Marie Duru-Bellat » Blog Archive » Genre 2 : et le biologique dans tout ça ? C’était prévisible tant sont sensibles les propos qui concernent le sexe, les rapports hommes/femmes, la famille… Mon dernier billet a suscité des réactions fortes auxquelles je me devais de réagir, même si je n’ai guère d’espoir de convaincre ceux qui considèrent mes propos comme tout autant idéologiques que ceux que j’entendais dénoncer comme tels. Pour faire écho à une remarque, l’idéologie consiste précisément à refuser les résultats de la science ; or écrire comme je l’ai fait que « faire découler de la nature les rôles féminins et masculins est scientifiquement intenable » s’appuie sur une liste de références, dont je me contente certes, c’est une limite de l’exercice, d’évoquer les contours (mais que le lecteur ouvert lise les ouvrages cités et on en reparle). Que les résultats de la science soient toujours partiels et provisoires, on peut l’admettre, mais cela ne veut pas dire que tout se vaut et que sur certaines questions on ne puisse départager le vrai du faux.
Faire corps avec Judith Butler 1Lire Judith Butler en français, c’est découvrir son œuvre dans le désordre. C’est aussi rencontrer très tard la philosophe, enseignante du département de rhétorique et de littérature comparée à l’Université de Berkeley, ayant publié dès 1987 et acquis une renommée internationale en 1990. 1 Par ailleurs, J. Vidal souligne la décontextualisation supplémentaire apportée par les retards de t (...) 2Pour balayer rapidement sa bibliographie française, ce n’est qu’en 2001-02, que paraissent, chez Epel et Leo Scheer, Marché au sexe (avec Gayle S. 3C’est avec quinze ans de retard que paraît en français un des livres fondateurs de la théorie queer, Trouble dans le genre : pour un féminisme de la subversion (La Découverte). 4Ces corps qui comptent est l’ouvrage qui nous occupe à présent (et dont le titre ne rend pas compte du dédoublement significatif entraîné par le matter de Bodies That Matter, 1993, corps qui « comptent » et qui « font matière »).
Marie Duru-Bellat » Blog Archive » Le genre : une idéologie, non ; une révolution, oui ! Au début du mois de décembre 2012, le journal Libération se faisait l’écho de la demande, émanant de deux députés UMP, d’une commission d’enquête sur l’introduction et la diffusion de « la théorie du genre » en France, arguant du fait que cette « théorie » représentait « un tel bouleversement de notre contrat social que les Français sont en droit d’en être informés ». Cette requête prend évidemment place dans le contexte des débats autour du projet de loi sur le mariage pour tous qui, au dire de l’un de ces deux députés « s’appuie sur la théorie du genre, idéologie qui consiste à dire que l’homme et la femme sont interchangeables ». Qu’en penser ? D’un côté, ces députés ont raison : la notion de genre est effectivement porteuse d’une remise en cause profonde de ce qu’ils appellent notre contrat social, disons plutôt de la conception dominante de la famille et de l’ordre sexuel établi. Le terme d’idéologie est donc inexact, voire injurieux.
Performance (art) La performance implique quatre éléments fondamentaux: le temps, l'espace, le corps ou la présence de l'artiste dans un médium, et la relation entre le créateur et le public. Les actions, généralement réalisées dans des galeries d'art et des musées, peuvent avoir lieu dans la rue, dans tout type de cadre ou d'espace et pendant n'importe quelle période. L'objectif est de susciter une réaction, parfois à l'aide de l'improvisation et de la mise en scène artistique. Le thème est généralement lié aux processus de vie de l'artiste, au besoin de dénonciation ou de critique sociale et à un esprit de transformation. La performance peut n’être exécutée qu’une fois ou réitérée, s’appuyer ou non sur un scénario, être improvisée ou avoir fait l’objet de longues répétitions. Le terme «performance» vient de l'expression anglaise «performance art», mais ne doit pas être confondu avec les «performing arts» qui regroupent plutôt l'ensemble des arts vivants.
Cartographie du féminisme Recensé : Nancy Fraser, Le Féminisme en mouvements. Des années 1960 à l’ère néo-libérale, traduit de l’anglais par E. Ferrarese, Paris, La Découverte, 2012, 331 p., 24 €. Célèbre en France pour son dialogue critique avec Axel Honneth [1], Nancy Fraser l’est moins pour sa cartographie des tendances récentes du féminisme. Les trois actes du féminisme Quoique composé d’articles hétéroclites, Le féminisme en mouvements est doté d’une introduction substantielle, qui permet à N. Le second moment de l‘ouvrage (« Le féminisme dompté ») se cristallise autour du binôme redistribution/reconnaissance. Refusant la version « standard » de l’histoire du féminisme qui invoque le passage d’un mouvement exclusif, bourgeois, hétérosexuel et blanc, à une lutte inclusive, menée par les ouvrières, les femmes de couleur et les partisanes de la cause lesbienne ou trans, N. Que répondre alors à l’accusation de Judith Butler selon laquelle N. La troisième partie de l’ouvrage (« Le féminisme renaissant ?
Qu’est-ce que la performance ? Steven Cohen, Chandelier, 2001 Par Gérard Mayen, critique de danse Une définition impossible ? C’est devenu une figure quasi obligée de tout exposé concernant la performance : entamer celui-ci en s’interrogeant sur l’impossibilité même qu’il y aurait à la définir. L’embarras peut toucher à la période comme aux champs artistiques où on va pouvoir la repérer. Devant pareil embarras, on s’entendra bien souvent à conclure que l’instabilité de sa définition doit être rangée parmi ses traits caractéristiques. C’est parfois en passant par ses marges, ou en précisant ce qu’il en est de pratiques voisines, que nous esquisserons une constellation ayant trait à la performance. Un embarras terminologique Une action en train de se produire Ici, il faut abstraire le terme de performance de sa composante qui tire vers les notions de prouesse ou d’excellence – une acception qu’on laissera plus volontiers au domaine du sport, par exemple. L’énoncé performatif : dire/produire À l’origine : les arts visuels 1.
