Voir Visa pour l'image 2014 : blog France 3 des étudiants en journalisme de l'ESJ Montpellier. 01 sept Collage rue du Castillet à Perpignan.
Le photojournalisme s’affiche à même les murs de Perpignan. D’ordinaire, le collage a lieu de nuit à la sauvage dans les rues de Paris. A Perpignan, Jean-Marc Pujol a donné son accord et l’ambiance est plus bon enfant. André Gunthert : « L’image n’a jamais été aussi importante » Documenter le conflit : mission impossible ? Il y a tout juste un an, alors que le festival international du photojournalisme Visa pour l’Image fêtait ses 25 ans, son directeur Jean François Leroy refusait de célébrer son anniversaire car l’année avait été trop noire pour les photojournalistes : trop de morts, trop de kidnappings. « Il n’y aura pas de feux d’artifices, la profession n’a pas l’humeur, nous ne sommes pas dans un esprit de fête » déclare-t-il à la conférence de presse 2013.
Ces dernières années, les décès de Rémi Ochlik, Lucas Dolega, Olivier Voisin, Camille Lepage, James Foley, il y a à peine quelques semaines, et bien d’autres, n’ont fait que confirmer la difficulté croissante d’exercer ce métier et ce, particulièrement en zone de conflit. Les prix mémoriels se multiplient au nom de ces photojournalistes érigés en « héros » afin d’aider au financement d’un secteur qui peine à trouver des producteurs. Bruno Amsellem : « Ne pas rentrer dans le voyeurisme du reportage » La Croix : Les photographies d’actualité prisespar des amateurs menacent-ellesle photojournalisme ?
Bruno Amsellem : La présence d’amateurs est un recours nécessaire dans des zones où l’information est très difficile à couvrir, comme la Syrie. William Daniels : « Je suis rarement entouré d’amateurs » La Croix : Les photographies d’actualité prisespar des amateurs menacent-ellesle photojournalisme ?
William Daniels : Oui. Pas par leur qualité mais parce que certains journaux sont prêts à tout pour réduire leurs dépenses et satisfaire leurs actionnaires. Certaines rédactions appellent même officiellement les lecteurs à envoyer des images. Comme je ne suis pas vraiment un photographe de « news », je suis rarement entouré d’amateurs ou de confrères professionnels. Comment les photos d’amateurs ont conquis les médias. Finalement, les photos d’amateurs n’ont pas tué le photojournalisme. La plage de Hat Rai Lay, en Thailande, le 26 décembre 2004, quelques minutes avant le séisme de magnitude 9,1 (AFP) La reprise par les médias de photos d’amateurs risque-t-elle de concurrencer celles des professionnels ?
Maxim Dondyuk : « Il y a trop de photographes sur les conflits » La Croix : les photographies d’actualité prisespar des amateurs menacent-ellesle photojournalisme ?
Maxim Dondyuk : Je ne pense pas du tout. Pourquoi le photojournalisme va mal (et quelques raisons d’espérer) Oui, les photographes de presse subissent la crise.
Mais plutôt que de chercher des boucs émissaires, Laurent Abadjian, directeur photo de “Télérama”, explique pourquoi on ne peut que s'adapter aux inéluctables évolutions du métier. « Un news magazine publie une photo des printemps arabes pour 0,58 euro. Une photo de la chute du mur de Berlin ? 0,88 euro. » Dans une tribune parue en mai, Jean-François Leroy, le directeur du festival de photojournalisme Visa pour l'image de Perpignan, déplorait la paupérisation d'une profession, photojournaliste, en s'appuyant sur l'expérience d'un photographe qui voyait par le jeu des forfaits entre agences et magazines ses photos bradées après plus de trente ans d'expérience du terrain. Concrètement, pour une somme payée chaque mois, les magazines peuvent puiser dans les archives des agences autant de photos qu'ils le souhaitent.
La lente et inexorable descente aux enfers Cette crise n'est pas inattendue. Deux photographes face à la crise du photojournalisme. L'un a connu l'âge d'or, l'autre jamais.
Eric Bouvet et Guillaume Herbaut vivent désormais la crise de leur profession. Steven Sotloff décapité par les djihadistes : le journalisme comme cible. Deux semaines après l’exécution de James Foley, l’Etat islamique a revendiqué la décapitation d’un otage ce mardi.
Il s’agirait du journaliste américain Steven Sotloff, même si les Etats-Unis n’ont pas authentifié la vidéo. Le groupe djihadiste avait menacé de s’en prendre à lui. (De Perpignan) Camille Lepage, Anja Niedringhaus, James Foley… La liste de reporters disparus sur les champs de bataille, appareil photo en main, s’allonge chaque année. Images de guerre, guerre des images.
Capture d’écran de la vidéo mise en ligne par l’Etat islamique La 26ème édition du festival de photojournalisme Visa pour l’image débute ce week-end à Perpignan, deux semaines après l’ignoble exécution du photographe américain James Foley par les terroristes de l’Etat islamique .
Encore une fois, la diffusion des images de violence pose question. «Si Visa pour l’image 2014 est violent c’est parce que le monde est violent » a déclaré cette semaine Jean-François Leroy, directeur du plus important festival de photojournalisme, interviewé par la presse catalane. 73 journalistes ont été tués en 2013 et cette année, en 2014, à l’heure où j’écris, ils sont déjà 44 à être recensés par Reporters Sans Frontières (RSF).
Pas une année, où de Perpignan à Bayeux, où est décerné le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, la communauté des reporters ne déplore de nouvelles pertes. Une guerre de communication où la presse est prise au piège… Que montrer au public ? Le débat est complexe. Liens. Visa pour l’image décroche une expo. « Quand j’ai lu la légende de la photo, j’ai eu froid dans le dos » La légende est au pied de l’article, essayez d’abord d’identifier le pays, la scène... (Anja Niedringhaus/Associated Press) Chaque jour, les festivaliers de Visa pour l’image, le festival photo qui se tient à Perpignan (Pyrénées-Orientales), se prêtent au jeu de commenter une photo dont ils ne connaissent ni l’auteur, ni le contexte.
Il s’agit aujourd’hui d’un cliché issu de l’exposition Hommage de Anja Neidringhaus, photojournaliste allemande tuée en Afghanistan en avril dernier. « Cet homme pousse un cri de joie. » En découvrant la photo, William, 19 ans, est sûr de lui. « Il vient de libérer quelqu’un, c’est certain. » L’étudiant scrute le visage de l’homme. « Il exulte. A ses côtés, Anthony est du même avis. « Il célèbre quelque chose, ça se voit à la façon dont il tend les bras. » « Comme un joueur de foot à la fin d’un match que son équipe aurait gagné », ajoute en souriant William.