Emma Becker : « Foutez la paix aux putes ! » La gauche defend les travailleurs, mais pas les prolos du sexe ? La vie des travailleurs du sexe n'est pas rose : insécurité, agressions, répression...
A Bruxelles, leur quotidien se dégrade. La gauche, hélas, ne défend pas les "prolos" du sexe. Le sort réservé aux prostitué.e.s en dit beaucoup sur l'état de santé d'une démocratie. A Bruxelles, il y a du souci à se faire. Dans la capitale de l'Europe, les travailleurs du sexe (TDS) sont traités en parias. Un bidonville à Saint-Josse Le quartier des néons rouges, derrière la gare du Nord, sur le territoire de la commune de Saint-Josse, est devenu un enfer pour les TDS. La prostitution de vitrine, à Saint-Josse, se déroule dans ce qui ressemble à un bidonville. A Bruxelles-Ville, les "putes" indésirables Le quartier des hôtels de passe, appelé quartier de l'Alhambra, situé sur le territoire de la commune de Bruxelles-Ville, près du Théâtre flamand, est toujours plus insécurisant pour les TDS.
Menacés d'amendes, pourchassés par la police, les clients des TDS se font rares. Travail du sexe: organiser plutôt que réprimer. Temps de lecture: 11 min Leeds est une ville de 750.000 habitants au Royaume-Uni sans renommée particulière.
Depuis 2014 toutefois, l’agglomération est régulièrement sous le feu des projecteurs pour son approche innovante du travail sexuel. Une approche qui consiste à créer une zone de tolérance où les travailleuses du sexe de rue peuvent exercer sans crainte de répression policière: une «managed zone» ou «zone encadrée». Travailleurs et travailleuses du sexe de rue peuvent y travailler entre 20 heures et 6 heures du matin, avec la police présente pour les protéger contre les violences plutôt que pour veiller à l’application des lois répressives à leur encontre.
Seize ans d’échecs successifs de l’approche répressive Avant de s’attarder sur l’impact précis qu’a eu cette zone encadrée, remontons d’abord dans le temps. En 1998 est ainsi mis en place un programme qui n’est pas sans rappeler la loi française de pénalisation des clients en vigueur depuis 2016. L’objectif est triple. Travail du sexe: et si pour une fois on écoutait les personnes concernées? Temps de lecture: 7 min Il est amusant de constater que le sujet des pratiques sexuelles, s'il nous rapproche tous et toutes en tant qu’animaux, ne cesse paradoxalement de diviser, de préjugés en avis désapprobateurs.
Pour beaucoup, le sexe est malheureusement empreint d’une crasse qui en fait un sujet indécent, sale, à bannir. Par extension, les personnes qui en ont fait leur métier sont l'objet d'une stigmatisation permanente. Parce que l’opinion publique semble n'avoir aucune envie de les défendre, l’État mène même une politique qui rend leur travail précaire, voire dangereux. Un état de fait qui contraint donc les travailleurs et travailleuses du sexe à mener de véritables batailles pour pouvoir exercer leur métier dans la dignité. Les témoignages que l’on entend le plus vont dans le sens des croyances populaires. En revanche, on retient illico le témoignage sensationnaliste, bien que très fouillé, de Robin D'Angelo dans son livre Judy, Lola, Sofia et moi. Redistribuer la parole.
Prostitution : ceux qui disent oui, ceux qui disent non by Les couilles sur la table. Réprimer le travail du sexe met en danger les prostituées. Temps de lecture: 11 min Juno Mac et Molly Smith sont deux travailleuses du sexe britanniques qui ont publié en novembre 2018 un livre intitulé Revolting Prostitutes–The Fight for Sex Workers Rights [«La révolte des prostituées–Le Combat pour les droits des travailleuses du sexe»].
«Moi et @fornicatrix avons écrit un livre #RevoltingProstitutes. Ça parle de sexe, de capitalisme, des barrières que mettent l'État. Beaucoup de personnes l'apprécie, y compris Silvia Federici (!). Vous pouvez l'acheter où vous voulez ou ici @VersoBooks vous aurez immédiatement l'ebook immediately» Le travail du sexe est de plus en plus dangereux. Temps de lecture: 9 min «Prostitution: la loi de 2016 n'a pas encore produit d'effets, selon une étude», pouvait-on lire mercredi 23 octobre dans une dépêche AFP relayée par la presse.
Quatre ans après le vote de cette loi de pénalisation des clients et alors que les preuves s'accumulent pourtant sur le caractère extrêmement nocif de cette législation répressive, une étude co-financée par l'organisation abolitionniste Fondation Scelles et réalisée entre avril 2018 et juillet 2019 tente de sauver les meubles. Si la situation ne s'est pas améliorée pour les travailleuses du sexe depuis 2016, explique la fondation, c'est parce que la loi n'a pas été pleinement et également appliquée sur l'ensemble du territoire. Cet élément de langage avait déjà commencé à être utilisé pour défendre la loi lors de l'audition au Conseil constitutionnel en février dernier, et mis en avant dans une tribune publiée par Libération ce 6 novembre. La précarisation des travailleuses Des voix que l'on n'écoute pas.