Nathalie Heinich - L'aura de Walter Benjamin (Actes de la Recherche en Sciences Sociales n°49, 1983) 108 Nathalie Heinich (prise de conscience dont témoigne exemplairement Walter Benjamin), n'est sans doute qu'un effet en retour des propriétés, éminemment positives, qu'elle a su faire apparaître a contrario dans la peinture (3).
Cet effet de sacralisation a contrario, que Walter Benjamin décrit de façon inversée en parlant d'une désacralisation par la reproduction, il est frappant de constater qu'il le définit parfaitement («à l'endroit») dans le cas de la gravure à la fin du Moyen-Age : «C'est précisément parce que l'authenticité échappe à toute reproduction que le développement intensif de certains procédés techniques de reproduction a permis Rétablir des différenciations et des degrés dans l'authenticité elle-même. A cet égard le commerce d'art a joué un rôle important. Avec la découverte de la gravure sur bois, on peut dire que l'authenticité des œuvres était attaquée à sa racine, avant même d'avoir atteint à une floraison qui devait l'enrichir encore. La nostalgie du progrès 4— Th. Georges Leroux - L'impossible projet parisien de Walter Benjamin, Une relecture des exposés des Passages (Études française, volume 27, n° 3, hiver 1991) Anne Boissière - Apparence et jeu, Valeur cultuelle et valeur d’exposition chez Walter Benjamin (Apparences, n° 1, 2007)
1Je m’attacherai ici au texte de Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, dont la première version date de 1935 et qui a subi plusieurs modifications au cours de ses quatre versions successives jusqu’en 1939.
Ce texte est bien connu et a déjà fait l’objet de nombreux commentaires. C’est toutefois bien souvent au prix d’un nivellement de la problématique de Benjamin, qui nous livre en réalité une pensée complexe, difficile à comprendre en ce qu’elle échappe aux catégories traditionnelles de l’esthétique philosophique. Or irrésistiblement nous avons tendance à la lire et à l’interpréter en mobilisant les outils conceptuels hérités de la tradition philosophique, quitte à les remanier ou à les infléchir mais sans les remettre en cause de façon vraiment radicale. Or c’est à une telle remise en cause que nous invite Benjamin, notamment en ce qui concerne la catégorie de l’apparence. Christian Schärf - Walter Benjamin et Theodor W. Adorno : Critique salvatrice et utopie négative (Tracés n° 13, 2007)
Boyan Manchev - "La terreur et la sortie, Notes sur la critique de la souveraineté" (Rue Descartes, n° 62, 2008/4) 1Par la force de quelle imagination outrée les images du 11 septembre 2001 pourraient-elles être imaginées comme éclats du temps messianique ?
Pourrait-on en effet imaginer ce qu’on appelle déjà l’événement du 11 septembre 2001 sans l’attentat, sans les victimes, sans les dégâts, sans la terreur, comme un événement de rupture sans contenu : la confusion totale, le dérèglement des sens et des médias, le sentiment momentané de suspension de l’enchaînement causal, l’incompréhensibilité absolue, l’interruption de l’ordre et la désorientation du pouvoir ? « Purifiées » de leur contenu de terreur, les images ralenties et muettes de la « catastrophe », telles que nous les avons vues tant de fois, dans la répétition figée des médias, ne seraient-elles pas les éclats de l’« a-présent », les « éclats du temps messianique » [1][1]J’ai évidemment recours à un concept et à une figure fameuse de…[1]J’ai évidemment recours à un concept et à une figure fameuse de… ?
32 Décembre Deuxième Acte, p. 21. Alain Naze - Ni liquidation, ni restauration de l’aura : Benjamin, Pasolini et le cinéma (Appareil, 14/01/2009) 1S’il est possible de considérer que des œuvres, aussi différentes soient-elles à bien des égards, que celles de Benjamin et de Pasolini, se rejoignent quant à une certaine pensée de l’histoire, au moins convient-il d’affirmer d’emblée, contre une pente propre à bien des interprétations, que cet accord se réalise autour d’une conception résolument non romantique de l’histoire.
