Hervé Jactel - « Les forêts de plantations possèdent la plupart des attributs des forêts dites naturelles » Le Monde - 29/08/202 - Tribune. Autant je suis très admiratif des travaux du botaniste Francis Hallé sur l’architecture des arbres, autant je ne comprends ni ne partage sa diatribe contre les forêts de plantations, publiée dans le journal Le Monde du 16 août (« Ne prenons plus les plantations d’arbres pour des forêts »), car la plupart de ses affirmations vont à l’encontre des derniers travaux scientifiques. Certes, les forêts de plantations sont créées et gérées par l’homme, mais elles possèdent la plupart des attributs des forêts dites naturelles, avec une forte diversité génétique entre les arbres qui les composent (en France, seules les peupleraies peuvent être des plantations monoclonales), une disparité de leur forme et de leur hauteur qui permet un étagement de mousses, plantes herbacées et arbustes en sous-bois, ainsi que des interactions riches et complexes avec la faune et la flore. 10 % de la faune française Caricature manichéenne
Le littoral : une enquête historique à l’ère de l’Anthropocène par Giacomo Parrinello, Centre d’histoire* L’environnement littoral : un acteur oublié La terre vue de nuit pas le satellite Suomi-npp_9e2 © Nasa, 2000 Les zones côtières hébergent aujourd’hui plus d’une moitié de la population mondiale, y sont aussi implantées des grandes villes portuaires, des régions touristiques majeures, des zones industrielles stratégiques. C’est le résultat d’une histoire que l’on croit bien bien connaître : celle de la modernisation, du progrès industriel, de l’urbanisation et de l l’émergence graduelle d’une société des loisirs et du tourisme de masse. Pourtant c’est une histoire incomplète dans laquelle un acteur majeur est toujours oublié : l’environnement littoral.
Jean-Baptiste Fressoz : « Désintellectualiser la critique est fondamental pour avancer » 18 juin 2018 Entretien inédit pour le site de Ballast C’est un mot qui a trouvé sa place dans les débats environnementaux : Anthropocène. Les humains seraient ainsi devenus une force géologique à même de modifier le système Terre. Si le concept a un certain mérite, il a toutefois la fâcheuse tendance d’unifier l’humanité de manière indifférenciée : désigner l’espèce humaine comme responsable de la crise environnementale, c’est oublier les rapports économiques, sociaux et coloniaux qui, sous l’effet de la classe dominante, ont conditionné le changement climatique. Co-auteur, avec Christophe Bonneuil, de L’Événement Anthropocène, Jean-Baptiste Fressoz est historien des sciences et des techniques : en interrogeant les catégories et les récits qui nous permettent de penser la crise climatique, il souhaite repolitiser l’histoire longue de l’Anthropocène.
Martine Chalvet - France culture - Une histoire de la forêt - 35' Avec nos partenaires, nous traitons vos données pour les finalités suivantes : le fonctionnement du site, la mesure d'audience et web analyse, la personnalisation, la publicité et le ciblage, les publicités et contenus personnalisés, la mesure de performance des publicités et du contenu, le développement de produit, l'activation des fonctionnalités des réseaux sociaux. Vos préférences seront conservées pendant une durée de 6 mois.
L'homme et son environnement dans la révolution industrielle - Vidéo Histoire Au début du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle, émerge l'idée que c'est à travers la croissance économique et donc la maîtrise de la nature que sera résolue la question sociale et qu'on réussira à clore l'ère révolutionnaire. Enfoui sous la terre depuis des millénaires, le charbon, véritable cadeau de la nature, devient le premier combustible de cette révolution. Partout en Europe des usines poussent comme des champignons. Une histoire profonde de l'anthropocène Anthropocène, concept pour happy few il y a encore quelques années, le mot peuple désormais quotidiennement les colonnes des journaux et résonne souvent à la radio, notamment celle que vous êtes en train d’écouter. Anthropocène donc pour dire cette nouvelle ère géologique au cours de laquelle l’activité humaine a affecté de façon décisive l’écologie et l’atmosphère de la planète Terre. Le constat s’impose mais les débats ont cours à propos du point de départ.
