Le référendum sur le climat face à de multiples obstacles Consulter les Français par référendum sur le climat, le pari risqué d’Emmanuel Macron prend forme, mercredi 20 janvier, avec la présentation en conseil des ministres du projet de loi visant à inscrire dans la Constitution la protection de l’environnement. Avant même la présentation des 65 mesures issues de la convention citoyenne pour le climat, la majorité espère établir un premier symbole fort. Mais en allant sur le terrain de la loi fondamentale, Emmanuel Macron relance aussi l’épreuve de force enclenchée avec la droite sénatoriale lors de la réforme constitutionnelle, désormais abandonnée. Certes, le ton a changé, depuis l’été 2018, quand le Palais du Luxembourg freinait face à une large réforme en trois volets (organique, ordinaire, constitutionnelle). Lire aussi Le gouvernement veut inscrire la protection de l’environnement dans la Constitution
La croissance a un « coût dévastateur pour la nature », selon un rapport britannique En pleine pandémie de Covid-19, la nature vient rappeler régulièrement qu’elle ne saurait être éternelle si les humains n’en prennent pas soin. Un nouvel avertissement est formulé par un rapport de 600 pages, commandé il y a deux ans par le gouvernement britannique. Fruit du travail de spécialistes internationaux, coordonné par le professeur d’économie de l’université de Cambridge Partha Dasgupta, il dresse un bilan inquiétant quant aux aspects économiques, sanitaires et sociaux de la croissance économique. D’après les conclusions du rapport, le produit national brut (PNB) par habitant a doublé au niveau mondial depuis 1992 mais le « capital naturel » – c’est-à-dire l’estimation des bénéfices que les humains tirent de services offerts par la nature – a chuté de 40 % par tête. « Si l’humanité a immensément prospéré ces dernières décennies, la manière dont nous avons atteint cette prospérité fait qu’elle a été acquise à un coût dévastateur pour la nature », dénoncent les auteurs.
Camille Etienne, 22 ans, porte-voix « hypersensible et hyperactive » de la « génération climat » La Relève. Tous les mois, « Le Monde Campus » rencontre un jeune qui bouscule les normes. Symbolique et symptomatique, la scène se passe fin août 2020 à l’université d’été du Medef. Pour une table ronde sur les conflits de générations, la jeune Camille Etienne a chaussé des talons qui lui font « hyper mal aux pieds », refusant le look « d’une écolo en sarouel ». Moquée, interrompue, l’activiste ne se démonte pas : « L’entreprise d’aujourd’hui, elle est fatiguée. Avec le recul, Camille Etienne en rit à son tour : « Ils ont dû fabriquer des poupées vaudoues avec ma tête ! « Moi, quand je vois un bout de glacier qui s’effondre, je le ressens comme quand je me fais larguer : c’est physique » Dans le sillage d’une « bande de filles » médiatisées, Camille Etienne devient l’égérie française d’une jeunesse qui milite pour sauver une planète menacée. De plateaux télé en matinales radio, Camille Etienne a d’abord roulé sa bosse sur les réseaux sociaux.
Le projet de loi sur le climat « manque d’ambition » pour tenir les objectifs de la France, selon le Haut Conseil pour le climat Un texte utile, mais dont l’ambition insuffisante devra être renforcée pour permettre à la France de tenir ses objectifs climatiques. Voilà en substance l’évaluation rendue, mardi 23 février, par le Haut Conseil pour le climat (HCC) sur le projet de loi Climat et résilience, issu des travaux de la convention citoyenne pour le climat. L’instance indépendante, composée de treize experts, s’est autosaisie pour livrer des recommandations en amont de l’examen du projet de loi, qui débutera à l’Assemblée nationale fin mars. Ce texte, avec ses soixante-neuf articles, vise à « introduire des ruptures majeures pour la société française », en s’attaquant à l’ensemble de la vie quotidienne, depuis nos déplacements jusqu’à notre alimentation, en passant par notre consommation et nos logements. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Haut Conseil pour le climat, vigie de la transition écologique
La longue marche de la France pour atteindre 100 % d’énergies renouvelables Au large des côtes françaises, une soixantaine de parcs éoliens tournent à plein régime. Sur terre, près de 20 000 éoliennes maillent le territoire et les installations photovoltaïques atteignent une puissance installée de 100 gigawatts. Nous sommes en 2050 et les derniers réacteurs nucléaires encore en fonctionnement doivent être progressivement mis à l’arrêt d’ici à une décennie. L’essentiel de l’électricité utilisée en France est désormais d’origine renouvelable. Ce scénario est-il totalement utopique ? Ou préfigure-t-il au contraire l’avenir de la politique énergétique ? « C’est un rapport qui fera date dans l’histoire énergétique française, et peut-être même mondiale, se réjouit l’actuelle ministre de la transition écologique, Barbara Pompili. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Barbara Pompili : « Nucléaire ou renouvelables, nous devons avoir plusieurs options »
Emmanuel Macron et Barbara Pompili, un attelage politique à l’épreuve de la loi « convention climat » Lundi 14 décembre 2020. Un silence de cathédrale s’est abattu sur le palais d’Iéna, à Paris, siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Emmanuel Macron vient de confirmer aux membres de la convention citoyenne sur le climat qu’il entend soumettre à référendum leur proposition de réécriture de l’article premier de la Constitution. Le mystère planait depuis six mois sur le devenir de cette promesse présidentielle visant à graver dans la loi fondamentale la lutte en faveur de l’environnement. La surprise est totale, y compris pour la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, assise à la droite du chef de l’Etat. « Excusez-moi, je me remets de mes émotions monsieur le Président », balbutie-t-elle au moment de reprendre la parole. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Climat : Emmanuel Macron veut réformer la Constitution et esquisse des mesures en demi-teinte La numéro trois du gouvernement n’avait pas été informée du timing de cette annonce.
