Le cri d'alarme d'une scientifique toulousaine : «On change d'époque» - 06/09/2016 - ladepeche.fr. Catherine Jeandel est directrice de recherches CNRS au Laboratoire d'études en géophysique et Océanographie spatiales (LEGOS) de Toulouse.
Elle fait partie du «Working group on the anthropocène», un groupe de travail réunissant une trentaine de chercheurs du monde entier (géologues, océanographes, climatologues, historiens, archéologues) qui travaille depuis sept ans sur la question de savoir si nous avons changé d'époque géologique. Actuellement réuni à Cape Town, en Afrique du Sud, ce groupe a considéré à la quasi-unanimité (34 voix pour, une abstention) que l'anthropocène était devenu une réalité. Catherine Jeandel nous explique la signification de cette dénomination, et ses conséquences. Pourquoi pourrait-on désormais parler d'anthropocène ? Il faut d'abord définir ce qu'est une époque géologique. Pour vous, donc, il ne fait aucun doute qu'on est entré dans l'anthropocène, mais quand ? Quels sont les «marqueurs» de l'anthropocène ? Il y a le changement climatique, mais pas seulement.
L’apocalypse n’est plus celle qu’elle était. La revue Esprit a publié dans son dernier numéro un dossier fort intéressant sur les conceptions actuelles de l’Apocalypse, un thème esssentiel à la pensée écologiste, qui a notamment inspiré les analyses de Günther Anders et de Hans Jonas.
Une citation du romancier Julian Barnes illustre parfaitement la problématique : « Alors que dans le passé, les gens se tournaient vers l’avenir en tablant sur l’essor de la civilisation, la découverte de nouveaux continents, la compréhension des secrets de l’univers, maintenant nous contemplons la perspective de grand revirement et d’inéluctable et spectaculaire déclin, où homo redeviendra un lupus pour homini ». L’Apocalypse comme passage vers un autre monde Au vrai, nous rappelle François Hartog, ce « grand revirement » n’a pas toujours été conçu comme la fin de tout.
L’Apocalypse est « la question de la fin et du passage d’un temps à un autre, de ce temps-ci à un temps nouveau et spectaculairement différent ». Sans titre. Institut Momentum, Quatre regards sur l’économie de l’Anthropocène, Actes du colloque du 12 juin 2014. L Anthropocène avec Fabrice FLIPO et Agnès SINAI. ADS: Jean-Baptiste Fressoz - L’Apocalypse Joyeuse.
De quoi l’Anthropocène est-il le nom. À propos de : BONNEUIL Christophe et FRESSOZ Jean-Baptiste [2013], L’Événement Anthropocène.
La Terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, collection « Anthropocène ». L’histoire environnementale a le vent en poupe. À la suite de l’éditeur Champ Vallon et de sa collection « L’environnement a une histoire », plusieurs éditeurs se lancent dans des collections dédiées à ce thème. Le Seuil se distingue en inaugurant une collection « Anthropocène », dans laquelle paraissent simultanément trois titres – L’Événement Anthropocène ; Les Apprentis Sorciers du climat ; Toxique planète. Le premier volume est rédigé par les directeurs de cette collection, Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz.
Trois étapes, un éveil des consciences… L’Anthropocène est un terme récent, formulé pour la première fois en février 2000 par le Néerlandais Paul J. Ou une fable ? Le postulat de Bonneuil et Fressoz tient en une formule : il faut se méfier des grands récits. Bienvenue dans une nouvelle ère géologique, déterminée par les humains pour le meilleur et pour le pire : l’Anthropocène. « Nous ne sommes plus dans l’Holocène mais dans l’Anthropocène !
», lance le prix Nobel de chimie Paul Crutzen devant un parterre de scientifiques [1]. C’était il y a 14 ans. Depuis, de plus en plus de scientifiques commencent à penser que nous avons changé d’époque géologique. De quoi s’agit-il ? L’histoire de la Terre est subdivisée en époques géologiques de plusieurs milliers à quelques millions d’années [2], chacune marquée par un évènement biologique, climatique ou sismique dont le sol, puis les couches sédimentaires, garderont la trace indélébile.
Or, ces mêmes humains, nous, sont aujourd’hui devenus une force géologique, influençant la faune, la flore ou le climat de la même manière que pourraient le faire les courants telluriques faisant dériver les continents. « L’empreinte humaine sur l’environnement est devenue si vaste et intense qu’elle rivalise avec certaines des grandes forces de la Nature, en termes d’impacts sur le système Terre », explique Paul Crutzen [3].