La forêt française est prête pour la reconstruction de Notre-Dame L’assertion a largement été reprise dans les médias. Mais, en déclarant, mardi 16 avril sur France Info, que la charpente de la cathédrale de Notre-Dame de Paris ne pourrait être reconstituée à l’identique car « nous n’avons plus sur notre territoire d’arbres d’une taille telle que ceux qui ont été coupés au XIIIe siècle et qui constituaient ce qu’on appelle la forêt primaire », le vice-président de la Fondation du patrimoine, Bertrand de Feydeau, s’est tout simplement trompé, à en croire les professionnels de la sylviculture. Du ministère de l’agriculture, chargé de la politique forestière, à l’Office national des forêts (ONF), comme chez les spécialistes des chantiers de restauration, on est formel : la forêt française, l’une des plus importantes d’Europe, notamment en feuillus et en chêne tout particulièrement, sera au rendez-vous du chantier de la reconstruction de la cathédrale si on la sollicite. Le chêne, l’arbre de la justice « On a la capacité en termes de ressources »
Le climat fragile de la modernité « On pourrait fixer le début de l’Anthropocène à la dernière partie du XVIIIe siècle : à ce moment-là, les analyses de l’air emprisonné dans les glaces polaires montrent le début de l’augmentation des concentrations mondiales de dioxyde de carbone et de méthane. Cette date se trouve également coïncider avec l’invention par James Watt de la machine à vapeur en 1784 ». Paul Crutzen aurait aussi bien pu indiquer une autre coïncidence, à vrai dire plus troublante : la publication, en 1780, des Époques de la nature de Buffon. Au moment précis où l’humanité devient une force géologique, Buffon explique que « la face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme ». Cette influence s’exerce même sur le climat : en gérant convenablement son environnement, l’humanité pourra « modifier les influences du climat qu’elle habite et en fixer pour ainsi dire la température au point qui lui convient ».
L’Anthropocène cartographié Des données et des cartes pour expliquer l'"Anthropocène"au plus grand nombre, tel est le défi de notre invité, François Gemenne, et de ses collaborateurs. Chercheur à l’université de Liège, enseignant à Sciences-Po et membre du Giec, François Gemenne a notamment co-fondé l’observatoire Défense et Climat à l’IRIS. Spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement, il a également été directeur exécutif du programme de recherche interdisciplinaire "Politiques de la Terre" à Sciences Po (Médialab). Il nous parle de l’Atlas de l’anthropocène (Presses de Sciences-Po), qu’il a dirigé avec le docteur en écologie Aleksandar Rankovic et l’Atelier de cartographie de Sciences-Po. Un ouvrage préfacé par Jan Zalasiewicz etpostfacé par Bruno Latour, et un travail pionnier : personne ne s’était jusque-là essayé à cartographier les grandes données du changement d’époque actuel.
Les révolutions du néolithique Le néolithique marque le passage de l’humanité d’une culture de subsistance s’appuyant sur la cueillette et la chasse à une organisation sociale fondée sur l’agriculture et l’élevage. D’un état de dépendance à une nature « dominante » à son asservissement progressif. L’archéologue Jean Guilaine, professeur au Collège de France, directeur d’études à l’EHESS et membre de l’Institut, est l’un des grands spécialistes de cette révolution. Il y voit « la seconde naissance de l’homme », titre de son dernier ouvrage, qui reprend une sélection de ses articles et conférences – on regrettera l’impression de « copier-coller » donnée par cette compilation, malgré la brillante introduction qui les met en cohérence. Une seconde naissance parce que cette étape du néolithique propulse l’humanité « aux portes de notre monde historique ».