certain opportunisme editorial - son texte s'intitule "Le sexe n'est pas que construction". Et de fait, il y critique certaines orientations "antibiologistes" (radicales, ajoute-t-il) des sciences sociales. Pourtant, le sexe - pas seulement le genre, pas seulement la sexualité - est bien une construction sociale. Il faut juste savoir ce que cela veut dire... On le voit, le ton est sans concessions.

[Traduction] Le sexe n’est pas les chromosomes : l’histoire d’un siècle de conception erronée sur X & Y – Shou & Kest L’influence du modèle XX/XY du sexe chromosomique a été profonde au cours du dernier siècle, mais il est fondé sur une hypothèse erronée et responsable d’avoir encouragé une pensée réductive, essentialiste. Alors que le monde scientifique a avancé, cette croyance populaire demeure. Texte de Ian Steadman dans New Statesman, traduit de l’anglais par Shou. Lorsque l’Union International d’Astronomique (UIA) a reclassifié Pluton de planète à planète naine en 2006, cela n’a rien changé au fait de l’existence de Pluton. Le processus scientifique implique souvent de peaufiner les taxonomies. Nous croyons tous à l’existence des comètes et des astéroïdes, même si la distinction collégiale entre eulles fait de moins en moins de sens – nous embêterions nous avec deux noms différents si on les découvrait seulement aujourd’hui ? Ah, mais il y a un mot sournois ici : « normal ». Voilà ce qui importe lorsqu’on parle de ce sujet où, pour ainsi dire, les choses peuvent s’effondrer. J'aime :

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