La délicate élaboration de la loi « convention citoyenne pour le climat » Un an après la création de la convention citoyenne pour le climat, les associations de défense de l’environnement s’inquiètent. Les mesures vont-elles être adoptées et mises en œuvre, comme l’affirme le gouvernement, ou seront-elles rabotées, voire écartées, ainsi que le redoutent les écologistes et certains des conventionnels ? Selon le gouvernement, les travaux se poursuivent et le texte devrait être mis en consultation auprès de très nombreuses instances avant sa présentation, toujours annoncée pour décembre. De l’avis même d’un des membres de l’équipe chargé de la rédaction du texte, « la présentation du projet en conseil des ministres en décembre est possible, mais loin d’être évidente ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La convention citoyenne pour le climat interpelle Emmanuel Macron « Cela reste un texte prioritaire, avec la loi sur le séparatisme, pour le premier trimestre 2021 », assure-t-on au gouvernement.
Créer des aires marines fortement protégées, un défi pour la France Le président de la République Emmanuel Macron l’avait dit sur le perron de l’Elysée dès le printemps 2019, puis répété sur la scène internationale : la France ambitionne de doter au moins 30 % de son territoire et de ses eaux sous juridiction nationale d’un statut destiné à protéger leur biodiversité à partir de 2022. La stratégie nationale 2030, rendue publique en janvier, précise qu’une aire protégée se définit comme « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ». Son objectif est global : les 30 % concernent les terres et les mers ensemble. Mais il faut surtout s’attendre à y trouver de vastes portions d’océan, les terres étant davantage sous l’emprise des activités humaines. Une étude dans la revue Marine Policy (Elsevier) datée de février estime même que, depuis 2020, un tiers des eaux françaises (33,7 % précisément) ont officiellement un statut d’AMP.
« Les utilisateurs de la voiture au-delà des hypercentres sont très majoritairement ceux n’ayant pas de solutions alternatives » Tribune. Plusieurs grandes agglomérations annoncent la mise en place de zones à faibles émissions, visant à faire disparaître en quelques années des centres-villes les voitures de plus de dix ans ainsi que les diesels, soit près de 70 % du parc actuel. La cause semble entendue : supprimer les diesels, voire la voiture, fera disparaître la pollution dans les villes. Pourtant, les organismes techniques officiels tels que Airparif ou Citepa, qui rendent compte régulièrement de la qualité de l’air en zone urbaine, l’affirment : l’air des villes n’a jamais été aussi pur. En trente ans, les concentrations d’oxydes d’azote (NOx) et de particules fines ont été divisées par trois ; des polluants comme le dioxyde de soufre ont quasiment disparu. Il ne faut en effet pas oublier les camions, le chauffage (la moitié des émissions de particules), l’industrie et l’agriculture. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans la campagne des municipales, haro sur la voiture
La santé environnementale doit devenir « une priorité du XXIe siècle », alerte un rapport parlementaire La santé environnementale, comprendre les impacts qu’ont les humains sur l’environnement et, en effet boomerang, leurs conséquences sur la santé humaine, doit être « une priorité du XXIe siècle ». Tel est le message principal du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale adopté mercredi 16 décembre par les députés. Il prend une résonance particulière en pleine crise du coronavirus. « Qui n’a pas perdu un proche atteint par le Covid-19, une maladie qui fait son lit des comorbidités d’origine environnementale ? Cancers, obésité, diabète ont constitué des terreaux favorables à la létalité du virus, écrit la rapporteuse, Sandrine Josso. A l’initiative de cette commission d’enquête, la députée (MoDem) de Loire-Atlantique a été confrontée à ces maladies dont les réponses des pouvoirs publics nourrissent des « inquiétudes » et une « défiance » croissante parmi la population. L’enjeu est considérable.
La France pourrait connaître un climat extrême à la fin du siècle Des pics de température frôlant les 50 °C, des vagues de chaleur longues et intenses, des nuits tropicales… C’est la surchauffe que connaîtra la France à la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement réduites. Voilà la partie la plus alarmante des nouvelles projections climatiques pour la métropole au XXIe siècle publiées par Météo France, lundi 1er février, auxquelles Le Monde a eu accès en exclusivité. Pour réaliser ce travail, Météo France a sélectionné et analysé trente simulations du climat futur faites sur l’Europe, en collaboration avec l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) et le Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). Il en résulte un vaste jeu de données, intitulé Drias, brossant les possibles du climat en France métropolitaine pour trois périodes (2021-2050, 2041-2070 et 2071-2100) en fonction de trois scénarios d’émissions de gaz à effet de serre.
Bruno Latour : « Le Covid-19 offre un cas vraiment admirable et douloureux de dépendance » Sociologue, professeur émérite associé au médialab de Sciences Po, Bruno Latour publie Où suis-je ? Leçons du confinement à l’usage des terrestres (La Découverte, 186 pages, 15 euros), une métaphysique du confinement qui invite à rompre avec le monde d’avant. Au travers ses ouvrages traduits dans le monde entier, ses expériences théâtrales et expositions d’art contemporain, Bruno Latour cherche à analyser le « nouveau régime climatique », et propose des pistes pour vivre face à « Gaïa », cette Terre et planète vivante menacée par la crise écologique, qui inspirent de nombreux auteurs, tels le philosophe Baptiste Morizot ou l’anthropologue Nastassja Martin (Le cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour, sous la direction de Frédérique Aït-Touati et Emanuele Coccia, La Découverte, 222 pages, 19 euros) Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Où suis-je ? De quoi le confinement est-il la répétition générale ? Vous passez de la question « où atterrir ?