Sarah Abdelnour : Des prolétaires aux précaires, une nouvelle classe sociale ? « Gilets jaunes » : « La perspective d’une réunification d’un bloc populaire inquiète les politiques » Ascoval : plus qu’une aciérie, une « famille de sang et de cœur » Les 30 dernières années de la cause ouvrière. Etre ouvrier, en France, aujourd'hui. L'ouvrier "d'usine, masculin, qualifié" qui était autrefois l'image de la "classe ouvrière" a laissé la place à une catégorie tellement hétérogène et éclatée que les sociologues étudient désormais plutôt les "classes populaires" que les "classes ouvrières".
Ces mêmes classes populaires que les deux candidats du deuxième tour disent vouloir défendre, on l'a vu encore sur le site de Whirlpool ce mercredi. Selon l'INSEE, les ouvriers représentent aujourd'hui 20% de la population active. Ils sont toujours classés en trois catégories: ouvriers qualifiés, non qualifiés, et agricoles. Mais hors de ces statistiques, le monde ouvrier s'est élargi, en englobant notamment les ouvriers du secteur tertiaire. Travail ouvrier: travail difficile, reconnaissance minimale C'est loin d’être le cas dans tous les secteurs, mais le travail ouvrier aujourd'hui se caractérise par son intensification: plus de tâches données à moins de salariés.
Je suis fatiguée. La troisième génération ouvrière, par Stéphane Beaud & Michel Pialoux (Le Monde diplomatique, juin 2002) Samedi 23 mars 2002, au Théâtre de Chelles, un débat sur le « sort des salariés face aux restructurations des entreprises » a lieu avant la présentation de la pièce 501 blues, jouée par cinq ouvrières de l’usine Levi’s de la Bassée (dans le Nord) qui ont été licenciées, comme plus de cinq cents de leurs camarades, au moment de la fermeture du site (1).
Le public est divisé en deux : d’une part, des habitants de Chelles et des environs (militants, ouvriers en retraite, enseignants...) et de l’autre, une dizaine d’élèves (tous des garçons, dont une nette majorité de « blacks » et de « beurs ») d’une classe de bac professionnel du lycée de Chelles, accompagnés par deux de leurs professeurs. Stéphane Beaud : « La jeunesse populaire paie “plein pot” les transformations du marché du travail » Frappés par le chômage de masse et la précarisation, les jeunes des milieux populaires sont délaissés par les politiques publiques, dénonce le sociologue.
Violences scolaires, affrontements avec la police, délinquance, radicalisation : l’actualité alimente les stigmates qui pèsent sur les jeunes des classes populaires, en particulier ceux des « cités ». Dans Une génération sacrifiée ? (Editions rue d’Ulm, 270 p., 25 euros), codirigé avec Gérard Mauger, le sociologue Stéphane Beaud (Ecole des hautes études en sciences sociales, université Paris-X-Nanterre) arpente la réalité que traverse cette jeunesse : leur expérience douloureuse de l’école, leurs désillusions aux portes du marché du travail, leur rapport à leur héritage culturel… Ce qui frappe, c’est le point de départ commun aux neuf enquêtes réunies dans « Une génération sacrifiée ?
Les vrais ouvriers et la "classe ouvrière" Il y a quarante ans encore, les ouvriers d’industrie étaient considérés comme la classe élue de l’émancipation universelle. « L’émancipation des étudiants sera l’œuvre… des ouvriers eux-mêmes », entendait-on dans l’immédiat après-68.
A travers leur lutte révolutionnaire, non seulement le capitalisme allait être renversé, les moyens de production et d’échanges collectivisés, mais l’humanité tout entière échapperait définitivement à l’aliénation. La classe ouvrière étant la plus exploitée, la plus aliénée, elle était appelée à se muer en agent historique de la transformation radicale de la société. C’était la classe rédemptrice, la seule en outre à même de transcender les particularismes nationaux, et à réaliser l’internationale, la réconciliation du genre humain rêvée par Marx. Qui sont les ouvriers d’aujourd’hui ? De moins en moins nombreux et particulièrement exposés à la précarité, les ouvriers occupent encore deux emplois sur dix en France.
Ils souffrent d’un manque de représentation. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Perrine Mouterde Lorsque Martin Thibault, sociologue du travail à l’université de Limoges, a entamé son enquête, Ouvriers malgré tout (Raison d’agir éditions, 2013), auprès des agents de maintenance de la RATP, l’entreprise lui a répondu qu’il n’y avait pas d’ouvrier chez elle. Souvent, les agents eux-mêmes ne se disaient pas ouvriers, jusqu’à ce qu’ils soient rattrapés par la réalité de leur métier – physique, répétitif, très encadré et exercé dans des hangars où il fait trop chaud ou trop froid.
Dans les entrepôts de la grande distribution, même constat : ni les préparateurs de commandes ni les caristes ne se disent ouvriers.