« Ce n’est pas la post-vérité qui nous menace, mais l’extension de notre crédulité »
Entretien avec Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris Diderot, auteur de plusieurs ouvrages sur les croyances collectives et la cognition dont notamment « L’empire des croyances » (PUF, 2003), « La pensée extrême : comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques » (Denoël 2009) et « La démocratie des crédules » (PUF, 2013). M.H. : Le mot « post-vérité », en anglais post-truth, a été désigné par Oxford Dictionaries comme mot de l’année 2016. Cela veut-il dire que nous vivons dans des sociétés où la distinction entre le vrai et le faux n’a plus d’importance ? G.B. : Ce terme de « post-vérité » me semble mal choisi. Je préfère parler, comme je l’ai déjà fait, de « démocratie des crédules », car cette expression permet de souligner le rapport étroit et paradoxal entre le développement de la crédulité et celui de la liberté d’expression. Il en va de même pour le marché cognitif. G.B. : C’est effectivement ce qu’il nous faut admettre.
Bientôt, chaque "like" sur Facebook vous coûtera 10 centimes
Bien sûr, ce titre est totalement faux. Mais si vous lisez ceci, c'est que vous avez cliqué. Franceinfo tente justement d'expliquer pourquoi les articles relayant de fausses informations marchent si bien. Ça a marché, vous avez cliqué ! Alors que Facebook a annoncé une série de mesures pour lutter contre ce fléau, franceinfo tente d'expliquer pourquoi nous sommes tant attirés par les articles traitant de fausses informations. Parce que l'on veut des infos croustillantes Le sensationnalisme n'est pas nouveau et a encore de beaux jours devant lui. Une information vraie ne circulera pas mieux qu'une information fausse. Pour attirer le lecteur, il faut donc une accroche tape-à-l'œil et une information croustillante. En novembre 2015, un homme affirmant s'appeler Phuc Dat Bich a trompé des médias du monde entier, et même des institutions comme le quotidien britannique The Independent ou encore l'AFP reprise par franceinfo. Parce que ces fausses infos sollicitent nos émotions
Comment des internautes créent l’intox autour des images de migrants
Face à l’arrivée de dizaines de milliers de migrants en Europe, des internautes, le plus souvent sympathisants de groupuscules d’extrême-droite, n’hésitent pas à relayer de fausses informations sur les réseaux sociaux. Objectif : convaincre par tous les moyens qu’il ne faut pas accueillir ces nouveaux arrivants. Tour d’horizon avec huit intox décryptées. Opposés à ces politiques, des sites ultraconservateurs, ouvertement anti-immigration, comme Fdesouche, Dreuz.info, ou encore les Observateurs.ch. en profitent pour s’adonner à des tentatives de désinformation, utilisant au maximum les réseaux sociaux pour diffuser de fausses informations ou donner leur version de certaines actualités. 1. Aylan Kurdi, trois ans, est mort noyé avec sa mère et son frère dans le naufrage de son embarcation entre la Turquie et la Grèce. Analyse publiée par Les Décodeurs sur LeMonde.fr © Image Anadolu Agence. 2. 3. 4. 5. Les tentatives d’intox ne se limitent pas aux sites francophones. 6. 7. 8. Quels dangers ?
