Ce que voit un ordinateur quand il rêve. Person of Interest : la surveillance des données individuelles pour anticiper les crimes. Amateurs de la série TV Person of Interest ? Vous êtes-vous déjà interrogés sur la réalité des scénarios présentés du point de vue des sciences du numérique ? Aujourd'hui, Interstices inaugure sa rubrique « L'informatique - ou presque - dans les films » en décortiquant pour vous quelques éléments de cette série.
Person of Interest. Série télévisée diffusée sur CBS depuis 2011, sur TF1 depuis 2013.Prod. : Kilter Films, Bad Robot, Warner Bros. Television (durée des épisodes : 43 min.) Commençons par le pitch de la série : Finch, un informaticien de génie, a conçu une « machine » afin d'aider le gouvernement des États-Unis à anticiper les actes terroristes. Maintenant, observons les domaines de recherche impliqués dans une telle affaire. Cette liste nous donne un aperçu de l'étendue des sujets possibles pour la rubrique « L'informatique - ou presque - dans les films », mais nous laisserons de côté ces domaines pour l'instant. De la fiction à la réalité... Détecter les fausses alertes. Le futurologue en chef de Google annonce la fin de la vie privée. Vinton Cerf, l'un des précurseurs d'Internet et qui occupe le poste de Chief Internet Evangelist (sic) chez Google a récemment déclaré que sur le web "la vie privé sera anormale" et qu'il y aura "une difficulté croissante pour y parvenir".
L'imbrication de plus en plus importante d'Internet dans notre existence a-t-elle détruit notre vie privée ? Fabrice Epelboin : Oui, incontestablement. Et par "internet", il faut entendre "systèmes d'informations" en général, c'est-à-dire que votre téléphone portable - fut-il de première génération - ou votre carte bancaire, par exemple, sont tout autant coupables que votre connexion internet. Nous essaimons en permanence des informations personnelles, et ce à un rythme sans cesse plus important, c'est l'un des éléments de la vie moderne qu'il faut saisir pour comprendre l'ampleur du phénomène et la situation 'numérique' de la vie privée.
La perte de vie privée déjà constatée par l'importance croissance d'Internet est-elle irréversible ? On est tous des Joseph K. Films Bien avant qu’éclate le scandale de la surveillance électronique systématique de citoyens américains innocents par une agence de renseignement, une histoire mise au jour par le désormais célèbre Edward Snowden, le cinéaste Gilles Blais signait pour l’ONF une œuvre de fiction puissante dans sa forme, troublante dans ses pronostics sur la société gouvernée par Big Brother. Oui, ça fait un peu drôle de regarder un film comme Joseph K. – l’homme numéroté, sachant qu’il a été réalisé il y a plus de 20 ans, soit bien avant l’utilisation massive d’internet et l’apparition des réseaux sociaux.
Joseph K., c’est un vendeur dans la quarantaine qui est en attente d’une promotion importante dans une boutique de vêtements. Convaincu que son entrevue s’est bien déroulée, il attend patiemment que le verdict tombe. Un film qui n’a pas perdu de sa pertinence, c’est le cas de le dire. Photo : badjonni via Compfight cc. Le logiciel qui prédit les délits. Santa Cruz, en Californie, août 2012. Il est 12 h 30. Un policier arpente une rue tranquille qu'il n'a pas l'habitude de surveiller. Quelques minutes plus tard, il arrêtera deux hommes en flagrant délit : ils tentaient de voler un véhicule. Quelques mois auparavant, deux de ses collègues qui "planquaient" aux abords d'un parking du centre-ville avaient interpellé deux femmes qui cherchaient à forcer la portière d'un véhicule. Dans les deux cas, les policiers n'étaient pas là par hasard. Ils se doutaient qu'un délit allait être commis à cet endroit précis et ce jour-là.
L'informateur qui leur a transmis le tuyau n'était pas un indic à l'ancienne rencontré discrètement dans une impasse... mais un logiciel d'ordinateur. Pour un peu, on se croirait propulsé dans le film de science-fiction de Steven Spielberg, Minority Report (2002), dans lequel des humains mutants prévoient les crimes à venir grâce à leur don de prescience. Louise Couvelaire.