Daech nous attaque-t-il vraiment «pour ce que nous sommes»? Temps de lecture: 9 min «L'Etat islamique ne rêve que d'une chose c'est d'attaquer la France, et ils mettront les moyens nécessaires», expliquait l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic sur France 2, au lendemain des attentats du vendredi 13 novembre qui ont coûté la vie à 129 personnes dans l’est parisien et à Saint-Denis.
Il ajoutait: «Si l’émir de l’Etat islamique demande à mains levées à ses recrues: "qui veut aller faire un attentat en France? " Peut-on vraiment parler de «guerre» après le 13 novembre? À la suite des attentats parisiens, François Hollande et son gouvernement ont répondu par l'emploi d'une rhétorique guerrière et des frappes aériennes contre l'État islamique.
Mais, même à considérer les attaques des djihadistes et la réponse militaire française, doit-on considérer que nous sommes, d'un point de vue juridique ou philosophique, en guerre pour autant? Ces derniers jours, le mot est dans presque toutes les bouches: la guerre. Sur France 2 par exemple, le lendemain des attentats, la journaliste du 13 heures décrit un Paris «en état de guerre». « Monsieur le Président, vous êtes tombé dans le piège ! » David Van Reybrouck, d’expression néerlandaise, est l’auteur de nombreux ouvrages dont Congo, une histoire (Ed.
Actes sud), pour lequel il a notamment reçu en 2012 le prix Médicis dans la catégorie « essai ». L’écrivain et historien interpelle le président français sur le champ lexical guerrier de son discours, samedi 14 novembre, lendemain des attentats qui ont endeuillé Paris. Et sur la surenchère que cela pourrait entraîner. Monsieur le Président, Le choix extraordinairement irréfléchi de la terminologie que vous avez utilisée dans votre discours de samedi après-midi [14 novembre 2015], où vous répétiez qu’il s’agissait d’un « crime de guerre » perpétré par « une armée terroriste » m’a interpellé. L’anthropologue française Dounia Bouzar : « Daesh est plus proche du nazisme que des frères musulmans » Dounia Bouzar vient de publier « La vie après Daesh » Dounia Bouzar est cette combattante sans arme qui ramène les jeunes vers la vie quand Daesh les pousse vers la mort.
Elle nous parle de sa stratégie de « guerre »… Sans la Turquie, Daech n’existerait pas. Une politique étrangère en zigzag. Comment Erdogan pourrait-il bombarder l’Etat islamique alors qu’il n’y a pas si longtemps il le considérait comme un mouvement sunnite de résistance ?
Les “puissances sunnites” [Turquie, Arabie Saoudite, Qatar, Egypte,…], comme elles aiment à se présenter, n’ont pas réussi à s’adapter aux changements politiques au Moyen-Orient. Le Qatar [accusé de financer les islamistes] et la Turquie [dirigée par un parti islamiste modéré] ont résisté jusqu’au bout aux changements. Ces pays se retrouvent désormais “interventionnistes malgré eux” [le Parlement turc a voté le 2 octobre pour l’intervention militaire contre l’Etat islamique (EI)] : le Qatar participe aux opérations militaires contre l’EI, et le président turc déclare que “la Turquie fera tout ce qui est nécessaire pour lutter contre l’EI”.
Inutile de rappeler que jadis leur position se limitait à s’opposer à une intervention occidentale contre les islamistes. Que risquent les Français qui partent faire le djihad? Le Parlement examine actuellement un projet de loi pour renforcer la lutte contre les filières djihadistes.
Medhi Nemmouche, Gael Maurize, Salim Benghalem ou encore Souad Merah et son mari Abdelouahed Baghdali: tous ces citoyens français sont soupçonnés par le gouvernement d’être partis faire le djihad au Moyen-Orient. Traduit littéralement de l’arabe, le djihad désigne «un effort vers un but déterminé», un terme positif pour les musulmans. La nébuleuse de l'Etat islamique. Il y a un autre front dans la guerre menée par EI: la bataille contre al-Qaida, celle pour être rejoint par le plus de groupes djihadistes à travers le monde.
Qui a fait allégeance? Hervé Gourdel est la première victime française de la guerre engagée contre l'organisation Etat islamique. Enlevé en Kabylie dimanche 21 septembre, il a été assassiné trois jours plus tard par un groupe jusqu'ici inconnu du grand public: Jund al-Khalifah, les soldats du califat. Depuis cinq ans, de nombreux otages français sont morts dans «l'arc de crise jihadiste»
Que risquent les Français qui partent faire le djihad? 24 transgressions de l'islam commises par l'État islamique - International. "La lettre est très forte et nous espérons qu'elle exerce un impact important" déclare Hicham El Mzairh (sp.a).
"Il s'agit d'un bombardement idéologique sur l'État islamique. Les signataires avancent des arguments extraits du Coran pour placer l'EI sous un mauvais jour". Il espère surtout que le message trouvera un écho auprès des jeunes. Le pacte suicidaire de l’Etat islamique. Les vidéos de décapitation de l’EI, loin de décourager les Occidentaux, ne font que raffermir leur mobilisation et les pousser à la guerre.
