Aglaé a accepté de nous parler de sa vie. De son métier, puisque c’est le mot qu’elle emploie, mais pas seulement. Elle a parlé des humains, je ne veux pas dire des hommes, on comprend bien pourquoi, quoiqu’elle nous ait évidemment aussi parlé des hommes.
En nous racontant sa vie elle nous a parlé du monde, mais vu d’une fenêtre qui, quoiqu’elle en dise, – « C’est un métier comme les autres » est une phrase qu’elle emploie souvent –, est une fenêtre un petit peu singulière.
C’est cette différence qui, outre sa drôlerie, son humain trop humain, en fait un personnage de théâtre : elle n’est pas « normale », pas dans la norme.
Il y a, socialement, politiquement, débat déchainé sur son métier. Ça ne nous intéresse pas, en tout cas pas ici.
Un podcast à soi (n°15) : Le prix du sexe. La prostitution est-elle la pire des violences patriarcales exercée sur le corps des femmes, ou un travail pas pire qu'un autre ?
Pour protéger les femmes, faut-il l’abolir ou donner plus de droits à celles qui l'exercent ? Ces deux positions antagonistes divisent profondément le mouvement féministe. J'ai voulu tenter de les saisir dans toute leurs complexités et leurs contradictions, notamment à travers les paroles des premières concernées : Rozen, 62 ans, 22 ans de prostitution, se bat pour l'abolition de celle-ci. Teaser AGLAE. POUR ALLER PLUS LOIN Sur la question de la prostitution. "Aglaé" rencontre avec J-M Rabeux et C. Degliame. Journal d’une prostituée de campagne. Janine Mossuz-Lavau : "La prostitution reste un sujet qui fâche"
Nina était une jeune fille aveugle et heureuse.
Jusqu'au jour où elle recouvra la vue. Cela aurait pu se passer autrement et ailleurs, comme se passent souvent les choses, mais ce fut un jour de pluie, à la terrasse d'un café du quartier Montmartre. Le ciel touchait les toits en zinc et les gouttes explosaient sur le trottoir. Un pigeon boiteux dodelinait du chef pour planquer sa frousse sous les branches d'un platane indifférent. Cachée derrière ses lunettes noires, abritée par le store du café, Nina fumait une cigarette. Elle avait perdu la vue à l'âge de six ans, un coup de massue tombé sur son enfance sans cause identifiée.
Nina avait beaucoup pleuré au début, mais elle avait grandi dans un biotope familial favorable au développement du bonheur. ELLE(S) - Inspiré d'Aglaé - Création le 29/11 au Théâtre des Îlets, CDN de Montluçon. Les travailleu(r)ses du sexe - INFRAROUGE [Déconseillé aux - de 16 ans] Grisélidis Réal (1975/76) - 1. La prostitution quel est le problème ? - Galaxie Numérique des égalitéEs. i3334. Prostitution : pour une position abolitionniste. Une définition très générale de la prostitution consiste à dire que c’est « l’acte de livrer son sexe et son corps moyennant paiement ».
Aujourd’hui, on ne peut parler des personnes prostituées en général comme d’un groupe homogène. Dans notre article, nous faisons le choix d’aborder pour l’essentiel la question de la prostitution féminine. L'utopie libérale du service sexuel, par Mona Chollet (Le Monde diplomatique, septembre 2014) Les « travailleurs du sexe » qui militent pour la légalisation de leur activité insistent souvent sur le fait qu’ils sont indépendants et n’ont pas de proxénète.
Ce discours tend à faire oublier les profits colossaux engendrés, dont les intéressées sont souvent les dernières à voir la couleur — quand elles la voient (1). Agences de voyages, sociétés de transport, hôtels et autres intermédiaires, sans même parler des trafiquants, en bénéficient largement. Dans le monde économique français, la pratique de la « chambre garnie » permet de conclure un grand nombre d’affaires. Les grandes entreprises du secteur de l’eau, par exemple, ont abondamment utilisé les services de call-girls pour tenter de remporter les marchés auprès des élus (2).
La Belgique, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont décidé il y a peu d’inclure la prostitution, en même temps que le trafic de drogue, dans le calcul de leur produit intérieur brut (PIB), indicateur stratégique s’il en est. Surprenante convergence sur la prostitution, par Mona Chollet (Le Monde diplomatique, septembre 2014) Comme le remarque la journaliste suédoise Kajsa Ekis Ekman, le discours en faveur de la légalisation de la prostitution tient un argumentaire en réserve pour chaque tendance de l’opinion.
