Comprendre la désinformation
D’abord employée pour contester les médias, la désinformation prend aujourd’hui de nouvelles formes par la multiplication exponentielle et la rapidité des informations échangées via Internet. Les médias sont mis en accusation depuis les années 1980-90, notamment à la suite du traitement médiatique de la révolution roumaine (le « charnier » de Timisoara) et de la guerre du Golfe. Intellectuels, professionnels et opinion publique mettent de plus en plus en question la surabondance de l’information et l’abus du spectaculaire, notamment au moyen des images dérobées, reportages plus ou moins bidonnés, faux scoops, voyeurisme inconvenant et recours au sensationnel. Si les médias alternatifs présents sur Internet aident à lutter contre la désinformation institutionnelle, le web véhicule également rumeurs et canulars, tout en permettant la diffusion de tout type de propagande. Définition une manipulation de l’opinion publiquedes moyens détournésdes fins politiques internes ou externes La rumeur
« La disponibilité de l’information entrave sa crédibilité »
Cet entretien a été réalisé le 20 mars 2019 dans le cadre du colloque « Les démocraties à l’épreuve des infox » organisé conjointement par l’INA et la BNF. Gérald Bronner est sociologue professeur à l’université Paris Diderot et membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie des technologies. Votre intervention se focalisait sur la crédulité des publics. Qu’entendez-vous par ce terme ? Gérald Bronner : Nous avons tendance, statistiquement, sur le grand nombre, à endosser des propositions intellectuelles, des idées, des représentations du monde qui ne sont pas toujours sélectionnées de façon optimale. Le phénomène des fake news indique-t-il que nous sommes plus crédules qu'auparavant ? Gérald Bronner : Je ne le dirais pas. « Il n'y a jamais eu autant d'informations disponibles aujourd'hui que n'importe quand dans l'histoire de l'humanité » Diriez-vous, qu’en réalité, il n’y a rien de vraiment nouveau derrière les fake news ? Pouvons-nous on essayer d'être moins crédule ?
Influenceur : ultime déclinaison des "bullshit jobs"
C'est bien ça comme métier... Influenceur, à priori ça fait un peu visiteur du soir, genre "devenez Kissinger", ou bien Attali, Minc, Attalinc... Mais, en fait non, pas du tout : influenceur, c'est le nouveau métier qui se développe via les réseaux sociaux — évidemment — et notamment sur YouTube, Dailymotion et autres sites de partage vidéo. Pour le dire de manière abrupte et quelque peu tautologique, l'influenceur est là pour influencer, vous influencer. A ce stade, vous vous dites peut-être que vous allez devenir vous aussi influenceur, s'il s'agit simplement de se filmer avec vos courses, c'est à peu près à la portée de tout le monde. Tout vous est donné en ce bas monde, y compris la personne à imiter, et cela marche : les influenceurs influencent.
Cinq podcasts pour s’éduquer aux médias et démêler le vrai du faux
Avec la multiplication des écrans et des réseaux sociaux, on observe une recrudescence de désinformation et de théories non vérifiées. L’éducation aux médias est donc primordiale pour apprendre à démêler le vrai du faux. Voici cinq outils bienvenus pour y voir plus clair. Par Sébastien Porte Publié le 13 novembre 2020 à 16h00 Mis à jour le 19 août 2021 à 12h07 Partage LinkedIn Facebook Twitter Envoyer par email Copier le lien Alors que nous vivons confinés en tête à tête avec nos écrans, miroirs déformants d’un monde en plein bouleversement, l’éducation aux médias est plus que jamais une nécessité. Fonds du 11 Janvier : la fabrique du citoyen Créé sous l’égide de la Fondation de France au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et de la manifestation historique qui a suivi, le 11 janvier 2015, le Fonds du 11 Janvier propose sur son site une collection de sept podcasts axés sur les questions de laïcité, de citoyenneté et de lutte contre la désinformation.