Actus – Recherche sur le genre (2) Près de 8 millions d’articles scientifiques issus de 1 800 champs différents ont été analysés, du XVIème siècle à aujourd’hui. Les femmes sont sous-représentées parmi les auteur⋅e⋅s. Ainsi, alors qu’elles représentent 39% des postes permanents dans les universités, elles ne représentent que 27% des auteur⋅e⋅ s des publications récentes (1990-2012). Elles ne sont également auteures que de 26% des publications récentes avec un seul auteur. Les auteur⋅e⋅s de l’étude avancent plusieurs hypothèses pour expliquer cet écart entre hommes et femmes. Vous pouvez aller voire un graphique interactif synthétisant les données de cette étude ici. Source Une femme est représentée comme un objet sexuel, si son corps ou les parties sexualisées de son corps sont utilisés pour la représenter et sont séparées du reste de sa personnalité. Les auteur⋅e⋅ s ont essayé d’établir un lien entre cette propension à déshumaniser une homologue objectivisée et leur rapport à leur apparence et à leur corps. Source Source
BODY ART L'expression body art réunit des artistes qui travaillent ou on travaillé avec le langage du corps afin de mieux interroger les déterminismes collectifs, le poids des rituels sociaux ou encore les codes d'une morale familiale et religieuse. À partir de gestes et d'attitudes s'est ainsi constituée une histoire complexe, qui s'inscrit dans l'esthétique de la dématérialisation de l'œuvre d'art propre aux années 1960. Durant la période fondatrice, comprise entre le début des années 1960 et la fin des années 1970, le corps apparaît fréquemment comme le vecteur de la contrainte et de la rébellion. Les expériences exécutées directement sur lui expriment, tantôt avec humour, tantôt avec gravité, les remises en cause des idées préconçues sur nos manières d'être. Le body art n'a cependant pas été une esthétique au sens exact du terme, comme en témoignent les différentes expressions utilisées par les artistes pour qualifier leur projet : happening, performance, action, cérémonie, event.
La Domination masculine Tout au long de son oeuvre, Pierre Bourdieu s'est attaché à décrire les rapports de domination qui s'exercent entre les individus dans tous les domaines de la société. Selon sa théorie, les dominants (groupes sociaux, ethnies, sexes) imposent leurs valeurs aux dominés qui, en les intériorisant, deviennent les artisans de leur propre domination. C'est à partir de cette grille de lecture qu'il analyse les ressorts de la domination masculine. Comment expliquer la pérennité de la « vision androcentrique » qui continue de régir les rapports entre les sexes dans nos sociétés ? C'est, pour P. Bourdieu, parce que les structures de domination sont « le produit d'un travail incessant de reproduction auquel contribuent les différents agents: les hommes (avec des armes comme la violence physique et la violence symbolique), les femmes victimes inconscientes de leurs habitus et les institutions : famille, Eglise, école, Etat ».
MAÏEUTIQUE – L’étonnante histoire de la théorie de « l’utérus mobile » Une leçon clinique à la Salpêtrière, d'André Brouillet. Dans sa chronique hebdomadaire "Fantastically Wrong" ("fantastiquement faux"), le site Wired se livre à une analyse historique des théories les plus farfelues qui ont fait autorité dans la science d'hier. "Parce que quand il s'agit de comprendre le monde, les erreurs sont un moyen de voir nos progrès", explique le site. "Désolée d'être de si mauvaise humeur, mon utérus n'arrête pas de bouger dans mon torse depuis hier." Le médecin Arétée de Cappadoce écrivait ainsi que l'utérus était "un animal dans l'animal", un organe qui "bouge de lui-même ici et là dans le corps". Pour guérir ces maux, les médecins de l'époque affirmaient que l'utérus était attiré par les bonnes odeurs. Cette théorie permettait également d'asseoir la domination masculine dans la société grecque. Plus tard, les sociétés prirent leurs distances avec cette théorie. Signaler ce contenu comme inapproprié Cette entrée a été publiée dans Actualité.
LES « BESOINS SEXUELS » : UN MYTHE AU MASCULIN L’idée d’un « besoin sexuel », principalement reconnu aux hommes, n’est pas tout à fait dépourvue de fondement biologique. En réalité, tout être humain - de tous les genres, donc - éprouve ce que nous appellerons des « besoins excréteurs ». Il doit vider, ou vidanger, à intervalles plus ou moins réguliers sa vessie (hommes & femmes), ses intestins (hommes & femmes), son appareil génital (hommes & femmes). On pourrait associer à ces besoins le mécanisme des règles, qui élimine mensuellement chez la femme des tissus inutiles. S’agissant d’un être de sexe biologique masculin, il vide donc régulièrement sa vessie (il pisse), ses intestins (il chie), et ses couilles (il éjacule). Ces besoins excréteurs ne sont pas traités exactement de la même manière par la société. Certes, faire tenir sa verge par autrui pendant la miction peut être l’objet de jeux érotiques, de fantasmes, et de plaisanteries (« Tu veux que j’te la tienne ? La réciproque Impérieux, comme le désir Déroulons le sens :