Cellule de renseignement Demeter : quand la gendarmerie se met au service de l’agro-industrie par Sophie Chapelle 25 septembre 2020. « Le monde agricole en France subit deux agressions par heure. » Ce chiffre, lancé en août 2020 par un animateur d’une radio nationale, a de quoi interpeller [1].
Il est tiré du dossier de presse du ministère de l’Intérieur réalisé à l’occasion du lancement de la cellule Demeter. Ce dispositif a été créé le 13 décembre 2019, sous l’égide de la Direction générale de la gendarmerie nationale, pour « assurer la sécurité des agriculteurs ». « De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes, indiquait Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, en compagnie de Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire. « Des individus s’introduisent dans leurs exploitations agricoles et les bloquent. Ils font des films aux commentaires orduriers, avant de jeter les exploitants en pâture sur les réseaux sociaux. Le gouvernement laisse les cours d’eau à la merci des pesticides. Après des mois de tergiversation, le gouvernement a enfin pris un arrêté pour limiter les épandages de produits phytosanitaires près des habitation.
Les riverains devraient être mieux protégés face aux pesticides. Mais qu’en est-il de l’eau que nous buvons ? À l’origine, notre loi sauvegarde les rivières, canaux et autres lacs des contaminations en interdisant à leurs abords tout versement de substances biocides. C’est ce qu’on appelle les « zones de non-traitement » (ZNT). Mais depuis quelques années, le lobby agricole pousse de tous les côtés afin d’affaiblir cette législation, qu’il juge complexe et contre-productive. Comme Reporterre l’avait raconté, la FNSEA — le syndicat agricole majoritaire — et ses alliés ont d’abord choisi d’attaquer la définition même d’une rivière. . « Dans le contexte actuel de tensions avec la profession agricole » Démonter Démeter (la cellule de renseignement) cyberaction. Le gouvernement a créé une cellule militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie. La liste des organisations signataires de cette tribune se trouve à la fin du texte.
Il y aura un avant et un après Déméter. Le 13 décembre, le ministre de l’Intérieur de la République française Christophe Castaner s’est rendu dans le Finistère en compagnie de la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. Dans le cadre d’une convention signée entre son ministère et ce syndicat agricole. Cette première anomalie démocratique — depuis quand la police républicaine est-elle aux ordres d’une structure privée ? — n’est pas la dernière, de loin. En effet, ce voyage avait pour but principal de lancer une cellule de la gendarmerie nationale appelée Déméter, la déesse grecque des moissons.
Le ministre, confronté avec son gouvernement à une situation politique difficile, a donc décidé de jouer ce rôle dangereux, affirmant par exemple : « Depuis quelques années, un phénomène grandit, inacceptable. Non, la réforme des retraites n'apporterait pas « que du mieux » aux agriculteurs. Le gouvernement soutient qu’avec ce projet, les pensions des agriculteurs.trices seront toutes d’au moins 85% du SMIC, soit 1023 euros, à partir de 2025.
Mais ce minimum ne serait obtenu qu’après une carrière complète (c’est-à-dire avec toutes les annuités), et après l’âge pivot, qui serait décalé de deux ans (64 à la place de 62 ans). Cet objectif de minimum à 85 % du SMIC est promis...depuis 2003. En mai 2018, le gouvernement a rejeté une proposition de loi allant dans ce sens ! Les pensions agricoles actuelles sont indignes : 740€ par mois en moyenne, avec de très fortes disparités entre chefs d’exploitations et conjoints collaborateurs, qui sont le plus souvent des femmes (930€ pour les hommes et 670€ pour les femmes). La Confédération paysanne alerte : " La moitié des paysan-ne·s d’aujourd’hui cessera son activité dans les 10 ans et viendra grossir les rangs des retraité·e·s agricoles aux pensions dérisoires. L. Pinatel plaqué au sol au Salon de l'Agriculture : "C'est du délire" 21/02.
La grande enquête sur le maître caché de l'agriculture française. ENQUÊTE - 5 - Xavier Beulin, l’homme aux mille bras. C’est le symptôme le plus évident de sa puissance : d’« Agricultor » pour Libération à « Agrobusiness man » pour Le Monde, toute la presse nationale a tiré la caricature de cet « homme d’affaires [qui] détonne dans le milieu agricole » selon Le Point.
Mais rien n’y fait. Xavier Beulin semble indestructible. Cheveux gominés, chaîne en or, montre Breitling et villa en Tunisie, son train de vie n’est pas un mystère. M. Beulin n’est plus guère paysan, et il s’en fiche. . « Fossoyeur de l’agriculture », selon Marianne, il ne cache pas sa vision des choses : il n’y a d’autre choix possible que l’industrialisation de l’agriculture :