«Un nouveau message à l'Amérique et à ses alliés», annonce la macabre vidéo diffusée le 3 octobre par le groupe djihadiste EI (Etat islamique). Cette fois, la victime est l’otage britannique Alan Henning. «A cause de la décision de notre Parlement d’attaquer l’Etat islamique, moi, en tant que membre du public britannique, je vais aujourd’hui payer le prix de cette décision», dit l’homme condamné dans un adieu scénarisé. Le Coran est-il responsable des violences islamistes? Faut-il réduire l’Etat islamique (Daesh) à un gang de criminels mafieux qui n’a rien à voir avec l‘islam?
Ce qualificatif le plus souvent appliqué, y compris par les musulmans modérés, aux auteurs des exactions commises à la frontière syro-irakienne et, depuis l’exécution d’Hervé Gourdel, jusqu’en Algérie, correspond sans doute à la plus exacte réalité. Elle ne peut pourtant pas faire l’économie d’une réflexion sur la violence et le sacré dans l’islam. Certes, l’amalgame souvent fait entre islamisme et islam, entre djihadisme et impératif sacré, est condamnable. Mais les références criminelles de ces terroristes au Coran sèment le trouble. Les frappes aériennes contre l'EI seront peut-être plus efficaces qu'on ne le pense. L'histoire montre que sans troupes au sol, les bombardements n'ont guère de résultat. Mais l'histoire ne se répète pas toujours. La guerre aérienne du président Obama contre des cibles terroristes en Syrie a commencé, plus tôt et plus profondément qu’on aurait pu s’y attendre.
La question est: ces frappes –qui ne font que marquer «le début d’une campagne crédible, durable et persistante» comme l'a expliqué le chef des opérations militaires américain lors d’une conférence de presse au Pentagone le 23 septembre– vont-elles réellement affaiblir et détruire le groupe djihadiste de l’Etat islamique (EI)? Le passé nous enseigne que les frappes aériennes n’ont généralement que peu d’effets, à moins d’être associées à des assauts par des troupes au sol, ce que les Etats-Unis se refusent à faire et que les «rebelles syriens modérés» ne sont pas encore capables de réaliser.
Ceci dit, le précédent historique n’est pas forcément imparable dans ce cas. Frappes en Syrie : pourquoi l’Elysée hésite. Les faits - La France a décidé de mobiliser trois Rafale supplémentaires - soit neuf au total - et une frégate antiaérienne dans le golfe arabo-persique, dans le cadre des opérations militaires contre l’Etat islamique (EI), a annoncé mercredi le ministère de la Défense, à l'issue d'un conseil restreint de défense. Depuis le début des opérations militaires, le 19 septembre, la France n'a effectué que deux frappes, contribuant pour moins de 1% aux actions militaires sur l'ensemble du théâtre syro-irakien.
La France repousse pour l'instant toute idée de frappes aériennes en Syrie et continue de «soutenir par tout moyen l'opposition démocratique en Syrie». Ne pas prendre le risque de tuer avec des bombes françaises des citoyens français partis faire le djihad. C'est le grand non-dit des hésitations de l'Elysée quant à une intervention militaire en Syrie contre l’Etat islamique. Contre l'Etat islamique, Hollande a eu raison trop tôt. En 2013, le président français avait préconisé et préparé la participation de la France à une intervention aérienne contre Damas. Cela aurait peut-être évité que se crée un vide entre le pouvoir de Bachar el-Assad et l’opposition syrienne modérée –vide dans lequel les extrémistes se sont engouffrés. Obama avait alors refusé d'agir, il y est acculé aujourd'hui. Il faut refuser de regarder les images des mises à mort.
Ce n'est pas seulement une question de dignité des victimes ou de «jouer le jeu des djihadistes»: c'est qu'elles ne nous laissent psychiquement le choix qu'entre deux positions possibles, victime ou bourreau. Ecrit à l'occasion de l'assassinat par l'Etat islamique des deux journalistes (James Foley et Steven Sotloff) et du travailleur humanitaire (David Haines), cet article a été mis à jour ce 24 septembre, après l'annonce, par les médias, de l'exécution d'Hervé Gourdel, Français enlevé en Algérie le 21 septembre. L'information n'est pour le moment pas confirmée par les autorités françaises mais serait relayée, à l'instar des cas précédents, par une vidéo. Ces derniers jours, les images des décapitations des personnes assassinées par l'État islamique ont provoqué de multiples réactions quant à leur diffusion.
Certains estiment qu’il s’agit d’informer le public, d’autres qu’elles permettent d'opérer une prise de conscience quant à la réalité de l’Etat islamique. Jusqu’où iront les djihadistes. Le 10 juin, le groupe djihadiste de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) s’est emparé de Mossoul, deuxième ville du pays, et poursuit son avancée dans le Nord et le Centre. Cette offensive, d'une envergure sans précédent, menace toute la région. 11 juin 2014 | Partager :