Les phénomènes de land grabbing. Limiter l'accaparement des terres agricoles. C'est une carte du monde, d'apparence anodine, mais qui jette une lumière crue sur l'un des phénomènes les plus spectaculaires de la mondialisation : la course à la terre. Ce document, la Matrice des transactions foncières (Land Matrix), consultable depuis vendredi 27 avril sur Internet, donne l'état des lieux des acquisitions et locations de terres agricoles par des acteurs étrangers, publics ou privés, soucieux de subvenir aux besoins alimentaires de la population de leur propre pays. Ce travail a été réalisé, à partir de données rassemblées pour la première fois, par un groupe de chercheurs appartenant, entre autres, au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et à l'université de Berne. Ce qu'il montre confirme les soupçons des détracteurs de la "course à la terre", qui voient dans cette évolution récente un accaparement, à l'échelle mondiale, des terres arables au profit des pays les plus riches.
Main basse sur la terre. « Land grabbing » et nouveau colonialisme. Terre et pauvreté en Afrique. Planète à vendre. Les crises alimentaire et financière qui ont secoué le monde en 2008 ont eu un effet méconnu du public.
Elles ont provoqué une incroyable course pour la mainmise sur les terres cultivables partout dans le monde. En deux ans, plus de cinquante millions d’hectares ont déjà changé de mains. Et des dizaines de millions d’autres sont en voie d’être cédés. À tel point que l’ONU s’en est alarmé : le patron de la FAO, Jacques Diouf, a dénoncé « le risque d’un néo-colonialisme agraire »… Les acquéreurs : des investisseurs et des industriels des pays riches ou émergents (Japon, Chine, Inde, et de nombreux pays du Golfe), soutenus par leurs gouvernements, qui cherchent à garantir la sécurité alimentaire de leur pays.
Résultat : une ruée sans précédent vers les meilleures terres des pays sous-développés. Ce film est une enquête sur trois continents, parce que la question de l'accaparement des terres est globale. Qui rachète l'Afrique ? Cent hectares par ici, quelques milliers par là.
Chaque semaine, des acteurs publics ou privés achètent des parcelles de terres en dehors de leurs frontières. Le plus souvent pour produire de la nourriture sur des sols plus fertiles. Le plus souvent aussi sans consultation, voire au détriment des habitants sur place. Ce phénomène, appelé accaparement des terres, s’est généralisé au début des années 2000 et progresse depuis, contrat par contrat, sans faire de bruit. Un groupe de chercheurs a décidé de rompre le silence, à coup de tableurs Excel.
Bien que non exhaustives (voir encadré au bas de cet article), ces données confirment plusieurs tendances inquiétantes sur ce phénomène en marche : 1) Ces contrats sont conclus dans les pays les moins avancés et en manque de nourriture, notamment en Afrique Indonésie, Congo, Zambie, Soudan, Ethiopie, Philippines.. 2) Les terres achetées servent peu ou pas à l’agriculture vivrière 3) Ces ventes se font au détriment des habitants sur place.