Monique Pinçon-Charlot : « La violence des riches atteint les gens au plus profond de leur esprit et de leur corps
Basta ! : Qu’est-ce qu’un riche, en France, aujourd’hui ? Monique Pinçon-Charlot [1] : Près de 10 millions de Français vivent aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté. Celui-ci est défini très précisément. Nous nous sommes intéressés aux plus riches parmi les riches. Pourquoi est-il si difficile de définir cette classe ? La richesse est multidimensionnelle. A cela s’ajoute la richesse sociale, le « portefeuille » de relations sociales que l’on peut mobiliser. Il existe aussi une grande disparité entre les très riches... Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, est en tête du palmarès des grandes fortunes professionnelles de France, publié chaque année par la revue Challenges. Malgré l’hétérogénéité de cette classe sociale, les « riches » forment, selon vous, un cercle très restreint. On trouve partout les mêmes personnes dans une consanguinité tout à fait extraordinaire. Comment s’exerce aujourd’hui ce que vous nommez « la violence des riches » ? C’est une violence inouïe.
Pensez vous quune sortie de leuro provoquerait l'augmentation de notre dette ?
Cette question est un non-sens économique. Le problème de fond, avec ou sans euro reste le même. Certains prétendent que l'euro nous protège de la crise, en ayant une inertie plus grande que les monnaies nationales. Cet argument a vécu. Depuis l'existence de l'euro (qui remonte, techniquement, à avant 2001, les structures des monnaies nationales ayant été ancrées les unes aux autres dès Maastricht), lorsque le monde a connu une croissance, l'europe était plusieurs points en dessous, lorsque le monde a été en période de ralentissement, l'europe a été plusieurs points en dessous. Constat factuel sur des données historiques. Il faudra de toute façon régler le problème de la dette, et pour cela, en payer le prix (récession obligatoire, dans ou hors euro, de même magnitude). Une autre donnée qui n'arrange rien à la situation : la croissance est directement corrélée à l'accroissement de la quantité d'énergie disponible, de manière forte. il y a 10 mois
"La Crise sans fin": un regard décalé sur la crise, métaphore de nos vies
Outre qu’elle amplifie le creusement des inégalités et la montée d’une vulnérabilité sociale généralisée, la crise nous colle à la peau, comme un chagrin que rien ne viendrait soulager : le mot lui-même nous obsède, nous habite, nous plombe. Il envahit le quotidien où tout nous renvoie à elle, comme un poison permanent. La crise définit notre époque, notre condition, notre horizon : l’idée même d’en sortir s’évanouit dans la résignation et le consentement à son omniprésence. La crise est une “crise sans fin”, avance la philosophe Myriam Revault d’Allonnes en titrant ainsi son nouvel essai, prolongeant une oeuvre placée sous le signe de la réflexion sur la démocratie et la modernité (Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie ? Si la crise a “officiellement” cinq ans (le scandale des subprimes, qui a éclaté en septembre 2007, constitue sa date de naissance), elle a surtout trois siècles, au moins !
[Carte Interactive] La Chine investit l’Europe
En pleine crise financière, les liquidités chinoises font craindre des vagues d'acquisitions en Europe. OWNI a recueilli et traité les données relatives à ces prises de contrôle de la Chine. Elles dessinent une stratégie réfléchie mais mesurée. L’application interactive ci-dessus permet de visualiser l’essentiel des prises de participations réalisées par des investisseurs chinois en Europe Châteauroux, paisible préfecture de l’Indre avec ses champs environnants, sa vieille base militaire agonisante, son pâté berrichon. Et son futur “Business District”. Rachats de bons de dettes publiques, acquisition d’entreprises en difficulté, obtention de concessions portuaires, guerre des monnaies… Dans une Europe en crise, la Chine et ses montagnes de billets impressionnent toujours, effrayent parfois. Les investissements chinois doivent cependant être relativisés. Mais leur rythme de croissance donne le tournis. Mesurer l’implication de la Chine en Europe s’avère un exercice délicat. Mathias M /
« Face à la dimension criminelle de la crise, les élites sont aveugles, incompétentes ou complices
Basta ! : Vous analysez les crises financières au prisme de la criminologie. Pour vous, la crise de 2008 est-elle due à des comportements criminels ? Jean-François Gayraud [1] : Le nouveau capitalisme qui se développe depuis les années 80 comporte des incitations et des opportunités à la fraude d’une ampleur inédite. Il ne s’agit pas d’être « mono-causal » et de tomber dans la théorie du complot. Avons-nous avancé depuis la crise de 2008, pour éviter de nouvelles crises ? Entre 2008 et 2012, nous avons connu une révolution, dans le sens astronomique du terme : nous sommes revenus au point de départ ! Comment l’expliquez-vous ? Il y a un problème de déni et d’aveuglement. D’où vient cette situation ? C’est une question de rapport de force entre pouvoir politique et pouvoir financier. Ce qui me frappe, c’est la corrélation entre la financiarisation de l’économie, la montée des inégalités, et la multiplication des fraudes sur les marchés financiers. C’est la question centrale. Oui.
Les grandes banques françaises profiteraient de l’équivalent d’une subvention de 48 milliards !
Les banques européennes bénéficient d’un « soutien » de 200 à 300 milliards d’euros par an, grâce à la garantie implicite que les États leur fournissent. L’équivalent de 1,5% du PIB européen ! Et près de deux fois le budget annuel de l’Union européenne ! Telle est la conclusion d’une étude réalisée par l’expert financier indépendant Alexander Kloeck, à la demande des eurodéputés écologistes. Cette garantie implicite concerne principalement les banques « mixtes », qui combinent deux types d’activités au sein d’une seule entité juridique : banques de dépôts, elles gèrent l’épargne des particuliers ou des entreprises, et leur octroient des prêts ; banques d’affaires, elles interviennent sur les marchés financiers. En cas de faillite bancaire, les États sont garants « en dernier recours » des dépôts des épargnants. Réformer le secteur bancaire Lire l’étude ici (en anglais).
» [Livre] La grande fraude, de Jean-François Gayraud
Excellent livre, que je vous recommande. Jean-François Gayraud est commissaire divisionnaire, ancien élève de l’Ecole nationale supérieure de police (ENSP, Saint-Cyr-au-Mont-d’Or).Docteur en droit, diplôme de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Institut de criminologie de Paris, Jean-François Gayraud est l’auteur de nombreux articles et d’ouvrages traitant de criminologie et de géopolitique. Il exerce au Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS). Critique Decitre : Et si la crise financière dont nous subissons encore les effets était bel et bien une vaste fraude ? En tout cas, pas celui proposé en général par les économistes ou les financiers. Dès lors, pour lui, il est impossible d’envisager un vrai assainissement, une reconstruction durable de la finance si ce diagnostic criminel n’est pas fait. Petite vidéo avec l’auteur : Crtiique Le Figaro par Jacques de Saint Victor : La face cachée du krach
World debt comparison: The global debt clock