La musique officielle sous le régime nazi en Allemagne entre 1933-1945. Le nazisme et la musique dégénérée. Ce texte porte sur un aspect important de la machine à tuer nazi : le rapport à la musique et son utilisation comme arme de destruction.
La musique comme arme d'asservissement « La musique est un art mineur car elle disparaît en même temps qu’elle se forme » Art mineur? Et pourtant la musique a souvent été une arme majeure pour les régimes totalitaires (voir URSS et l’art prolétarien, et bien d'autres hélas) et elle deviendra pour les nazis une arme essentielle pour la démonstration à la fois du génie éternel du peuple allemand et de la supériorité aryenne. La musique participe donc à l’établissement du Reich de mille ans, son pouvoir d'envoûtement est utilisable comme formidable outil de propagande.
Elle sert à couvrir les agonies, à ordonner les travaux forcés, à rythmer les exécutions, et à divertir les chefs des camps, et aussi parfois à permettre à certains de survivre malgré tout. Écoutons Pascal Quignard : En quête de la musique composée dans les camps nazis. Il pense percevoir l'histoire à travers la musique.
Depuis dix-sept ans, Francesco Lotoro ( lire son portrait) déniche les sonates pour piano, chansons de cabaret, opéras et symphonies composés dans les camps de la Seconde Guerre mondiale. La collecte de ces morceaux de musique - 4 000 aujourd'hui - dépasse amplement le travail de recherche. Le musicien italien met à profit son doigté de pianiste pour constituer une « encyclopédie discographique de la musique concentrationnaire », qui comportera, à terme, trente-deux disques - sous le label KZ Musik.
Cette quête s'apparente à un devoir de mémoire auquel il répond comme à une vocation. « J'ai senti, à un certain moment, que c'était à moi d'accomplir cette tâche, et que je n'avais pas à attendre que quelqu'un d'autre le fasse », explique Francesco Lotoro. "Yahvé, jusques à quand m'oublieras-tu ? " Francesco Lotoro s'est notamment penché sur le sort de certains compositeurs français.
"Je voyais l'arc-en-ciel de l'Ange" Survivre et mourir en musique dans les camps nazis - Centre Français des Musiques Juives. Des premiers camps punitifs du IIIe Reich jusqu’aux usines de la mort de Treblinka et Birkenau, en passant par les camps de prisonniers de guerre, l’auteur relate dans cet ouvrage les activités musicales dans l’univers concentrationnaire.
Il a travaillé sur diverses archives et rencontré d’anciens déportés musiciens. Dès le début, la musique est utilisée dans un but répressif : elle rassure les nouveaux arrivants dans les camps de concentration, sert la propagande et accompagne les travaux forcés. « Quand cette musique éclate, nous savons que nos camarades, dehors dans le brouillard, se mettent en marche comme des automates ; leurs âmes sont mortes et c’est la musique qui les pousse en avant, comme le vent les feuilles sèches, et leur tient lieu de volonté. » écrivait Primo Levi.
Des musiques sont composées dans les camps de prisonniers de guerre. Parfois clandestine, mais le plus souvent « officielle », la musique fit partie intégrante du système concentrationnaire. Musique dans les Camps de Concentration. Médiathèque de la Cité de la musique, Paris. Musique, religion, résistance à Theresienstadt. « La musique n’est pas seulement une ruse captivante et captieuse pour subjuguer sans violence, pour capturer en captivant, elle est encore une douceur qui adoucit : douce ellemême, elle rend plus doux ceux qui l’écoutent, car en chacun de nous elle pacifie les monstres de l’instinct et apprivoise les fauves de la passion 1. » Cet éloge de la musique par Vladimir Jankélévitch semble considération chimérique au vu du sujet qui nous intéresse dans cet article : la musique dans l’univers concentrationnaire de Theresienstadt.
À Theresienstadt — nom allemand pour Terezín — ville-forteresse située à une quarantaine de kilomètres de Prague, une vie musicale intense a vu le jour suite, entre autres, à la décision des nazis d’utiliser ce camp comme « vitrine » de la politique adoptée face aux Juifs : dans l’optique d’une visite officielle du Comité International de la Croix- Rouge, toutes les musiques — même celles de compositeurs juifs — ont été autorisées. I – Theresienstadt.