Les victimes (2e volet) : Comment mettre un terme aux injustices de l’histoire ? (1/5) : Victimité et politique des identités aux États-Unis. La condition de victime renvoie à deux réalités : des personnes affectées dans leur chair et leur esprit et à des groupes victimes d’injustices historiques.
Comment passe-t-on d’une réalité brute à une signification sociale et politique ? Et comment en sort-on ? Ce soir, avec Mark Lilla, professeur. Après avoir exploré dans une précédente série l’expérience extrême de la victime directe, cette seconde semaine prolonge la réflexion sur le devenir politique des victimes. De la politique des identités aux Etats-Unis à la justice transitionnelle en passant par le phénomène Metoo, nos sociétés ont imaginé ces dernières décennies de nombreuses solutions pour solder le passé et relever les statuts blessés par l’histoire ou stigmatisés par des représentations collectives dépassées.
Les victimes (2e volet) : Comment mettre un terme aux injustices de l’histoire ? (2/5) : Condition féminine et victimité : retour sur le séisme Metoo. La condition de victime renvoie à deux réalités : des personnes affectées dans leur chair et leur esprit et à des groupes victimes d’injustices historiques.
Comment passe-t-on d’une réalité brute à une signification sociale et politique ? Et comment en sort-on ? Ce soir, avec Anne Dujin, sociologue. Le séisme causé par la campagne sur les réseaux sociaux Metoo n’en finit pas de faire des répliques. Jusqu’à dépasser la seule dénonciation d’un préjudice pour aborder la question autrement plus profonde de la dissymétrie des désirs féminins et masculins. A propos de la nouvelle Cat Person publiée en décembre 2017 dans le New Yorker : Les gens, sur les réseaux sociaux, discutent du rapport sexuel consenti, mais non-voulu, non-désiré, dont on dit que c’est une problématique féminine majeure. (…) Le consentement est une notion très importante pour caractériser pénalement les situations où ce consentement est enfreint.
Les victimes (2e volet) : Comment mettre un terme aux injustices de l’histoire ? (3/5) : Les victimes comme acteurs politiques. L’une des grandes innovations de l’après 1989 a été l’apparition d’une justice dite « transitionnelle » pour surmonter les violences de masse autrement que par des procès et des peines en mettant les victimes au centre ; une justice pour les victimes qui se cherche encore.
Nous en parlons avec Sandrine Lefranc, chercheuse, auteure de Politiques du pardon, publié aux PUF. A propos des victimes dans ces procédures de justice transitionnelle : Le fait d’appeler des victimes « victimes », et seulement ainsi, les amène doucement vers le registre de la thérapie, de la compassion. Et lorsqu’elles entreprennent d’exprimer une colère, on leur demande de la laisser de côté parce que les qualifications politiques, le fait que le criminel appartenait à tel service de sécurité ou tel parti par exemple, doivent être écartées. (…) On ne peut pas parler politique, parce qu’on doit construire un compromis.
Les victimes (2e volet) : Comment mettre un terme aux injustices de l’histoire ? (4/5) : Comment réparer les crimes de l’histoire ? Esclavage, colonisation, Shoah : les préjudices de ces crimes historiques n’en finissent pas de se perpétuer des décennies, voire des siècles après.
Comment, dans ces conditions, faire justice aux descendants tout en respectant les principes républicains d’égalité et d’égale participation ? Nous en parlons avec Magali Bessone, professeure de philosophie à l'université Paris-1. A propos du morceau diffusé pendant l'émission, "Black Panther", de Kendrick Lamar, issu de la B.O. du film du même nom sorti en 2018 : J’ai choisi ce morceau parce qu’il est le premier sur la bande originale du film Black Panther, qui a été salué globalement comme la première fois qu’un film grand public mettait en scène un héros noir, Black Panther, ou T'Challa. Les victimes (2e volet) : Comment mettre un terme aux injustices de l’histoire ? (5/5) : Le traumatisme et la naissance d'une nouvelle économie morale. Le traumatisme a une histoire : peu considéré au sortir de la guerre 14/18, il devint un symptôme à part entière après la guerre du Viêt-Nam jusqu’à modifier aujourd’hui l’économie morale de nos sociétés.
Discussion avec Richard Rechtman, psychiatre et anthropologue à l’EHESS. Par rapport à la guerre du Viêt-Nam, (…) c’est la première fois que l’on voit une chose pareille : les gens traumatisés psychiquement deviennent des figures héroïques (…) et sont considérés comme des victimes parce qu’auteurs d’atrocités. (…) C’est un renversement majeur qui se joue à ce moment-là : des vétérans de la guerre du Viêt-Nam, qui ne sont pas des victimes de guerre au sens où on l’entendait auparavant, mais des auteurs d’atrocités, sont considérés de ce fait comme traumatisés.
Les victimes : la montée en puissance des victimes directes de crimes (1/5) : Du choc à la solidarité. Après le crime, la victime.
La victime désigne étymologiquement l’animal sacrifié, symbole de passivité absolue, et exprime aujourd’hui la condition de celui qui est affecté par la violence du crime. La condition de victime consiste en effet toujours en une diminution d’être. Les victimes : la montée en puissance des victimes directes de crimes (2/5) : Réparer les corps. Les victimes : la montée en puissance des victimes directes de crimes (3/5) : Survivre après le 13 novembre. Les victimes : la montée en puissance des victimes directes de crimes (4/5) : De la défiance à la reconnaissance.
Cette première série tentera de baliser, à partir de témoignages, le chemin qui conduit de la passivité à une activité politique ou judiciaire, de la commotion à la raison, de la solitude morale à la solitude active.
Ce soir, en compagnie de Denis Salas, magistrat et essayiste. Les juges ont d’abord montré une certaine défiance à l’égard des victimes dans lesquelles ils voyaient des trouble-fête dans un processus déjà délicat. Parce que la victime est paradoxalement menacée aujourd’hui d’une protection mal placée, trop intéressée par des politiques par exemple. D’où un nouveau mandat donné à l’institution judiciaire pour travailler avec elles, entendre leur plainte, et repenser les fondamentaux de l’audience. C’est le défi qu’analyse Denis Salas dans son dernier livre (La foule innocente, Desclée de Brouwer, 2018).
Les victimes : la montée en puissance des victimes directes de crimes (5/5) : Victimes et mémoire. Cette première série tentera de baliser, à partir de témoignages, le chemin qui conduit de la passivité à une activité politique ou judiciaire, de la commotion à la raison, de la solitude morale à la solitude active.
Ce soir, avec Denis Peschanski, historien, directeur de recherche au CNRS. Les crimes de masse « qu’on ne peut ni juger, ni pardonner » ont donné lieu à un travail de mémoire spécifique. Podcasts.