Tout non-travail mérite salaire. Un revenu d’existence versé à tous, sans conditions ni contreparties ?
L’idée n’est pas neuve. Elle date du XVIIIe siècle. Mais dans des sociétés contemporaines frappées par un sous-emploi permanent, elle fait son grand retour. Un peu partout en Europe, et sous diverses appellations (allocation universelle, revenu d’existence, revenu social garanti…), des pays se disent prêts à expérimenter un nouveau pacte social, dont l’une des premières étapes serait celle d’un revenu de base. En Espagne, Podemos (gauche radicale) l’a inscrit sur la plateforme de son programme électoral. La défaite de la Grèce, la défaite de l'Europe. Jamais, dans le jargon européen, le terme de « compromis » n'aura semblé si peu adapté. « L'accord » atteint au petit matin du 13 juillet entre la Grèce et le reste de la zone euro a désormais des allures de déroute pour le gouvernement grec.
Une déroute qui a un sens pour le reste de l'avenir de la zone euro. Erreur stratégique Avant d'en venir aux conséquences, il faut expliquer cette défaite d'Athènes. Le gouvernement grec avait accepté jeudi soir le plan des créanciers présenté le 26 juin. Un plan déjà extrêmement difficile à accepter pour la majorité parlementaire grecque. L’austérité a échoué: la lettre ouverte de cinq économistes à Angela Merkel.
L’interminable austérité que l’Europe fait ingurgiter au peuple grec ne marche tout simplement pas.
La Grèce a bruyamment signalé qu’elle en avait assez. Conformément à ce que la plupart avaient prédit, les exigences financières de l’Europe ont écrasé l’économie grecque, entraîné un chômage de masse et un effondrement du système bancaire, et rendu la crise de la dette bien plus grave, celle-ci s’envolant jusqu’à un niveau impayable, 175 % du PIB. L’économie est maintenant brisée, avec des recettes fiscales en chute libre, une production et un taux d’emploi dépressifs et des entreprises sous-financées.
L’impact humanitaire a été colossal – 40 % des enfants vivent à présent dans la pauvreté, la mortalité infantile explose et le chômage des jeunes avoisine les 50 %. La corruption, l’évasion fiscale et la mauvaise tenue des comptes des précédents gouvernements grecs ont aidé à créer le problème de la dette. Des sans-tickets parisiens ont trouvé la solution pour ne plus jamais payer le métro. Valéry Giscard d'Estaing lors de l'inauguration du métro lyonnais.
Photo via Ça fait environ sept mois que je vis à Paris sans pass Navigo. La seule fois où je me suis fait attraper par les contrôleurs, c'était sur un trajet entre les stations Anvers et Jules Joffrin qui était censé me coûter 1 euro 70. Après avoir sauté le tourniquet, je n'ai pas pu échapper au barrage de contrôleurs qui s'est dressé face à moi. J'ai écopé de 50 euros d'amende, ce qui me paraît indiscutablement une bonne affaire pour sept mois de transports gratuits. Depuis quelques années, plusieurs usagers des transports en commun ont créé des mutuelles de sans-tickets. Afin de comprendre en détail le fonctionnement de ces mutuelles assez particulières, j'ai contacté Manuel, ancien étudiant de Sciences Po Paris, créateur et usager de ce système depuis des années. Photo : Jean-Claude Delmas/AFP. Bernard Friot : « Le management capitaliste entrave notre désir de participer au bien commun »
Basta !
: On parle désormais davantage de « pouvoir d’achat » que de salaires. En quoi est-ce différent ? Pourquoi préférez-vous le terme « salaire » ? Bernard Friot [1] : La « défense du pouvoir d’achat » ne passe pas par une hausse du salaire mais par la baisse des prix – et donc des salaires – ou par des formes de rémunération sans cotisations sociales : épargne salariale, intéressement, primes… Utiliser le terme « pouvoir d’achat », c’est aussi nous réduire à nos seuls besoins à satisfaire par ce pouvoir d’achat, c’est accepter de réduire le salaire au seul prix de notre force de travail.
J’ai lu Graeber sur la dette et depuis, je balade mon banquier. Son histoire de la dette est un best-seller aux Etats-Unis.
Des transports gratuits ? En voilà une riche idée ! La gratuité est chère au coeur des Aubagnais.
Par « chère », comprenez « précieuse ». Car depuis le 15 mai 2009, les 103 000 habitants de l’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Etoile, dans les Bouches-du-Rhône, n’ont plus à débourser un centime pour effectuer leurs trajets en bus. Cette mesure a fait exploser la fréquentation des transports en commun (+170% en trois ans !) , a redonné vie à l’espace public, et a regarni – un peu – les porte-monnaies. Une petite révolution dans une société du tout-marchand, qui mérite que l’on s’y attarde un peu. Un livre nous y aide. Monnaie M - Expérimentation d'une monnaie complémentaire assortie d'un revenu de base. Travailler deux heures par jour (partie 1)