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Paul Virilio. La tyrannie de la vitesse. Des journées trop chargées, à se dépêcher, à courir, pour tenter d’effectuer ce qui, en se couchant, restera à faire. À terminer demain. « Il faudrait allonger les journées ! », dit une collègue. « Le temps passe trop vite ! », se plaint l’autre. « On vit comme des dingues », renchérit la troisième. « Vous les Occidentaux, vous courez vers la mort ou quoi ? », m’a un jour demandé un Sénégalais. Avant de me conseiller, en wolof : « Danke, danke » (« doucement, doucement »). « Être affamé de temps ne provoque pas la mort, rassurent John Robinson et Geoffrey Godbey, mais, comme l’avaient observé les philosophes antiques, empêche de commencer à vivre (1). » L’existence pleine a besoin de temps pour se déployer. Mais que recouvre cette expression d’« accélération du temps », si répandue ?
Où est passé le temps libre ? Cette modification perceptive du temps est fondée. Pourquoi sommes-nous alors débordés, en manque de temps, alors que la technique est censée nous en avoir libéré ? H. La tyrannie de la vitesse absolue. – Libération. TRAVAIL. Gérard Blanc étudie l'influence des nouvelles technologies. Gérard Blanc, polytechnicien, est directeur de recherche à Eurotechnopolis Institut, organisme d'études sur les transformations de la société sous l'influence des nouvelles technologies de l'information. Il prépare un livre sur les pathologies liées au temps de travail (à paraître à l'automne). Les nouvelles technologies sont-elles seules responsables du stress et de la versatilité des cadres au travail? Elles ont un rôle amplificateur. Quelles peuvent en être les conséquences sur les utilisateurs? Dans les entreprises, l'urgence était déjà devenue un mode de gestion.
Il y aura sans doute des adaptations? Tout cela ramène à des questions de discipline personnelle. Vitesse et immédiateté. La vitesse est, dans son sens premier, le rapport qui mesure une distance parcourue en un temps donné. On emploie de plus en plus le terme vitesse pour parler de la rapidité d’une action ou d’un processus. En effet, la course à la vitesse a été une obsession majeure des XIXe et XXe siècles et elle est toujours au cœur des aspirations du monde contemporain. Le juste à temps productif impose de nouveaux rythmes et davantage de flexibilité. L’immédiateté renvoie au temps réel et aux événements et actions qui se déroulent à l’instant présent. Ce temps réel est celui du monde de l'information et de la communication.
Les sociétés humaines pratiquent aujourd'hui des vitesses de déplacement de plus en plus différenciées (marche, automobile, avion, télécommunications...) et elles peuvent se mouvoir dans un espace à plusieurs vitesses et dimensions simultanées : il est par exemple possible de téléphoner depuis un TGV. (ST) 2005, dernière modification (LF, JBB) en février 2021.
Références citées. Le crépuscule de la vitesse. ANALYSE : La vitesse ne date pas d’hier et l’homo sapiens n’a pas attendu la locomotive à vapeur pour faire de la vélocité le vecteur du progrès. On l’aime, la vitesse, ou plutôt on l’aimait. L’homme du XXIe siècle, qui n’est jamais allé aussi vite, doute de son propre mouvement. Le philosophe Sylvain Portier raconte l’histoire de cette défiance qui s’installe au coeur des consciences. Docteur en Philosophie, Sylvain Portier est professeur de lycée dans les Pays de la Loire.
Il a notamment publié : Fichte et le dépassement de la «chose en soi» (éd. L’Harmattan, 2006) ; Fichte, philosophe du Non-Moi (éd. L’Harmattan, 2011) ; Les questions métaphysiques sont-elles pure folie ? Les végétaux, les animaux et les humains ont tous des savoir-faire. Lire aussi : De l’urgence de la lenteur (Bruno Jarrosson) L’on pourrait nous objecter que toute technique ne vise toutefois pas à gagner du temps mais, en vérité, les deux sont liés. Immédiateté et instantanéité Vers une eschatologie de la vitesse ? Maître et esclave de la vitesse : le tachysanthrope. Le tachysanthrope n’est pas un homme préhistorique, ni un personnage de science-fiction, le tachysanthrope est notre contemporain. Sommes-nous tous des tachysanthropes et jusqu’à quel point ? Ces premiers repères apporteront un début de réponse à la question. La question Si nous reconnaissons qu’aujourd’hui la vitesse n’est plus seulement la mesure du déplacement mais qu’elle est devenue la définition du présent, alors il faut que nous soyons capables de percevoir le nouveau rythme des événements et de nous y adapter, en sachant l’épouser, le maîtriser ou lui résister.
La présence de la vitesse, la recherche de l’accélération créent un monde où domine la tachynomie, autrement dit, la vitesse devenue norme1. Sommes-nous plus que jamais dans la conception moderne du temps ? Le mot de Descartes dans le Discours de la méthode était prophétique : « Cette vie est brève et ne souffre aucun délai. » La formule est-elle devenue obsessionnelle ? Quel est l’avenir d’un tel monde ? Relativité Temps *. « Ralentir la ville » : les Cittàslow contre le culte de la vitesse - Basta! Nichée au sommet d’une colline en Ombrie (Italie), la cité médiévale d’Orvieto domine l’autoroute et la ligne à grande vitesse reliant Florence à Rome.
Mais dans les étroites rues pavées, nulle trace d’automobile. Seuls quelques minibus au gaz, silencieux, frôlent les tables des cafés installées au soleil. Dans le dédale des ruelles libérées des files de stationnement, le regard s’accroche aux églises, aux arches, aux tours et aux palais. C’est dans cette ville qu’a été signée en 1999 la charte fondatrice de Cittàslow (« Ville lente »). A l’initiative de cette charte, Carlo Petrini, fondateur de Slow Food, un mouvement dans lequel l’art culinaire italien se nourrit de traditions locales, de biodiversité, de respect de l’environnement et de patience. Des « villes escargot » « Nous n’avons pas d’autres choix que de ralentir, analyse Pier Giorgio Oliveti, directeur du réseau international des Cittàslow, qui a son siège au Palais du goût d’Orvieto.
Ville-musée ou créatrice de solidarités ? 8 | 2015 Géographie(s) de la lenteur. L'éloge de la lenteur. De l’urgence de la lenteur. De l’urgence de la lenteur ? « J’ai lu Guerre et Paix en vingt minutes, dit Woody Allen. Ça parle de la Russie. » Finement observé. On peut interpréter cette plaisanterie de deux façons. Soit on place sa vie sous le signe de l’urgence et de la vitesse. On pensera alors que Woody Allen a économisé quarante heures de lecture. Soit on remarquera que si Tolstoï – pur génie du roman – a donné 1 550 pages à Guerre et Paix c’est qu’il n’en fallait ni 1 459 ni 1 551 pour nous dire quelque chose de plus essentiel que de parler de la Russie.
Woody Allen a donc perdu vingt minutes. Le degré d’urgence auquel nous sommes soumis concrétise le flux d’informations qui nous arrive et donc notre importance. Le temps est le mal du siècle, le lieu du manque universel, la cascade où nous propulse brutalement l’urgence. Donc constater que nous manquons de temps est d’une infinie banalité. Et la société dite de l’information aggrave le manque. La quantité d’informations disponible explose. ETU 003 0341. ESPRI 1412 0018 Pour une écologie existentielle.
Honegger : Pacific 231 (Orchestre philharmonique de Radio France)