Gabriel Martinez-Gros «La violence de Daech se nourrit de notre désarmement» Regarder la violence jihadiste sous un autre angle.
C’est ce que propose Gabriel Martinez-Gros, professeur d’histoire de l’islam médiéval à l’université de Nanterre. Dans Fascination du jihad - fureurs islamiste et défaite de la paix qui vient de sortir aux PUF, c’est à la lumière du désarmement des sociétés occidentales qu’il examine le phénomène. Et souligne qu’il est dangereux d’ignorer le poids de la religion dans la radicalisation. Pourquoi le jihad exerce-t-il une si grande fascination sur les jeunes ?
La violence du jihad ne fascine que parce que nos sociétés occidentales, qui avaient l’habitude depuis les révolutions française et américaine, de proposer ou d’imposer les valeurs fondamentales du monde, n’en sont plus capables aujourd’hui. Cette opposition entre majorité pacifique et minorités violentes s’appuie sur la théorie des empires de Ibn Khaldoun, penseur du XIVe siècle. Farhad Khosrokhavar : « On entre dans une forme de féminisme du djihadisme » LE MONDE | • Mis à jour le | Propos recueillis par Jérémie Lamothe Lors d’un entretien donné au Monde, vendredi 2 septembre, le procureur de la République François Molins avait prévenu : « Sur les derniers mois, nous observons une accélération des dossiers de jeunes filles mineures, avec des profils très inquiétants, des personnalités très dures.
Elles sont parfois à l’origine de projets terroristes qui, sur le plan intellectuel, commencent à être aboutis. » Lire aussi : Le procureur de Paris François Molins : « Le risque d’attentat est renforcé » Cette crainte s’est concrétisée dans la soirée de jeudi 8 septembre par l’arrestation de trois femmes à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) dans le cadre de l’enquête sur la voiture contenant des bonbonnes de gaz retrouvées le week-end dernier à Paris. Lire aussi : Essonne : trois femmes interpellées soupçonnées de projeter un attentat Est-ce que cette affaire, qui implique plusieurs femmes, vous surprend ? Lire aussi : Femmes de djihadistes. « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète » LE MONDE | • Mis à jour le | Par Soren Seelow Ils étaient tous là, ou presque.
Comme tous les mercredis. Réunis entre chouquettes et croissants autour de la grande table ovale qui occupe toute la pièce pour la conférence de rédaction. Un rituel immuable depuis la création de Charlie Hebdo. A gauche, comme toujours, Charb, le directeur de la publication. La conférence de rédaction débute généralement à 10 h 30 et s’anime rapidement à la faveur de quelques blagues grivoises.
La réunion se finit quand elle finit, c’est-à-dire quand il est l’heure d’aller casser la croûte aux Petites Canailles, un bistrot de la rue Amelot, dans le 11e arrondissement de Paris. Ce mercredi 7 janvier, personne n’est allé déjeuner aux Petites Canailles. Lire les portraits des victimes : Charb, Cabu, Wolinski et les autres, assassinés dans leur rédaction Voeux prémonitoires « Carnage indescriptible » Douze morts en tout, onze blessés, dont quatre grièvement.
Innombrables menaces de mort « On a tué “Charlie Hebdo” ! Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer. Il est minuit moins le quart dans le siècle.
Nous sommes à un point de bascule historique sur l’islamophobie et le déchaînement du racisme en France et plus largement en Europe. La lecture simplifiée à l’extrême par les médias de cette journée du 7 janviers 2015 va se résumer et s’imprimer dans de nombreux cerveaux « par l’attaque meurtrière contre un journal « de Gauche » par des Musulmans. Cela va déstabiliser et retourner des positionnements politiques. La Peur, la colère, la tétanie, l’incompréhension, la panique morale vont chez certains laisser largement place à la Haine. Au-delà des paramètres d’opportunité militaire qui ont pu justifier le choix de ce journal par ce commando cette attaque correspond à une logique et à une vision politique des tak-taks : précipiter l’affrontement et la radicalisation de fractions importantes de la population. Ne soyons pas hypocrites, Charlie Hebdo n’est pas un ami politique.
Sur cet acte, complotisme et islamophobie vont prospérer. Robert Badinter : «Les terroristes nous tendent un piège politique» Robert Badinter, ancien ministre socialiste de la Justice, réagit à l’attaque contre «Charlie Hebdo».
«Devant un tel crime, préparé et exécuté de sang-froid, c’est d’abord aux victimes que pense chacun d’entre nous. Policiers assumant le risque quotidien auquel les expose leur devoir, journalistes réunis pour accomplir leur mission d’information, sans laquelle la démocratie serait étouffée. Ces journalistes-là sont morts pour nous, pour nos libertés qu’ils ont toujours défendues. Sachons nous en souvenir. L’émotion nous saisit aussi à la pensée de leurs familles, de leurs proches, que le crime frappe au cœur par ricochet et qui vivront désormais comme des invalides, amputés de l’être humain qui était une part d’eux-mêmes.