L’exposition chronique à la cocaïne induit chez les usagers des troubles du comportement d’autant plus marqués que l’exposition est importante. Les addictologues de l’Hôpital Fernand Widal (APHP, Paris) et de l’unité de recherche inserm UMRS1144 (Optimisation Thérapeutique en Neuropsychopharmacologie) ont observé ce phénomène dans une étude basée sur des questionnaires recueillis chez 382 usagers de cocaïne français recrutés dans des centres de soins.
Ces patients étaient interrogés à l’aide de questionnaires évaluant l’impulsivité, l’inattention et les difficultés à planifier des actions complexes, portant sur la période de leur enfance et la période actuelle. Un tiers (34.6%) des patients qui ne décrivaient pas de troubles du comportement significatif durant l’enfance en décrivaient sur la période actuelle, ce qui constitue un argument pour des troubles du comportements acquis. La cocaïne responsable de plus en plus de cas de complications graves. Le nombre de cas graves liés à la prise de cocaïne a été multiplié par 9 ces dernières années et 85 décès ont été signalés en 2017.
Un phénomène qui fait écho à la hausse de la consommation. Peau moite et pale, sueurs et tremblements, mâchoires très serrées, vision troublée et pupille dilatée...Autant de signes qui doivent faire penser à une intoxication par la cocaïne. Malgré son image de drogue festive et stimulante cette substance, deuxième produit illicite le plus consommé en France après le cannabis, est loin d’être anodine. Qu’elle soit chronique ou ponctuelle, sous forme de poudre ou de crack, la consommation de cocaïne peut en effet entraîner des complications graves, en particulier en association avec d’autres substances (alcool, héroïne...). Et ces dernières années, le nombre de consommateurs victimes d’effets indésirables graves ainsi que le nombre de décès n’ont cessé d’augmenter, comme le rapporte un bulletin de l’Association des centres d’addictovigilance publié en mai.
La toxicité spécifique du crack. Le crack est un produit dérivé du chlorydrate de cocaïne, forme la plus courante sous laquelle la cocaïne circule dans les réseaux de distribution.
Le crack, appelé également free base, est fabriqué soit en traitant le chlorydrate de cocaïne par l’ammoniaque et l’éther, soit en le chauffant en présence de bicarbonate de soude. Ces traitements diminuent la température de vaporisation à environ 96°C si bien que la cocaïne peut être fumée alors que ce n’est pas possible quand elle est sous forme de chlorhydrate, la température à atteindre étant alors trop élevée (198°C). Le crack se présente sous forme de cailloux. En général il est fumé dans une pipe simple ou une pipe à eau souvent fabriquée par l’usager lui-même. Cocaïne: une dépendance très rapide et des effets immédiats sur le cerveau, selon une étude américaine.
SANTÉ - La consommation de cocaïne a des effets néfastes sur le cerveau.
Pas besoin d'être un scientifique de haut niveau ou un partisan de la guerre contre la drogue pour le dire. Une nouvelle étude, menée par l'University of California et parue dimanche 25 août dans la revue Nature, apporte cependant des précisions sur les effets en question. Elle montre que la cocaïne affecte très rapidement les circuits neuronaux de la mémoire, de l'apprentissage et de la prise de décision, favorisant la dépendance dès la première prise. Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont observé au niveau cellulaire l'effet d'une dose de cocaïne sur le lobe frontal de souris. Ils ont alors remarqué le développement rapide d'épines dendritiques, des structures qui relient les neurones et forment le "câblage" des circuits neuronaux. On peut observer ces altérations sur plusieurs jours grâce à ces scanners cérébraux relayés par nos confrères du HuffPost US: Alcool et cocaine : le cerveau trinque. La consommation chronique de cocaïne est associée à une altération des fonctions cognitives.
Toutefois, les consommateurs de cocaïne présentent fréquemment en parallèle un trouble de l’usage d’alcool, qui peut lui-même produire des troubles cognitifs significatifs. Les auteurs de cette étude ont donc chercher à examiner l’effet confondant potentiel de la consommation d’alcool sur le fonctionnement cognitif des usagers de cocaïne et d’alcool, en les comparant avec des sujets qui ne consomment que de l’alcool seul et des sujets contrôles. Mais qui sont les « cocaine bingers » Selon l’OMS en 2015, il y aurait près de 17 millions de consommateur de cocaïne dans le monde.
En Amérique du Nord, la cocaïne est devenue la 2e substance illicite la plus consommée après le cannabis (Prévalence annuelle de 2,2% aux USA et 1,3 % au Canada). Ces consommations sont associées à plusieurs complications médicales, infection par le VIH ou le HVC, tentative de suicide, psychose cocaïnique, infarctus du myocarde et AVC notamment. Il existe des profils très divers de consommateurs de cocaïne et de modalité de consommation.
On retrouve toutefois fréquemment des altérations sur le plan social, médical et psychiatrique chez ces usagers, en particulier les plus vulnérables. Dans cette sous population plus fragile, la cocaïne est régulièrement fumée ou injectée de manière intense et répétée pendant plusieurs heures ou jours, ce que l’on va appeler « binge » ou « run ». Par Julien Cabé.
La Cocaïne [Dr Laurent KARILA]