Chine, sur les nouvelles routes de la soie. « Entre la Chine et le Pakistan, la “route de la soie” est devenue un corridor de la dette » Chronique.
Le corridor économique sino-pakistanais qui s’étend du Xinjiang à la mer d’Arabie s’enlise dans les sables mouvants de la dette. Il est pourtant le projet-phare des « nouvelles routes de la soie » (en anglais, Belt and Road Initiative, BRI), ce grand plan destiné à relier l’Asie à l’Europe et à l’Afrique, via de nouvelles infrastructures financées par Pékin. En avril 2015, le président chinois, Xi Jinping, s’était déplacé à Islamabad pour lancer officiellement les travaux de construction du corridor, avec pas moins de 51 accords signés. « Notre amitié est plus haute que les montagnes, plus profonde que les océans et plus douce que le miel », s’était alors réjoui le dirigeant pakistanais, Nawaz Sharif. Depuis, les relations entre les deux pays se sont légèrement refroidies. La réunion du Joint Cooperation Committee (JCC), qui valide les grands projets du corridor, a été retardée à plusieurs reprises à la fin de l’année 2020, puis reportée à une date non définie.
Grèce : le port du Pirée en plein boom grâce à la Chine. Le projet mondial de la Chine : les nouvelles routes de la soie. Vers une nouvelle route de la soie Le dessous des cartes [ Arte ] Les nouvelles routes de la soie. Le projet chinois des « nouvelles routes de la soie » (One Belt, One Road) vise à l’origine à créer un réseau d’infrastructures dédié au transport de marchandises de la Chine vers l’Europe, en passant par l’Asie centrale et l’Afrique.
Les « nouvelles routes de la soie » font référence à l’ancien réseau de routes commerciales entre la Chine, le Moyen-Orient et l’Europe, à une époque où grâce à son commerce, la Chine dominait le monde. Un enjeu économique et géopolitique pour la Chine C’est en 2013 lors d’une visite au Kazakhstan que le président Chinois Xi Jinping a présenté le nouveau projet pour la première fois. La Chine trace les nouvelles routes de la soie. Relier la Chine au Proche-Orient, à l’Afrique et à l’Europe, à la fois par terre et par mer, en créant de nouvelles routes de la soie, tel est l’objet du programme « Une ceinture, une route » du gouvernement de Pékin.
L’économiste Jean-François Huchet analyse les conséquences géopolitiques de ce projet sans précédent. Directeur adjoint du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Asie jusqu’en septembre 2017, vous êtes spécialiste de l’économie chinoise et asiatique1. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet de nouvelles routes de la soie, lancé officiellement en 2013 par le président chinois Xi Jinping ? Que sont les "nouvelles routes de la soie" ?
"Un voisin proche vaut mieux qu'un parent éloigné".
C’est à Noursoultan (ex-Astana) au Kazakhstan, point de confluence des caravaniers, que Xi jinping a choisi en 2013 de poser le premier jalon de la nouvelle Route de la soie, devenue depuis multiple, par un discours inaugural très remarqué à l'Université Nazarbayev. Aujourd'hui baptisé « BRI » (l’acronyme anglais de Belt and Road Initiative, Initiative route et ceinture), ce nouveau passage est en fait une renaissance à notre ère, au XXIème siècle, de l'ancienne Route de la Soie qui reliait la côte pacifique de la Chine à la Méditerranée il y a 2 000 ans, au moment où l’empire du milieu -« le pays des Seres » pour les Grecs et les Romains de l'époque- était au faîte de sa puissance et de sa domination sur le monde.
Avec des nuances à l’aune de la globalisation et de la physionomie mondiale actuelle, car la Chine a désormais un rival de poids : Les Etats-Unis. Pourquoi maintenant ? Combien cela coûte ? Un maillage en expansion constante. Chine-Afrique : « Les nouvelles routes de la soie sont devenues le projet le plus fédérateur à l’échelle mondiale. Place de l’Afrique dans la diplomatique chinoise, bras de fer commercial avec les États-Unis, rôle de la Belt and Road Initiative… Entretien avec Chen Xiaodong, ministre assistant des Affaires étrangères, chargé des affaires d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord, des affaires africaines et des archives.
Nommé à son poste actuel en 2017, Chen Xiaodong est devenu l’interlocuteur privilégié des partenaires africains de la Chine. Il n’a pourtant jamais séjourné sur le continent pour le compte du ministère des Affaires étrangères, qu’il a intégré dès ses 18 ans. Spécialiste du Moyen-Orient, il débute à Pékin au département des affaires d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord, avant de rejoindre l’ambassade de Chine à Riyad, pendant cinq ans. Le diplomate posera ensuite ses valises en Jordanie puis en Égypte, avant de rentrer au pays pour occuper le poste de directeur général adjoint de son département.
La Chine n’a aucune prétention hégémonique. La Chine n’est pas une superpuissance ! Avec les « nouvelles routes de la soie », les pays pauvres pris dans le « piège de la dette » Après les « nouvelles routes de la soie », le mur de la dette.
Les dizaines de milliards de dollars prêtés par Pékin pour inciter les Etats concernés par ce programme à construire des infrastructures risquent de conduire les pays pauvres et émergents à des défauts de paiement en série. En effet, la pandémie de Covid-19 a considérablement affaibli leurs capacités de remboursement. Les recettes fiscales ont diminué en raison du ralentissement économique, les dépenses ont crû pour faire face à la crise sanitaire et sociale, et, pour certains d’entre eux, les revenus dégagés par les exportations de matières premières se sont taris du fait de la chute des cours. Selon le Fonds monétaire international, la moitié des pays pauvres et émergents risquent de connaître – ou connaissent déjà – une crise de la dette.