"Gilets jaunes" : peut-on analyser l’histoire en cours ? Au lendemain de l’acte XII des "gilets jaunes", de ce nouveau samedi de mobilisation axé sur la dénonciation des violences policières, notamment à Paris, à la marche dite «des blessés» (dont la figure du mouvement est Jérôme Rodrigues), et alors qu’un appel à la grève générale a été lancé pour le 5 février 2019, retour sur l’étude d’un mouvement dit inédit par les sciences humaines et sociales… [Les "gilets jaunes"], une sorte de défi, ou d’incitation, pour les sciences sociales à aller y voir de plus près.
(Jean-Claude Monod) Car «Si les événements extraordinaires échappent aux explications ordinaires», ce n'est pas une raison pour baisser les bras. Ouvrage collectif réalisé sous la direction de Joseph Confavreux et rassemblant une vingtaine de contributions, Le fond de l’air est jaune. Gilets jaunes : regards historiques sur une crise (1/5) : Contre la représentation mais pour la démocratie ?
Une des caractéristiques les plus remarquables du mouvement des Gilets Jaunes est sans doute le refus de principe de toute représentation.
Pour comprendre comment les liens entre représentants et représentés ont pu se distendre à ce point, et comment a-t-on pu arriver à une telle défiance, les historiens Gérard Noiriel et Nicolas Rousselier, en ouverture de cette série, apporteront leurs éclairages. Gérard Noiriel : La crise de la représentation est une crise très ancienne. Depuis la Révolution française, on observe une double approche de la citoyenneté : celle qui passe par la délégation de pouvoir : on choisit, on élit des représentants pour leurs compétences, et de l’autre côté, une volonté — que l’on retrouve déjà chez les sans-culottes — de participer directement à l’action politique. "Gilets jaunes" : regards historiques sur une crise (2/5) : Histoire des violences et du maintien de l'ordre.
Emmanuel Laurentin s'entretient avec Laurent Lopez, chercheur associé au Centre de recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales (CESDIP), Arnaud-Dominique Houte, professeur à la Sorbonne-Université, Ludivine Bantigny, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Rouen-Normandie et Anne Steiner, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris-Ouest Nanterre La Défense.
Peut-on encore parler de violence d’état au fur et à mesure que l’on avance dans le XXe siècle ? Laurent Lopez : Il peut y avoir des comportements policiers brutaux ou homicides, et un décalage entre la théorie et la pratique, mais sur la longue durée, et depuis la circulaire de 1930 qui stipule que les forces de l’ordre doivent « remplir leur mission en évitant les conflits brutaux et sanglants », on observe une volonté de l’Etat de pacifier le maintien de l’ordre.
Musiques diffusées. "Gilets jaunes" : regards historiques sur une crise (3/5) : Argent, morale, fiscalité : entre résistances et consentement. Consentement à l'impôt, antifiscalisme et économie morale, comment ces notions entrent-elles en résonance avec le conflit des Gilets Jaunes ?
Emmanuel Laurentin et Victor Macé de Lépinay s'entretiennent avec Frédéric Tristram, Samuel Hayat, Laurence Fontaine, Rachel Renault et Christopher Clark. Emmanuel Laurentin et Victor Macé de Lépinay s'entretiennent avec Frédéric Tristram, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Samuel Hayat, chargé de recherche au CNRS, Laurence Fontaine, directrice de recherche au CNRS, Rachel Renault maîtresse de conférences en histoire moderne à l’Université du Mans et Christopher Clark, professeur d'histoire européenne moderne à l'Université de Cambridge.
Samuel Hayat : C’est en tout cas la thèse de l'historien Edward Palmer Thompson, spécialiste des classes populaires en Angleterre au XVIIIe siècle. Musiques diffusées. Que disent les sciences sociales sur le mouvement des gilets jaunes ? Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement spontané de protestation, à l'origine contre la hausse de la fiscalité sur les hydrocarbures, puis exprimant progressivement un ensemble de revendications plus larges, notamment sociales.
Ses participants ont adopté comme signe de ralliement le gilet de sécurité, un équipement obligatoire en France dans tous les véhicules motorisés. Dans le flot des commentaires politiques et médiatiques, les sciences sociales ont cherché à porter un discours analytique dépassant les jugements à l’emporte-pièce et les raccourcis géographiques. Voici quelques-unes de ces analyses, classées par date de publication. Dernière mise à jour : 12 décembre 2018 Samuel Depraz Samuel Depraz, « La France contrainte des Gilets Jaunes », AOC (Analyse Opinion Critique), 12 décembre 2018. (3 articles gratuits par mois sur inscription). Daniel Oster Alexis Spire. France périphérique et gilets jaunes : le succès paradoxal d’un récit imaginaire. Le mouvement des gilets jaunes semble consacrer le succès d’une représentation déjà enracinée dans les champs médiatique[1] et politique[2], au point d’être devenue le mainstream des discours sur la France contemporaine : celle d’un pays coupé en deux entre métropoles dynamiques et territoires « périphériques » en difficulté.
Ainsi, selon la plupart des commentateurs, la contestation en cours serait l’expression d’une colère, sinon d’une revanche des seconds à l’égard des premières. Un mythe aux pieds d’argile Plus profondément, en dépit de vives controverses, toutes les recherches considèrent que les grandes fractures sociales s’enracinent désormais au sein du monde urbanisé et le traversent à des échelles très fines. De fait, les villes - grandes comme moyennes et petites - sont à la fois les lieux privilégiés de concentration des richesses et les points de fixation de la pauvreté : en France, 2/3 des ménages vivant sous le seuil de pauvreté habitent au cœur des espaces urbanisés.
"Gilets jaunes" : y a-t-il une violence nécessaire ? Avec Gérard Noiriel, historien. « Gilets jaunes » : peut-on comparer le mouvement aux révoltes du passé ?