Meurtres et mensonges d'État : la police française a tué au moins 12 personnes durant le confinement
Durant ces 2 mois de confinement, si un certain nombre de violences policières ont pu être dénoncées grâce aux images et aux révoltes dans les quartiers populaires et mises en lumière dans les médias, les morts liées aux interventions de la police sont restées dans l’angle mort. Malgré un article publié le 20 avril sur cette situation, largement relayé et suivi de tribune, aucun média national n’a titré sur ces morts, aucun média national n’a titré sur ces morts. À la fin de ce confinement, c’est 12 personnes qui sont mortes à cause de la police. À ce rythme, personne ne peut continuer à parler de bavures isolées.
Quelle « violence légitime » ?
Ils auront matraqué des personnes âgées, frappé des handicapés en chaise roulante, tiré au LBD sur des ados, agenouillé des classes entières, lancé des grenades à l’intérieur des appartements, tué une vieille dame — et puis bien sûr visé les yeux, lancé les GLI-F4 en cloche, arraché des mains. Ils auront tout fait — la police de Macron. Maintenant la haine de la population est sortie, et elle ne rentrera pas de sitôt dans le tube. Sa légitimité est constituée, entière, incontestable. La population hait la police et personne ne pourra lui dire qu’elle n’a pas raison.
Maurice Rajsfus, encyclopédie des violences policières
Les fiches bristol sont si serrées dans leur boîte en plastique qu’il peine à les sortir. Maurice Rajsfus feuillette certains des articles qu’il a, sur plus de quatre décennies, soigneusement découpés et collés sur chacune de ces feuilles cartonnées : «Tous les soirs, quand je rentrais de mon boulot, je m’attaquais à ça.» L’homme de 91 ans sait ce qu’il cherche - un article du 4 mai 1979 - mais ne le retrouve pas. Il s’attarde donc sur d’autres fiches, d’autres faits.
Arié Alimi : « Il ne reste plus à ce pouvoir que la violence »
07 février 2020 Entretien inédit pour le site de Ballast Aux opposants à ses contre-réformes libérales, Emmanuel Macron rétorque qu’ils n’ont qu’à « essayer la dictature ». De l’Élysée à la place Beauvau, on exalte l’usage « légitime » de la violence contre les manifestants et l’on nie vigoureusement le caractère systémique des violences policières. Pendant ce temps, les avocats jettent leurs robes dans les tribunaux, aux pieds de la garde des Sceaux. Arié Alimi n’a pas choisi le droit par vocation : cet avocat de 42 ans s’est pourtant imposé comme une figure de la défense des libertés publiques et du combat contre l’impunité des auteurs de violences policières.
Décès suite à une intervention policière : les deux-tiers des affaires ne débouchent sur aucun procès
« Je peux vous assurer qu’il n’y a aucune impunité pour la police ». Invité par le journal Le Parisien début juin, le directeur général de la Police nationale, Frédéric Veaux, se veut catégorique face aux lecteurs désireux d’obtenir des explications, dans le contexte d’une mobilisation d’une ampleur inédite contre les brutalités policières [1]. Depuis la mort de George Floyd aux États-Unis et à l’appel du Comité Adama, du nom de ce jeune homme mort pendant son arrestation à Beaumont-sur-Oise en juillet 2016, plusieurs dizaines de milliers de manifestants descendent dans la rue pour obtenir « vérité et justice pour toutes les victimes de la police ou de la gendarmerie ».
L’émeute est une fenêtre qui s’ouvre sur le monde extérieur à l’État.
Alors que les journaux télévisés diffusent à intervalles réguliers des images d’émeutes – en France en 2005, à Villiers-le-Bel en 2007, mais aussi en Grèce ou en Thaïlande début 2010 – les commentateurs peinent souvent à mettre des mots dessus et à expliquer ce phénomène. Alain Bertho, professeur d’anthropologie à l’Université de Paris 8-Saint Denis, après avoir étudié les banlieues et la crise de la politique, s’intéresse désormais aux émeutes comme phénomène mondial ancré dans le contemporain. "L’émeute, écrit-il, n’énonce pas une insuffisance du champ politique qui devrait s’ouvrir pour intégrer de nouvelles revendications, de nouveaux enjeux et de nouveaux acteurs. Nous sommes en présence de quelque chose de plus profond qui dit l’épuisement de l’espace public moderne et des formes d’action collective qui s’y sont déployées, qui vient affronter la nature même du champ politique moderne et son langage". Nonfiction.fr- Est-ce à dire que ce sont des mouvements apolitiques ?
