[Les caprices de Marianne. Mise en scène de Lambert Wilson : photographies / Daniel Cande] [Le Cid, texte de Pierre Corneille : photographies / Daniel Cande] Phèdre - Saison 2002 - 2003 - Odéon-Théâtre de l'Europe. En 1995, à la fin des répétitions de Dans la solitude des champs de coton, la costumière Moidele Bickel dit à Patrice Chéreau : "Maintenant, tu dois faire Racine, et de la même façon", ajoutant qu'il lui revenait d'en explorer la langue "comme cela".
L'invitation, dans ce qu'elle avait d'énigmatique, n'était pas faite pour être oubliée ; en relisant Racine, Chéreau vit le sens qu'elle prenait pour lui. La traversée de l'œuvre de Koltès l'avait peut-être préparé à déchiffrer, sous la clarté des chaînes de la syntaxe, la hantise d'une autre face du langage, fuyante, enfouie, indicible, condamnée pourtant à s'ouvrir avec insistance une voie vers le jour.
Phèdre est la grande tragédie des aveux, que l'inavouable sous-tend à chaque pas. Toute l'intrigue est rythmée par l'agonie, formant une brève parenthèse solaire et implacable séparant les deux protagonistes de leur fin.