La Démocratie des crédules, de Gérald Bronner
Critique du dernier livre de Gérald Bronner, La Démocratie des crédules. Par Johan Rivalland. Le « droit au doute », parfois invoqué de manière paradoxale par ceux qui contestent les vérités qui semblent les mieux établies, implique aussi des devoirs, sans quoi il devient « négation de tout discours ». Tel est le point de départ qu’établit Gérald Bronner à ce passionnant essai, La Démocratie des crédules. Ainsi « on peut montrer que quelque chose existe, mais il est impossible de montrer définitivement que quelque chose n’existe pas ». Rapporté au mythe conspirationniste du 11 septembre, par exemple, ses promoteurs vont soutenir près d’une centaine d’arguments différents en faveur du complot, mais abusent de ce « droit » au doute, semant le trouble dans les esprits, au détriment de la confiance, indispensable à toute vie sociale. Massification de l’information et avarice mentale Le rôle particulier d’Internet La concurrence sert le vrai, trop de concurrence le dessert Le danger démocratique
Quand les chaînes TV courent après les jeunes | la revue des médias
La conquête du public des millennials est intimement liée à la fonte des revenus publicitaires des chaînes de télévision. Alors que ces dernières se trouvaient dans une situation de monopole il y a encore vingt ans, elles sont désormais concurrencées par une myriade d’acteurs, ce qui n’est pas sans conséquence sur leurs relations avec les annonceurs. Le Conseil Supérieur Audiovisuel a mené une étude parue en 2016 sur l’évolution du marché publicitaire pluri médias. La note du CSA est sans appel : « Avec 31 % de part de marché publicitaire nette en 2015 comme en 2005, la télévision démontre une certaine résistance comparativement à d’autres médias, face à la forte croissance d’internet : 26 % de part de marché publicitaire en 2015 contre 2 % en 2005. Cette stabilité de part de marché masque toutefois la forte baisse des recettes publicitaires du média TV : -15 % entre 2000 et 2015 en euros constants de 1999 ». YouTube représente la première menace de poids pour les chaînes
Info ou intox ? Réagir face aux théories du complot | L'éducation aux médias et à l'information (EMI) dans l'académie de Besançon
Covid19 : point de situation hebdomadaire Chaque semaine, le bilan dans l'académie de Besançon. Grenelle de l’Éducation D’octobre 2020 à février 2021, le Grenelle de l’éducation a pour vocation de rassembler autour d’un projet commun pour son école en s’appuyant sur la contribution de toutes les parties prenantes : personnels, parents d’élève, syndicats et société civile. Carte des enseignements de spécialité de l’académie Le bac 2021 redonne au baccalauréat son sens et son utilité avec un examen remusclé et un lycée plus simple, plus à l'écoute des aspirations des lycéens, pour leur donner les moyens de se projeter vers la réussite dans l'enseignement supérieur.
« La disponibilité de l’information entrave sa crédibilité »
Cet entretien a été réalisé le 20 mars 2019 dans le cadre du colloque « Les démocraties à l’épreuve des infox » organisé conjointement par l’INA et la BNF. Gérald Bronner est sociologue professeur à l’université Paris Diderot et membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie des technologies. Votre intervention se focalisait sur la crédulité des publics. Gérald Bronner : Nous avons tendance, statistiquement, sur le grand nombre, à endosser des propositions intellectuelles, des idées, des représentations du monde qui ne sont pas toujours sélectionnées de façon optimale. Le phénomène des fake news indique-t-il que nous sommes plus crédules qu'auparavant ? Gérald Bronner : Je ne le dirais pas. « Il n'y a jamais eu autant d'informations disponibles aujourd'hui que n'importe quand dans l'histoire de l'humanité » Diriez-vous, qu’en réalité, il n’y a rien de vraiment nouveau derrière les fake news ? Gérald Bronner : Ah non, ce dont on parle aujourd'hui n'est pas réellement neuf.
Sur les réseaux, on fait davantage confiance à la personne qui partage qu’à la source de l’information
Un certain nombre d’études sont déjà arrivées à des conclusions que nous, êtres humains, qui passons de plus en plus de temps en ligne, avions pressenties : de plus en plus de personnes obtiennent leurs informations sur les réseaux sociaux et la source de ces informations n’est pas toujours très claire dans l’esprit de ceux qui les lisent ou les partagent. Une nouvelle expérience, menée par le Media Insight Project en collaboration avec l’American Press Institute et Associated Press, vient ajouter sa pierre à l’édifice en s’intéressant à la perception qu’ont les lecteurs sur leur façon de s’informer. Ce sondage reposait sur du déclaratif, autrement dit sur la perception que les participants avaient d’eux-mêmes. « Cette fois-ci, nous voulions tester si c’était vrai ou si c’était juste ce que les gens croyaient », disent les auteurs à propos de cette nouvelle étude. Comme ils s’en doutaient, il existe bien une différence entre la perception et la réalité. Quelle méthodologie ?
Décodex : notre kit pour dénicher les fausses informations