Migrants : la crise européenne expliquée en cartes. Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle. En cette journée internationale des migrants, retour sur plusieurs décennies de migrations forcées par des conflits et la misère. 18 décembre, journée internationale des migrants.
Il y a eu les images des « assauts » coordonnés de centaines de personnes s’écharpant sur des grillages barbelés dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au Maroc. Puis les décomptes macabres des dizaines, centaines, milliers de personnes mortes noyées dans la Méditerranée, les images des survivants hagards après avoir réussi à traverser la mer sur une embarcation de fortune.
Si leur nombre a diminué ces dernières semaines, notamment en raison de conditions météorologiques plus difficile et d’une température de l’eau plus basse, ils sont encore nombreux à tenter de rejoindre l’Europe, certains fuyant la guerre dans leur pays, d’autres la misère. 52,9 millions L’augmentation, progressive, a connu une accélération fulgurante depuis 2005.
Douze fois plus de migrants en janvier 2016 qu'en janvier 2015. Les documentaires à charge d’« Envoyé spécial » n’y feront rien.
Les chiffres officiels de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés le montrent : le flux migratoire vers l’Europe se poursuit, et s’intensifie lourdement. Selon ces statistiques, en janvier 2015, il y a eu 5.550 arrivées par mer (que ce soit via la Grèce ou via Lampedusa), tandis qu’en janvier 2016, il y en a eu 65.775. Soit près de 12 fois plus (11,85 pour être précis). Autre donnée intéressante : la route de Lampedusa est de plus en plus délaissée, au profit de la route des Balkans. Du 1er janvier 2016 au 5 février 2016, il y a eu 67.413 arrivées par la Grèce et 6.029 par l’Italie. L’aide de trois milliards d’euros promise à la Turquie pour qu’elle maintienne sur son sol les réfugiés, ou contienne les migrants économiques (du Maghreb au Pakistan) qui se mêlent aux flux, est sans effet. Les restrictions du passage de la frontière aux seuls Syriens, Afghans etIirakiens sont également sans effet.
Le fantasme de la sécurité à tout prix. Dans quelle société voulons-nous vivre demain ?
Une société sous état d’urgence permanent, ultrasécurisée, barrée de murs, miradors et gardes armés ? Une société où libertés individuelles et principes démocratiques seront sacrifiés au profit d’une surveillance de chaque instant, où les réseaux sociaux seront bridés voire mis sous cloche ? On mesure, ces derniers jours, à quel point la peur, l’impuissance et la fébrilité peuvent altérer le bon sens et la raison. Les politiques ne doivent pourtant pas considérer que répondre à la peur revient à traiter la menace.
«L’opinion est chauffée à blanc par la tuerie de Nice mais c’est le rôle du politique de transformer le désir de vengeance en désir de justice, nous explique le philosophe Michaël Fœssel (1). Pas si simple On voit bien cette tentation menacer un peu partout dans le monde, à commencer par les Etats-Unis, où Donald Trump fonde sa campagne sur le tout-sécuritaire et la stigmatisation de l’«étranger», les musulmans au premier chef.
Prendre dates - Editions Verdier. C’était à Paris, en janvier 2015.
Comment oublier l’état où nous fûmes, l’escorte des stupéfactions qui, d’un coup, plia nos âmes ? On se regardait incrédules, effrayés, immensément tristes. Ce sont des deuils ou des peines privés qui d’ordinaire font cela, ce pli, mais lorsqu’on est des millions à le ressentir ainsi, il n’y a pas à discuter, on sait d’instinct que c’est cela l’histoire. Ça a eu lieu. Et ce lieu est ici, juste là, si près de nous. Il ne vaudrait mieux pas. Il y eut un moment, le 7 janvier, où l’on disait : douze morts, et on ne connaissait pas encore les noms ; on aurait pu deviner en y pensant un peu mais on préférait ne pas.