« Les virus sont une des forces majeures qui façonnent la biosphère » Omniprésents dans le vivant, tous les virus ne déclenchent pas une pandémie. Pour l'écologue Franck Courchamp, l'humain favorise lui-même ce genre de catastrophe en appauvrissant les ressources et en dégradant la biodiversité dont les parasites font partie intégrante. Les écologues se sont-ils toujours intéressés aux parasites, en général, et aux virus, en particulier ? Franck Courchamp1 : L’omniprésence du parasitisme (la relation entre deux êtres vivants dont l’un vit aux dépens de l’autre), de même que son impact sur les populations animales et végétales, les espèces et les écosystèmes, a longtemps été sous-estimée par les chercheurs en écologie. Il faut dire qu’un lion qui dévore une antilope, ça se voit, tandis que les parasites de cette antilope, et leurs effets, sont souvent invisibles (le lion tue souvent l’antilope avant que sa maladie ne soit facilement observable).
« Ils arrivent avec leur pognon et disent : écartez-vous, c’est nous qui allons sauver la nature » : dans le Vercors, tensions autour d’une réserve de vie sauvage « Au-dessus de la route, c’est la réserve, et en dessous, ce sont mes terres. Et là, ce sont les prairies que je fauchais. » Valéry Vassal, 42 ans, désigne une combe verdoyante du massif du Vercors. Cet éleveur a repris en 2001 la ferme familiale à Léoncel, un village drômois d’une cinquantaine d’habitants. Mais, depuis près d’un an, il doit compter avec un nouveau voisin : en novembre 2019, l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) a racheté 500 hectares pour en faire une réserve en libre évolution, où la faune et la flore pourront se développer sans aucune intervention humaine. Un projet qui suscite l’opposition d’une partie des agriculteurs, éleveurs et chasseurs de la région et qui cristallise les tensions entre deux visions de la ruralité. Au point qu’une manifestation a été organisée fin août pour dire « non au ré-ensauvagement ».
Pourquoi l’Europe risque de manquer de pétrole d’ici à 2030 Le resserrement de l’offre pétrolière mondiale risque de s’accélérer en raison de la crise sanitaire, et les pays européens pourraient en payer durement les conséquences. Dans un rapport rendu public mardi 23 juin, le groupe de réflexion The Shift Project, présidé par le consultant Jean-Marc Jancovici, détaille comment les bouleversements récents du marché pétrolier pourraient mettre en difficulté l’approvisionnement en or noir de l’Union européenne dans les dix prochaines années. Principal enseignement : plus de la moitié des pays producteurs qui fournissent le Vieux Continent vont voir leur offre se raréfier dans les années à venir. « La production de la Russie et celle de l’ensemble des pays d’ex-URSS, qui fournissent plus de 40 % du pétrole de l’UE, semblent être entrées en 2019 dans un déclin systématique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le jour où le marché pétrolier a craqué
Penser la famille aux temps du Covid-19 En l’absence de vaccin ou de traitement contre le Covid-19, « stay home, save lives » (restez à la maison, sauvez des vies) est devenu un mot d’ordre planétaire. Mesure préconisée dans l’urgence par les épidémiologistes, le confinement à domicile est apparu comme une réponse collective indispensable pour gagner du temps contre la pandémie : début avril 2020, la moitié de l’humanité était sommée de rester chez elle. Dans ce premier temps de la crise pandémique, les États ont plus que jamais institué le foyer comme « cellule de base de la société », l’unité sans laquelle nous ne pourrions faire face à la crise. Loin d’y mettre un terme, le temps du déconfinement progressif continue à penser le foyer comme un rempart contre la propagation du virus, comme en témoignent les injonctions à la poursuite du télétravail ou la reprise prudente de l’école. La famille est « le plus familier des objets » selon l’expression du sociologue Rémi Lenoir. … à la variété des ménages réels
« L’une des leçons du Covid-19 est que la catastrophe n’est pas complètement à exclure » Chronique. L’année qui s’achève restera sans doute comme l’année de la dystopie, celle où l’actualité scandée jour après jour nous aura semblé tout droit sortie d’un roman d’anticipation. De même que la transformation des expériences quotidiennes les plus banales – déambuler dans les rues au milieu d’une foule masquée, saluer ses collègues du coude, n’entrer dans les commerces qu’après avoir procédé à ses ablutions hydro-alcoolisées – semble frappée d’irréalité. Le répéter n’est pas très original : la pandémie de Covid-19 a été non seulement le fait majeur de l’année qui s’achève, mais aussi l’événement qui a le plus marqué la marche du monde depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
+ 2°C de réchauffement à la surface des continents: nous y sommes ! Lissée sur les cinq dernières années, la température mensuelle moyenne à la surface des continents de l’hémisphère nord, dépasse de +1,5 °C la moyenne du XXe siècle, soit environ +2°C depuis la fin du XIXe siècle. Et 2020 rivalise toujours avec 2016 pour le titre de l’année la plus chaude. Evolution des températures mensuelles à la surface des continents de l’hémisphère nord, lissées sur des périodes de 5 ans se terminant en mai. Par exemple, la moyenne donnée pour 2020 correspond à la moyenne de la période des soixante mois allant jusqu’à mai 2020; celle donnée pour 2019 à la moyenne de la période de soixante mois se terminant en mai 2019, etc.
