Dernières nouvelles de l’Utopie, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, août 2006) En août 2005, une soixantaine de personnes – militants politiques, écrivains, journalistes, syndicalistes – reçurent par courrier électronique une invitation quasiment irrésistible.
Michael Albert, proche de Noam Chomsky et animateur du réseau Znet (1), proposait aux destinataires de son message, souvent collaborateurs du réseau, de se retrouver chez lui dix mois plus tard, en juin 2006, pendant cinq jours. Objectif ? Discuter des formes que pourrait prendre la société future. La proposition cumulait les atouts. Lancée près d’un an à l’avance, elle ne risquait pas de buter sur un emploi du temps déjà chargé. L’invitation comportait un avantage supplémentaire : la formulation même du projet. Sur ce point, la promesse fut tenue. C’est peu de dire que Michael Albert a une petite idée de la réponse. Bookchin : écologie radicale et municipalisme libertaire. Texte inédit pour le site de Ballast Murray Bookchin, né en 1921 et décédé en 2006, est aussi peu connu que peu traduit en France.
Cette amnésie est d’autant plus surprenante que ses travaux furent précurseurs dans des domaines qui occupent aujourd’hui le premier plan de toute réflexion politique : le lien entre le capitalisme et l’environnement et la démocratie directe décentralisée. Sur ces deux thèmes, Bookchin a ouvert ou prolongé des pistes d’une inaltérable actualité. Pilier de l’écologie sociale et théoricien du municipalisme libertaire, il fut tour à tour communiste et anarchiste avant de tendre à ce double dépassement.
Murray Bookchin naît dans le Bronx, dans un milieu pauvre du New York yiddish qui compte alors près d’un million d’émigrés. . « Pour l’heure, il refuse d’être ligoté mais croit pouvoir retrouver sa liberté dans la dissidence trotskiste. » En 1939, le Pacte germano-soviétique vient confirmer ses doutes. Transformer l'Etat (4/4) : Free-staters, villes flottantes : faire société sans Etat. En 2001, à l’initiative d’un jeune universitaire américain – Jason Sorens – était fondé le Free State Project.
Il s'agit alors d'un projet politique s’inscrivant dans la pensée libertarienne appelant à la création, dans le New Hampshire, d’une puissance politique suffisamment forte pour imposer ses propres choix politiques, sociaux et économiques. Une sorte de société indépendante qui, à terme, pourrait même faire sécession de l’Etat fédéral, se débarrassant ainsi d’une autorité jugée trop lourde et pas suffisamment centrée sur l’essentiel : la liberté individuelle. Au-delà de ce cas particulier, on constate à travers le monde nombre d’initiatives de ce genre. Des Etats-Unis à l’Europe, des villes flottantes aux éco-communautés ; de nouvelles sociétés se créent, alliant imaginaire libertaire, conscience écologique, cherchant à s’émancipées d’un monde perçu comme de plus en plus chaotique.
Autogestion et expé. Autogestion et expériences communautaires : des conseils ouvriers aux bolo'bolo', en passant par les Diggers et la Commune de Paris...
L'histoire est jalonnée de révoltes et de soulèvements populaires visant à établir de nouveaux rapports entre les humainEs. Ainsi la vie communautaire et la pratique de l'autogestion furent revendiquées et même appliquées par de nombreux individuEs anarchisants ou non dans différentes parties du monde. Voici donc quelques données synthétiques concernant des expériences ou des projets d'alternatives aux systèmes en place. - Utopies pirates, les enclaves et repaires de pirates - La Commune de Paris en 1971, soulèvement populaire ! - Les Bourses du Travail, des lieux autogérés - Anarchisme en Russie, la makhnovtchina - Révoltes au Mexique, 1867-1920, les paysans reprennent la terre - Italie, 1914-1920, des conseils ouvriers se mettent en place - Allemagne 1919, la répression contre les conseils.
La contre-utopie comme cri d’alarme. Si Jonathan Swift, avec ses Voyages de Gulliver, s’attaque avec ironie et humour aux utopies scientifiques de son temps, c’est le XXe siècle qui donne à la contre-utopie ses œuvres majeures : Nous autres d’Evgueni Zamiatine (1922), Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1931) et 1984 de George Orwell (1949).
Dans le collimateur de ces auteurs : la menace que font peser sur l’humanité les tentatives de réalisation de rêves utopistes prétendant, par la science et l’organisation, faire le bonheur des hommes, y compris malgré eux. Zamiatine dénonce le taylorisme tout comme une menace de dictature du parti bolchevique sur la pensée ; Huxley, le fordisme, ce que l’on appellera plus tard la « société de consommation », mais aussi l’eugénisme ; Orwell, le totalitarisme, et plus particulièrement le stalinisme : Big Brother et son ministère de la Vérité imposent une « novlangue » qui a effacé de son vocabulaire tout ce qui peut rappeler la liberté de penser et d’agir de chacun. Coopératisme. Utopie. Histoire d'une utopie AUROVILLE. Utopia.
Dystopia. Utopie. Utopia. Futurism. Le monde de demain...