#JeSuisMisogyne - Les mots sont importants (lmsi.net)
Nous aussi on a grandi avec Cabu, Wolinski, Reiser, Cavanna, Choron... Nous avons vu les mêmes dessins mais nous n’avons pas compris la même chose : Sûrement parce que ces blagues ne s’adressaient pas à nous mais qu’elles se faisaient à nos dépens. Ces types nous rappelaient sans cesse qui nous étions : des Filles, des Femmes, c’est à dire le deuxième sexe, mais un sexe avant tout. Une femme, chez Reiser, ça n’ouvre pas la bouche ou bien c’est parce qu’elle suce. Et gare à celles qui ne voudraient pas, qui se cacheraient derrière un voile : ça les irrite les mecs de Charlie – surtout Charb et Tignous – qu’on se refuse comme ça, ça les met en colère : alors ils les dessinent à poil avec un foulard, une chatte avec une burqa, comme ça ils peuvent rigoler un peu quand même, les humilier un peu, les baiser un peu aussi publiquement, montrer qui est le patron ... On entend depuis un mois parler de "ces provocateurs qui bottaient le cul des militaires et des curés".
« Lettre à ma fille, au lendemain du 11 janvier 2015 », par Le Clézio
Dans ce texte confié au « Monde », le Prix Nobel de littérature évoque l'avenir, quelques jours après les attentats qui ont frappé la France et la marche historique qui a suivi. Tu as choisi de participer à la grande manifestation contre les attentats terroristes. Je suis heureux pour toi que tu aies pu être présente dans les rangs de tous ceux qui marchaient contre le crime et contre la violence aveugle des fanatiques. J’aurais aimé être avec toi, mais j’étais loin, et pour tout dire je me sens un peu vieux pour participer à un mouvement où il y a tant de monde. Tu es revenue enthousiasmée par la sincérité et la détermination des manifestants, beaucoup de jeunes et des moins jeunes, certains familiers de Charlie Hebdo, d’autres qui ne le connaissaient que par ouï-dire, tous indignés par la lâcheté des attentats. Tes parents ont tremblé pour toi, mais c’est toi qui avais raison de braver le danger Cela s’est passé, tu en as été témoin. Ils ne sont pas des barbares
L’école après Charlie : on a mis le doigt dans un engrenage pervers - Rue89 - L'Obs
Tribune C’est sans doute la première fois de ma carrière que je me sens inquiet, et peut-être même menacé, dans l’exercice de mon métier de professeur de philosophie. Par qui suis-je inquiété ? Par des élèves, souvent présentés comme incultes et enfermés dans leurs préjugés ? Qui donc est alors responsable de ce « sentiment d’insécurité » qui m’empêche d’exercer sereinement mon métier ? Après les attentats des 7, 8 et 9 janvier, notre ministère et ses administrateurs ont brutalement pris conscience du fait que l’école n’était peut-être pas qu’un outil de formation technique des futurs travailleurs, mais qu’elle pouvait aussi, éventuellement, jouer un rôle dans le développement de l’homme et du citoyen. J’ai un scoop pour Mme la ministre Mme Vallaud-Belkacem et ses conseillers se sont soudainement écriés d’une seule voix : « Il faut trouver des moyens d’inculquer aux élèves et aux professeurs (incompétents) les valeurs de la République ! Comme face à une copie farfelue
Philippe Lançon: «J’allais partir quand les tueurs sont entrés...» - Libération
Chers amis de Charlie et Libération, Il ne me reste pour l’instant que trois doigts émergeant des bandelettes, une mâchoire sous pansement et quelques minutes d’énergie au-delà desquelles mon ticket n’est plus valable pour vous dire toute mon affection et vous remercier de votre soutien et de votre amitié. Je voulais vous dire simplement ceci : s’il y a une chose que cet attentat m’a rappelée, sinon apprise, c’est bien pourquoi je pratique ce métier dans ces deux journaux – par esprit de liberté et par goût de la manifester, à travers l’information ou la caricature, en bonne compagnie, de toutes les façons possibles, même ratées, sans qu’il soit nécessaire de les juger. Je suis journaliste à Libération depuis vingt et un ans, j’en suis fier, j’aime les gens qui y travaillent et y ont travaillé. Il se trouve que pendant cette dernière conférence ce furent justement les jihadistes français dont on parla. J’allais partir quand les tueurs sont entrés.