Solène Brun : « Les immigrés et leurs descendants sont en moins bonne position pour affronter le Covid-19 » Entretien. Solène Brun est sociologue, chercheuse postdoctorante à l’Institut Convergences Migrations, coordinatrice scientifique du département Integer (intégration et discrimination) de cet institut. Ses recherches portent sur les inégalités ethno-raciales en France et les rapports sociaux de race dans la famille. Avec le démographe Patrick Simon, elle vient de publier un article intitulé « L’invisibilité des minorités dans les chiffres du coronavirus : le détour par la Seine-Saint-Denis », paru dans la revue en ligne De Facto, éditée par l’Institut Convergences Migrations. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les difficultés de la Seine-Saint-Denis tiennent d’abord au renouvellement permanent de sa population »
ASPAS L’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) est une association reconnue d’utilité publique et 100 % indépendante : une exception dans le paysage associatif de la protection de la nature. Loups, amphibiens, corneilles, renards, blaireaux… Elle défend les sans-voix de la faune sauvage, les espèces jugées insignifiantes, encombrantes, ou persécutées par la chasse. Elle mobilise l’opinion publique, interpelle les élus et sensibilise tous les publics à la nécessité de protéger les milieux et les espèces. Son savoir-faire juridique est unique. Depuis près de 40 ans, elle a engagé plus de 3 500 procédures devant les tribunaux pour faire respecter et évoluer positivement le droit de l’environnement. L’ASPAS crée des Réserves de Vie Sauvage® où aucune activité humaine n’est autorisée, hormis la balade contemplative, amoureuse ou curieuse.
La convention citoyenne pour le climat dévoile 150 propositions pour « changer en profondeur la société » Cent cinquante citoyens, cent cinquante propositions. Cette arithmétique, en apparence élémentaire, cache un long cheminement de neuf mois, parfois sinueux. De sessions en auditions, de groupes de travail en assemblées, il a mené les Français de la convention citoyenne pour le climat, la plupart néophytes sur les questions environnementales, à proposer un nouveau modèle pour « changer en profondeur la société » afin de répondre à la crise climatique. Ils révèlent le contenu de leurs travaux jeudi 18 juin, à la veille de la session conclusive qui se tient du vendredi 19 au dimanche 21 juin. Durant ces trois jours, les citoyens doivent débattre et voter chacune de leurs propositions élaborées dans le cadre de leurs cinq groupes de travail (se loger, se déplacer, se nourrir, consommer, produire et travailler) – une forte proportion devrait être adoptée.
« L’écologie ne nous rassemble pas, elle nous divise » Tribune. Nous avons récemment assisté à un nouvel élan de générosité écologique. Que ce soit du côté de Nicolas Hulot [auteur d’une tribune dans Le Monde, 6 mai] ou d’un collectif de personnalités publiques [qui ont également signé une tribune dans Le Monde, 6 mai], l’impératif environnemental nous a une fois de plus été présenté comme une mission qui transcende les intérêts individuels, les choix idéologiques, les langages politiques. L’écologie, nous dit-on dans ces tribunes et appels, est une finalité universelle qui réunit l’ensemble des humains à travers leur appartenance commune à une Terre.
« Nous allons connaître les dix années de transformation écologique les plus remarquables de l’histoire » Ancien professeur de permaculture, Rob Hopkins est, depuis 2005, l’initiateur du mouvement international Villes en transition et le cofondateur de Transition Town Totnes, à Totnes, en Angleterre, première ville en transition officielle où les potagers d’agriculture urbaine voisinent avec des coopératives de produits bio, mais où la monnaie locale – le Totnes Pound – s’est arrêtée en 2019. Alors qu’il publie Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? (Actes Sud, 336 p., 23 euros) et qu’il est devenu l’un des militants écologiques anglo-saxons les plus sollicités à l’étranger, Rob Hopkins analyse l’essor du phénomène des écolieux et explique que « les dix années à venir doivent être pour la France des années de profond changement ». Des écohameaux aux villes « en transition » : partout, des initiatives s’inventent et de nouveaux lieux se créent. De quelle façon ce mouvement s’est-il développé en France ? Il ne faut pas mettre trop de pression sur Totnes.