Les enfants du numérique à la recherche d’informations
Les statistiques le disent, les jeunes sont équipés, connectés, et même hyper-connectés, puisqu’ils passent en moyenne 13h 30’ par semaine sur internet pour les 13-17 ans, et beaucoup plus de temps encore devant les écrans. Ce temps passé depuis leur plus tendre enfance à manipuler des objets numériques a sans aucun doute des conséquences sur leurs comportements, sur leur façon de penser, de voir le monde, de réfléchir, d’apprendre. Et l’Ecole ne peut plus éluder le problème. La question d’une révolution de la pensée et de l’expertise dans la société de l’information est posée depuis plus de deux décennies. Auteur de la célèbre formule choc des « digital natives » qu’il oppose aux « digital immigrants », Mark Prensky, affirme dès 2001 que « nos étudiants ont radicalement changé. Les étudiants d’aujourd’hui ne sont plus ceux pour qui le système éducatif avait été créé ». CC Wikimedia Commons Anne Fiedler Cordier A., 2015, Grandir connectés. CC Pixabay OpenClipartVectors Anne Lehmans
Ressources - Déconstruire la désinformation et les théories conspirationnistes
L'apport de l'Education aux médias et à l'information (EMI) et de l'esprit critique L’éducation aux médias et à l’information met l’accent sur la capacité des élèves à analyser l’information et la source dont elle émane. Le programme pour le cycle 4 cite comme première compétence de l’EMI « Une connaissance critique de l’environnement informationnel et documentaire du XXIème siècle. » Outils pour l'école, le collège et le lycée Dans le premier degré Pour le premier degré, la vidéo Vinz et Lou « La vérité ne sort pas toujours de la bouche d'internet » permet, sans traiter directement de la rumeur, de lancer le débat avec les élèves sur la manière dont ils vérifient les faits et croisent les informations. Toujours dans le premier degré, le site de l'IEN de Cluses (académie de Grenoble) met en ligne le travail de Rose-Marie Farinella qui fait passer à ses élèves un diplôme d'apprenti hoaxbuster à travers une séquence du 8 séances. Pour le collège et le lycée Réagir face aux théories du complot
« Ce n’est pas la post-vérité qui nous menace, mais l’extension de notre crédulité »
Entretien avec Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris Diderot, auteur de plusieurs ouvrages sur les croyances collectives et la cognition dont notamment « L’empire des croyances » (PUF, 2003), « La pensée extrême : comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques » (Denoël 2009) et « La démocratie des crédules » (PUF, 2013). M.H. : Le mot « post-vérité », en anglais post-truth, a été désigné par Oxford Dictionaries comme mot de l’année 2016. Cela veut-il dire que nous vivons dans des sociétés où la distinction entre le vrai et le faux n’a plus d’importance ? G.B. : Ce terme de « post-vérité » me semble mal choisi. Mais il ne faut pas croire que nous sommes devenus tout d’un coup indifférents à la vérité par l’effet d’une quelconque mutation. Il en va de même pour le marché cognitif. M.H. : Faut-il en conclure, qu’en dépit de notre intérêt très réel pour la vérité, nous sommes tous des croyants ? G.B. : C’est effectivement ce qu’il nous faut admettre.
Adieu Darknet, bonjour Librenet
C’est l’endroit désigné de tous les vices, de toutes les horreurs, de toutes les abominations : vente de drogue, trafic d’armes, tueurs à gages, organes en soldes sans oublier l’indispensable espace de tous les complots, terroristes au premier chef. Tel est le Darknet dans l’imaginaire populaire. Son nom dit d’ailleurs toute son obscurité. Mais si le Darknet n’était pas que le lieu virtuel de toutes les criminalités ? Adieu Darknet, bonjour Librenet. Et pour arpenter le côté obscur des internets mondiaux, La Méthode scientifique a le plaisir d’accueillir Amaëlle Guiton, journaliste à Libération, spécialiste du numérique et des réseaux, « Hackers, au cœur de la résistance numérique » aux éditions du Diable Vauvert et Jean-Philippe Rennard, économiste, informaticien et professeur à Grenoble Ecole de Management. Rencontre avec Olivier Tesquet, journaliste à Télérama : Écouter 7 min LA_METHODE_SCIENTIFIQUE - Reportage Le Darknet . Références musicales :