Antonio Casilli : peut-on encore aimer Internet ? L'acopie. Rien de grand dans le monde ne s'est fait sans copie.
Le numérique est l'apogée de la copie. Copie partout. Copy-party. Mais aujourd'hui il faudrait inventer l'antonyme de copier. Il n'en existe pas. Le numérique donc. Chercher un antonyme à "copier". Décopier ? Apocryphes copies. Alors quoi ? Il y a ce que tout le monde sait. Il y a ce que tout le monde fait. "dans le cadre de l'appropriation marchande (= achat) d'un bien culturel (livre, musique ou film) ce qui nous est présenté comme un acte d'achat impliquant l'usage privatif inaliénable du bien concerné, n'est en fait qu'une location dissimulée, le fichier résident "à distance" et la transaction commerciale se déplaçant à l'unisson, c'est à dire ne désignant plus le bien en lui-même mais plutôt l'autorisation d'accès à distance au dit bien.
Il y a aussi la question de la transmission et de la mort. Bruce (se) fait le (Steve) Job(s) Il y a l'acteur. La pomme était en cristal. Notre Mai-68 numérique est devenu un grille-pain fasciste. Temps de lecture: 13 min Avant, les choses étaient simples.
Il y avait d’un côté les amoureux d’Internet qui refusaient qu’on touche à cet espace de liberté et de l’autre ceux qui considéraient que c’était la pire invention de l’histoire de l’humanité. Mais désormais, ceux-là même qui défendaient le Net emploient des mots comme «danger» ou «dérive». Ainsi de Lawrence Lessig, co-fondateur de Creative Commons, qui a déclaré le week-end dernier: «Je suis pas sûr qu’Internet soit bon à moyen terme». Ces anciens partisans seraient-ils devenus de gros méchants réactionnaires qui veulent brûler ce qu’ils avaient adoré? En réalité, ce ne sont pas les défenseurs du Net qui ont changé de camp, mais Internet lui-même. Le plus fascinant dans cette transformation, c’est que, contrairement à certaines prédictions, elle n’a pas été le fait des politiques. Internet : La fin d’un rêve ? Depuis quelques temps, plusieurs voix se font entendre régulièrement pour nous alerter sur la fin du rêve de l’Internet.
De libérateur, le réseau mondial serait devenu, en deux décades, oppresseur ou plus prosaïquement centralisé et vidé d’idéaux. Une des dernières alertes audibles a été lancée par le blogueur iranien Hosseiin Derakhshan, avec son cri : « Internet se recroqueville ». A sa sortie de la prison dans laquelle il avait croupi pendant six ans pour crime de parole, le blogueur ne retrouvait plus le réseau décentralisé qui lui avait valu les foudres de la justice de son pays. Aux idées, il ne voit désormais se succéder plus que des « likes » et aux textes, des flux continus d’images. «Autrefois, Internet était une chose suffisamment sérieuse et puissante pour m’envoyer derrière les barreaux. Esprit d’Internet, es-tu là ? Le web s’inquiète (encore) de sa propre mort.
Esprit d’Internet, es-tu là ?
Ces derniers jours, beaucoup semblent s’inquiéter de la disparition de ton essence, ta nature, ta version originale. L’Internet qui donnait la parole à tout le monde sur plus de 140 caractères, qui ne censurait pas les forums sulfureux, celui qui n’était pas envahi de spams et de « likes ». Cet Internet semble désormais bien loin, à la lecture des récents posts de blog, éditos ou articles de presse qui dénoncent les reculs et les nouvelles menaces qui planent au-dessus du réseau mondial. Le blogueur iranien Hossein Derakhshan décrit ainsi fin juillet : « Le Web n’était pas envisagé comme une forme de télévision, lorsqu’il a été inventé.
Interne serait à l’agonie. II paraît qu’Internet est mort. Encore ? ! ? « Internet n’a pas vraiment réussi à transformer le monde » Dans le magazine associatif belge Agir par la culture, Aurélien Berthier a eu la très bonne idée de s’entretenir avec Hubert Guillaud.
Hubert Guillaud est le rédacteur en chef d’InternetActu, site d’information sur l’actualité numérique qui fait autorité dans son domaine et partenaire privilégié de Rue89. Mais Hubert Guillaud mène un travail de veille et de réflexion qui en fait aussi un observateur privilégié des nouvelles technologies et de leur évolution à la fois techniques, sociales et politiques. Cet entretien dresse, autour de la question du progrès, un panorama passionnant des idéologies à l’œuvre dans le monde numérique.
Nous le reproduisons avec l’aimable autorisation d’Hubert et d’Aurélien Berthier, que nous remercions. Xavier de La Porte Aurélien Berthier, : La Silicon Valley (notamment au travers des « Gafam » – Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft – ces cinq méga-compagnies américaines qui trustent les technologies numériques) a-t-elle un programme politique ?