Les forces de l’ordre social, par Laurent Bonelli (Le Monde diplomatique, juillet 2020)
Les images de l’agonie de George Floyd, étouffé par un policier de Minneapolis sous le regard impassible de ses collègues, ont déclenché une vague de protestation d’une ampleur inhabituelle aux États-Unis. Des centaines de milliers de personnes se sont réunies un peu partout sur le territoire pour dénoncer avec véhémence, parfois avec violence, le traitement discriminatoire des minorités par la police. Quelques jours plus tard, des dizaines de milliers de manifestants se rassemblaient à Paris et dans plusieurs villes françaises, à l’appel du comité Vérité et justice pour Adama, constitué en mémoire d’Adama Traoré, qui avait trouvé la mort en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes. Aux côtés de simples citoyens défilaient des personnalités politiques de premier plan, alors que le mouvement recevait le soutien de vedettes du cinéma, du football ou de la chanson.
Violences policières : un mort par mois, en silence
5 novembre 2016, Paris. Plusieurs centaines de personnes marchent, au départ de la place du Châtelet, laissant ainsi le Palais de Justice dans leur dos pour aller vers la place de la République. Tout un symbole.
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Arié Alimi : violences policières et stratégie de maintien de l'ordre
Dimanche 2 juin 2019, au Lieu-Dit, Arié Alimi, avocat des victimes de violences policières, retrace l’historique du maintien de l’ordre en France et les justifications étatiques qui l’accompagnent. Il revient sur les quelques procès qui ont eu lieu pour condamner des membres des forces de police. A l’heure où les grand·es blessé·es des différents actes des Gilets Jaunes défilent dans Paris, s’interroger sur les violences policières n’est pas anecdotique.
L'Elysée paie en partie les frais de justice de Claude Guéant, ex-secrétaire général de l'Elysée et ex-ministre de Nicolas Sarkozy
C'est une information révélée par France Inter. Le budget du palais présidentiel pour les frais de justice est passé d'environ 2 000 euros à près de 160 000 euros en un an. La défense judiciaire de plusieurs personnalités, dont Claude Guéant, poursuivi dans l'"affaire des sondages" est financée par le budget de l'Elysée, affirme France Inter vendredi 6 août. Ces dépenses pour la "protection juridique" d'actuels ou ex-collaborateurs de la présidence de la République sont légales. Elles ont fortement augmenté en 2019, atteignant un peu moins de 160 000 euros l'an passé. L'Elysée a expliqué à France Inter cette augmentation de l'enveloppe consacrée aux frais de justice de ses ex-collaborateurs et collaborateurs mis en cause par la justice par "les variations du rythme judiciaire, des à-coups dans les procédures".
Vidéos de violences policières soumises à deux avocats
France Inter a décidé de mettre en lumière huit cas de violences policières présumées (sept vidéos et une série de photos) symptomatiques des violences qu'ont pu subir des "gilets jaunes". Nous avons soumis ces huit séquences à deux avocats, l'un proche des forces de l'ordre, l'autre proche des "gilets jaunes". Les manifestations de "gilets jaunes" ont donné lieu à de nombreuses scènes de violences partout en France depuis le 17 novembre.
Envoyés en prison comme 440 autres Gilets jaunes, ils racontent
Lundi 10 décembre, tribunal de Valence (26) – La décision du juge percute Maria aussi sèchement qu’un crochet au visage. « Placement en détention provisoire. » La femme, en larmes, s’écroule dans les bras de son voisin, Stéphane. Lui, la gueule encore marquée par les coups de la police au moment de son interpellation, encaisse un peu mieux. « J’avais anticipé dans ma tête. » Tous deux sont accusés de violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Retour deux jours plus tôt, à l’occasion de l’acte IV des Gilets jaunes. Ce matin-là, rencard était filé à la Zac des Couleurs, « pour une opé sur un centre commercial de Valence », rembobine Stéphane. Que du classique, sauf qu’en fin de matinée, l’affaire tourne au vinaigre quand les CRS décident de faire le ménage à coups de lacrymos. « On s’est tous mis à courir », raconte la militante communiste, venue de son côté.