Les dimensions politiques et stratégiques de l'évaluation en bibliothèque. Le voyageur qui chercherait à tromper son ennui dans l’attente d’un train, aurait la ressource de méditer la charte que la SNCF offre à son regard et qui s’ouvre sur cette citation du Conseil d’État : « À l’origine de tout service public, se trouve un besoin que l’initiative privée ne parvient pas à satisfaire. » L’activité des bibliothèques de service public n’a pas plus de raisons que de chances d’échapper à un principe auquel l’Union européenne manifeste comme on le sait un attachement tout particulier : l’intervention publique ne se justifie que dans des domaines n’étant pas et ne pouvant être assurés par l’initiative privée.
La question n’est pas ici de discuter ce point de vue, mais de prendre acte de son caractère désormais institutionnel. La bibliothécaire toujours raison a. Les bibliothèques, c’est vraiment un drôle de milieu professionnel.
Quand tu débarques là-dedans en gros, y a pas de demi-mesure, soit tu tombes sur la vieille garde ravagée par l’universalité des collections et les rogatons d’un militantisme parti depuis longtemps en sucette, devenu l’alibi vacillant de politiques d’acquisition embourgeoisées et élitistes… Soit c’est le contraire, tu te retrouves avec des bibliothécaires nés dans les années 80, nourris au sein des mass media et restés au stade anal ; ceux-là font le reclassement matinal des livres avec leur iphone sur les esgourdes, s’avalent du web, du seinen et de l’heroic fantasy par intraveineuse toute l’année, et t’expliquent que pour être moderne, il faut monter des rayons sur les vampires et organiser des ateliers de vjing, ou mieux, des tournois de Wii-fit avec des publics empêchés moteur. Au niveau référence culturelle, c’est facile, les premiers aiment le jazz, Ellroy, les tajines, Claude Nougaro et Le Canard enchaîné.
Valeurs du bibliothécaire (addendum) : un décalogue. Dans un précédent billet, je m’interrogeais sur les valeurs symboliques attribuées au bibliothécaire par la vox populi.
Soit dit en passant, je n’en faisais ni une prescription formatrice, ni une description de la réalité, ni une Cité radieuse professionnelle, mais un constat de ce qu’un quidam moyennement cultivé et imprégné d’une culture commune estime caractéristique de ce bibliothécaire imaginé. Ce billet m’a valu quelques discussions, d’ailleurs plus nombreuses dans la "vraie vie" que dans les commentaires au billet ou sur d’autres espaces électroniques. Piqué au vif par plusieurs questions, je souhaite -brièvement – livrer à votre sagacité une réflexion autant qu’une profession de foi.
J’ai tenté de répondre il y a peu à une chercheuse qui me demandait urgemment de donner en quelques mots-clés les "valeurs" du bibliothécaire. Mon interlocutrice me proposait notamment de poser l’exigence puissante du service public. Saint Jérôme, un des patrons putatifs des bibliothécaires... ) . Manifeste de l'UNESCO sur la bibliothèque publique. La liberté, la prospérité et le développement de la société et des individus sont des valeurs humaines fondamentales.
Elles ne peuvent s'acquérir que dans la mesure où les citoyens sont en possession des informations qui leur permettent d'exercer leurs droits démocratiques et de jouer un rôle actif dans la société. Document-1096. Izneo en médiathèque. A quoi sert une bibliothèque ??? Question souvent effleurée en cours, avec des réponses à chaque fois différentes selon la période pour laquelle on pose ladite question.
Je voulais attirer votre attention sur plusieurs textes qui racontent tous la même chose, qui disent tous que la crise (de fréquentation, de fonction, etc …) que traversent actuellement les bibliothèques, annonce non pas la fin du « modèle » de la bibliothèque, mais plutôt son renouveau, un renouveau nécessaire. Le premier texte est celui de Jean-Michel Salaün (professeur, citant lui-même Robert Darnton – historien, professeur et directeur des bibliothèques universitaire de Harvard). Ils expliquent tous deux que la bibliothèque est un média du temps long et illustrent ce renouveau de la fonction des bibliothèques. Extrait. Partout dans le pays (USA) les bibliothécaires signalent qu’ils n’ont jamais eu autant de public.
Jean-Michel Salaün explique plus loin : on a construit la Grande Bibliothèque au moment où l’on inventait Internet ! À quoi sert une bibliothèque ? À quoi sert une bibliothèque ?
La réponse à cette question est, de prime abord, évidente. En effet, il est acquis que la bibliothèque tire son existence du principe même d’égalité d’accès à la culture pour le plus grand nombre. Pourtant, au-delà de ce principe établi et sous un prisme différent – celui de l’élu local –, il est intéressant de savoir à quoi peut servir la construction ou la rénovation d’une bibliothèque. Il se trouve que mon activité professionnelle allie les deux aspects de cette question. En effet, en tant que « sociologue » de la lecture et conseiller en communication politique et publique, j’ai pu mesurer que les enjeux d’une bibliothèque vont bien au-delà de sa mission première. Un bon vecteur de communication.