Trop de robots, trop d’écrans : où sont passés les casseurs de machines ? C’était il y a quelques mois.
En sortant du film « Ex Machina », dans lequel un robot humanoïde (attention spoiler) met une raclée à deux humains, Pierre Haski a énoncé cette question profonde, les yeux dans le vague : « Je me demande quand émergera un vrai mouvement néo-luddite. » Le luddisme. Un mot un peu sale, longtemps oublié, qui a ressurgi en 2006, avec la publication simultanée de trois livres sur le sujet. Trois livres inspirés de ce Ned Ludd, chef légendaire des artisans du textile qui, en Angleterre, au début du XIX e siècle, protestaient contre la mécanisation de leur métier en cassant les machines. Associé à une peur irrationnelle des technologies ou au dernier soupir des perdants de l’histoire, le terme a été utilisé ces derniers mois pour qualifier la lutte des taxis contre l’application Uber.
François Jarrige est historien à l’université de Bourgogne. François Jarrige, à Paris, le 10 mars 2016 - Audrey Cerdan/Rue89 Nous ne faisons que grommeler chacun dans notre coin ? Des technologies pour nous aider à retrouver le sens de la vie. Le designer Sebastian Deterding (@dingstweets), spécialiste de la gamification, était il y a peu invité par le groupe de travail Advancing well-being (sur le bien-être "avancé") du Media Lab du MIT (vidéo).
Il y livrait une très intéressante reformulation d’une présentation faite il y a un an sur le bien-être à l’heure des nouvelles technologies, permettant de mettre un peu de perspective sur les enjeux des systèmes socio-techniques qui sont les nôtres - on en profitera pour se souvenir de sa remarquable présentation lors de Lift 2012. Pourquoi concevons-nous des technologies pour nous accabler ? Alors que les technologies étaient censées nous libérer, nous nous sentons de plus en plus accablés, surmenés, rappelle le designer. Nous sommes dépendants à la distraction que produisent les technologies. Nous vérifions en moyenne 150 fois par jour notre smartphone. Or, souligne Deterding, qui construit ces systèmes socio-techniques dans lesquels nous nous débattons ? Hubert Guillaud. Internet est-il le reflet de notre société?
Daniel Cohen : «Le progrès technique, c’est fini : à preuve la croissance ne cesse de décliner» Quand Daniel Cohen, directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure et du Cepremap (Centre pour la recherche économique et ses applications), défend son livre Le monde est clos et le désir infini (Albin Michel), il parle de l’ouvrage le plus optimiste qu’il ait écrit.
On voudrait le croire quand il souligne que nous devons changer de modèle en arrêtant de nous intoxiquer à une croissance erratique, qui apparaît et disparaît, créant une insécurité économique et sociale insupportable. Que faire ? Se tourner vers le modèle de la flexisécurité mis en place au Danemark pour que la perte d’emploi ne soit plus un événement insurmontable dans la vie des salariés. Les Français doivent sortir de la société de la défiance et se poser les bonnes questions en cessant d’accuser le monde entier. Avec ce nouvel essai, vous nous laissez peu d’espoir. Benoît Thieulin : «L'Internet est sorti du temps de l'innocence» Ce jeudi, un peu avant midi, le Premier ministre présentera à la Gaîté lyrique, à Paris, la «stratégie numérique du gouvernement», à l’issue de la remise d’un copieux rapport préparé par le Conseil national du numérique (CNNum).
Intitulé «Ambition numérique», ce document fait la synthèse d’une concertation de plusieurs mois, organisée à la demande du Premier ministre, qui a réuni quelque 5 000 contributeurs. Des propositions destinées à alimenter la réflexion de l’exécutif, notamment la «grande loi sur le numérique» qui se fait attendre depuis deux ans. Pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait évoqué un «habeas corpus numérique». En octobre 2012, Fleur Pellerin, alors ministre déléguée à l’Economie numérique, avait annoncé un projet de loi pour «garantir la protection des données personnelles et la vie privée sur Internet» pour le premier semestre 2013.
L’avenir de la démocratie n’est pas Internet, mais ce qu’on en fera. J’écris cet article en réponse à celui du Figaro partagé plus tôt sur Rue89 dans une Vigie.
Bon, soyons honnêtes, tout est plus ou moins dans le titre donc faisons court : Internet n’est qu’un outil et si sa forme et ses possibilités impliquent ou indiquent des usages, il est bien certain qu’un outil n’est que ce qu’on en fait. Plus qu’une extension des structures tradis Il y a les vieux réacs et les vieux branchés. Un vieux réac n’a rien compris au XXIe siècle, il tapote sur Twitter pour ses 2 000 abonnés que l’Internet, c’est la lie de l’humanité et que la jeunesse perd son temps dessus. Antonio Casilli : peut-on encore aimer Internet ?