Aux socialistes, on affirme que la prostituée est « une travailleuse qui s’organisera dans un syndicat ». Aux libéraux, on assure « que c’est une question de libre choix et que la prostituée n’est rien d’autre qu’une entrepreneuse du sexe ». Aux féministes, on dit que les femmes doivent pouvoir « disposer de leur corps ». « Mon corps m’appartient » : ce slogan prend désormais un sens très différent de celui qu’il revêtait dans les manifestations des années 1970. En février 2014, pour protester contre la remise en question du droit à l’avortement, des centaines d’Espagnoles sont allées enregistrer leur corps comme propriété privée au registre commercial des biens mobiliers de leur ville.
Le désir féminin muselé Aux yeux de la société, les hommes bénéficient d’un « droit au sexe ». Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes – CONTRETEMPS. Morgane Merteuil et Damien Simonin s’attachent ici à déconstruire les discours abolitionnistes sur la prostitution, en interrogant leurs effets sur la vie des principales concernées : les travailleuses du sexe.
Non seulement la prostitution ne peut être appréhendée sous le prisme de la seule violence faite aux femmes, mais il est temps d’entendre la voix de celles et ceux qui se mobilisent pour reconnaître leurs droits à la libre disposition de leur corps. Se pose donc ici la question de savoir comment émanciper la prostitution du discours abolitionniste. En juin dernier, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, déclare que son objectif « comme celui du PS, c’est de voir la prostitution disparaître ». Cette annonce n’est pas isolée : elle fait suite à une déclaration de François Hollande pendant la dernière campagne présidentielle et à un engagement adopté par le PS en convention nationale un an auparavant.
Photographie: Flore Giraud. 163. Dossier prostitution : Trois grandes tendances. Si dans les faits, il existe une diversité de législations, on peut dire que le réglementarisme, l’abolitionnisme et le prohibitionnisme sont aujourd’hui les trois grandes tendances qui pensent le rapport entre la prostitution et la société.
Le prohibitionnisme Le système prohibitionniste interdit la prostitution, et réprime les personnes qui s’y livrent, l’organisent et l’exploitent. Si cette législation n’existe plus en Europe aujourd’hui, elle est en vigueur dans la plupart des États américains ou encore en Chine. Elle vise à punir les actes de racolage, de prostitution et de proxénétisme. Loin de mettre un terme à la prostitution, ce système a plutôt pour conséquences son exercice clandestin et la criminalisation des personnes prostituées. Janine Mossuz-Lavau : "La prostitution reste un sujet qui fâche" Entretien Pierre Notte Jean Michel Rabeux. Grisélidis Réal, écrivain, peintre et prostituée. Une loi qui risque d'aggraver la pénalisation des prostitué-e-s. Carine Favier et Véronique Séhier, co-présidentes du Planning Familial considèrent que le loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel » qui sera débattue en deuxième lecture au Sénat, le 14 octobre 2015, risque de renforcer « la précarité économique et sanitaire des prostitué-e-s ainsi que la stigmatisation à leur égard. » Mercredi 14 octobre 2015 sera débattue en deuxième lecture au Sénat la loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel ».
Cet intitulé est aussi grandiloquent qu’illusoire : ce que cette proposition législative risque de renforcer, ce sont plutôt la précarité économique et sanitaire des prostitué-e-s ainsi que la stigmatisation à leur égard. Le texte soumis au Parlement s'appuie sur deux ressorts très souvent utilisés de façon conjointe dans le traitement des questions sociales : la répression - via sa mesure phare, aujourd’hui, la pénalisation des clients - et la morale. Cette parole nous ne pouvons pas l’écarter. Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910. Henri de Toulouse-LautrecAu Moulin Rouge© The Art Institute of Chicago Première grande manifestation consacrée au thème de la prostitution, cette exposition tente de retracer la façon dont les artistes français et étrangers, fascinés par les acteurs et les lieux de ce fait social, n'ont cessé de rechercher de nouveaux moyens picturaux pour en représenter réalités et fantasmes.
De L'Olympia de Manet à L'Absinthe de Degas, des incursions dans les maisons closes de Toulouse-Lautrec et Munch aux figures audacieuses de Vlaminck, Van Dongen ou Picasso, l'exposition s'attache à montrer la place centrale occupée par ce monde interlope dans le développement de la peinture moderne.