Une intention parallèle semble en effet guider la démarche de Benjamin relativement à la question de la narration traditionnelle (et tout l’essai sur Leskov peut être considéré comme relevant essentiellement de la philosophie de l’histoire) et celle de Pasolini, relativement à son passage au cinéma (mais on pourrait aussi considérer à cet égard ses prises de position théoriques quant à la littérature), en ce que dans les deux cas on se trouve face à une absence de déploration d’un point de vue théorique. 1 Pier Paolo Pasolini : Dialogues en public, Sorbier, Paris 1980, p. 27. 2 P.P. 12 J.L. 15 J.L. 20 J.L.
Gilles Benham - Walter Benjamin, "Œuvres, I, II et III" (le Mag Philo, 2011) Présentation d'ouvrages Walter Benjamin, trad. de l’allemand par Maurice de Gandillac, Rainer Rochlitz et Pierre Rusch Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 2000.
La publication en 2000 des Œuvres de Walter Benjamin en trois volumes aux éditions Gallimard aura fait date dans l’édition des philosophes marquants et méconnus du xxe siècle. Il faut dire qu’il n’y avait pas, jusqu’à cette date, d’édition scientifique à même de donner une vue d’ensemble de cet auteur. Certains auteurs, tels des bouleversements climatiques progressifs et de longue durée ou des maladies à effets différés, n’émergent et ne prennent une place décisive qu’« après-coup », parfois une, voire plusieurs, générations après qu’ils aient composé leur œuvre. Le troisième tome de ces œuvres de Benjamin condense les textes parmi les plus charpentés et les plus renommés. Jean-Pierre Sirois-Trahan - Phonographie, cinéma et musique rock, Autour d'un impensé théorique chez Walter Benjamin (Cinémas 24/1, 2013) Roberto Salazar - « Véritable état d’exception », « violence pure » et « rédemption », Réflexions sur Benjamin et Agamben (Phantasia, volume 7, 2018)
W.
Benjamin, Sur le concept d’histoire, Payot & Rivages, Paris, 2012. C’est une idée que nous tirons de l’ouvrage de W. Benjamin, Critique de la Violence, Payot & Rivages, Paris, 2012. Nous comprenons la « violence pure » comme une puissance qui devient agissante dans la réalité, une sorte de moteur qui se met en marche afin de transformer l’Histoire en créant un possible tout autre. L’influence de Benjamin sur Agamben provient en effet de ses traductions en italien de plusieurs ouvrages de Benjamin, travail qui lui a fait découvrir le Handexemplar dans lequel il trouve une des thèses de Benjamin inédite jusqu’à l’époque : la thèse XVIII où il fait référence au temps messianique ; cela lui servira par après pour développer ce thème dans son ouvrage Le temps qui reste où il montre la corrélation entre saint Paul et Benjamin.
W. W. W. W. Je me permets de rendre explicite le libre usage de citations qui, selon Agamben, est une des stratégies employées par Benjamin. W. W. G. G. J. J. Correspondance 1933-40 : Hommage à Walter Benjamin (Banyulsinfo, septembre 2015) Maria Mailat - Les messages de Walter Benjamin (Banyulsinfo, 23/09/2016) Arno Münster - Progrès et catastrophe selon Walter Benjamin (19/11/2016) Emmanuel Faye - Walter Benjamin (EUROM, 01/10/2017) Walter Benjamin - Des histoires d'amitié (Arte, 23/01/2013) Walter Benjamin - Écrits radiophoniques (France Culture, Du jour au lendemain, 2014) Walter Benjamin - Écrits radiophoniques (France Culture, La Suite dans les idées, 2014) Tilla Rudel - Walter Benjamin, Une flânerie parisienne (Documentaire, 2018)