VIDEOS. Dans l'enfer du Bataclan : le récit des survivants. Coucher l'horreur sur procès-verbal. Mettre des mots sur l'innommable. Pour le tenir à distance, et paradoxalement se convaincre qu'il est bien advenu : de jour comme de nuit, depuis trente-six heures, les rescapés du Bataclan se succèdent au Quai des Orfèvres, au cœur de Paris, pour y être entendus par les hommes de la police judiciaire. A chaque fois, le récit d'une même terreur glaçante.
D'abord, celle de ces « pétards » que tous ont cru entendre au fond de la salle. « Un son distinct, mais pas si fort, décrit Sidonie, 45 ans. VIDEO. Un bref silence tombe sur les lieux, suivi d'une vague de hurlements, à mesure que les crépitements strient l'atmosphère confinée. « La foule a foncé vers nous, souffle Sidonie.
Ce réflexe, c'est aussi celui qui a sauvé Stéphane, aussi bien qu'il aurait pu le condamner. « J'étais parti prendre une bière au bar lorsque j'ai croisé un vigile. VIDEO. Les lumières se rallument. VIDEO. Il est 22 h 5. VIDEO. Ces voix, Pascal les capte avec une même acuité. L’odeur du sang et de la poudre. L’odeur du sang et de la poudre En 2010, le premier groupe que je voyais en concert s’appelait Eagles of Death Metal. 5 ans plus tard, le dernier groupe que j’aurai vu en concert s’appelle Eagles of Death Metal. Le dernier car ils ont gagné. Je n’irai plus jamais dans “une fête de perversité” de la “capitale des abominations et de la perversion” , selon leurs mots.
La musique occupait une place démesurée dans ma vie, elle est devenue incroyablement futile en l’espace d’une soirée. J’avais rencontré la femme de ma vie grâce à un concert dans cette salle, j’ai failli l’abandonner au même endroit. En arrivant assez tard dans la salle déjà comble, j’avais hésité à rester au niveau de la console de l’ingé son sur les marches, à proximité du bar et du stand de merch, comme cela m’arrive aussi assez souvent. Comme tout le monde, je me souviens du bruit des pétards. Alors je repense aux récits de Charlie et aux survivants pris pour morts. Pourquoi moi ? Le vrai, l’à moitié vrai et le complètement faux. Par Grégoire LEMARCHAND La police prend position aux abords d'un des restaurants parisiens attaqués le 13 novembre après un mouvement de foule déclenché par de fausses rumeurs, deux jours après les attentats (AFP / Dominique Faget) PARIS, 18 novembre 2015 – Sur les réseaux sociaux, les attentats du 13 novembre à Paris ont déclenché une tempête encore plus folle que celle qui s’était déchaînée en janvier, lors des attaques sanglantes contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.
L’heure tardive, le fait que les événements se soient produits simultanément à plusieurs endroits de la ville ont contribué à faire enfler les rumeurs en tout genre. Mais paradoxalement, on recense au bout du compte moins de dérapages, moins de comportements irresponsables et moins de théories du complot que dix mois plus tôt. Ce vendredi soir, je suis chez moi quand les premiers tweets sur les attaques commencent à fuser sur ma timeline. Une masse mouvante et gigantesque de données Mais nul n’a le monopole de l’info. «Quand certains disent "les policiers, ils sont blindés", c’est des bêtises» Qui sont les jihadistes français ? Qui se radicalise, pourquoi et par quels processus ? En France apparaissent deux groupes aux ressorts distincts, l’un issu des banlieues et passé par la délinquance, l’autre venant des classes moyennes, le regard tourné vers la Syrie. Les attentats du vendredi 13 novembre 2015, survenus moins d'un an après ceux qui ont visé Charlie Hebdo, posent la question du jihadisme et de son idéologie, mais aussi et avant tout du jihadiste qui passe à l’acte et commet des crimes de sang-froid.
Que se passe-t-il dans sa tête ? D’où vient sa résolution et comment comprendre sa frénésie dans la tuerie, jusqu’à sa mort préméditée comme un accomplissement de son destin par le martyre ? En France, le terrorisme au nom d’Allah est un fait ultraminoritaire parmi les musulmans, il ne touche qu’une infime fraction d’entre eux, mais sa portée n’a aucun rapport avec le nombre réel de personnes tuées : il bouleverse la société et engendre une crise profonde des assises symboliques de l’ordre social. L’assaut au Bataclan à travers les yeux des forces de l’ordre. Après des rescapés, ce sont des membres des forces de l’ordre qui racontent à leur tour dans les médias leur intervention au Bataclan, où l’attaque terroriste a fait au moins 89 morts et plus de trois cents blessés, vendredi 13 novembre.
Le rapport d’un brigadier de la brigade anticriminalité (BAC) a été publié, jeudi 19 novembre, dans Marianne, et les chefs des brigades de recherche et d’intervention (BRI) ont témoigné sur iTélé et France Info. Le film qu’ils déroulent est le suivant : Vers 21 h 45, la BAC de Paris est appelée en renfort pour « des individus armés qui venaient de pénétrer dans la salle de spectacle du Bataclan », indique le rapport d’un brigadier de la BAC de Paris, publié dans sa quasi-intégralité par Marianne. « Nous nous sommes annoncés partant pour ce lieu d’intervention. » L’équipe de trois personnes part pour le Bataclan. A l’angle de la rue Oberkampf et du boulevard Voltaire, ils stationnent. « Pas un bruit, même pas de complainte de victime »
[Exclusif] Bataclan : "J'ai l'honneur de vous rendre compte des faits suivants..." Cinq jours se sont écoulés lorsque ce brigadier de la BAC de Paris, dont nous respecterons l'anonymat, se met devant son ordinateur pour rédiger son "rapport d'intervention". "J'ai l'honneur de vous rendre compte des faits suivants", commence ce fonctionnaire qui était de patrouille ce vendredi 13 novembre 2015 avec deux collègues, vers 21h30, lorsqu'il a entendu sur les ondes qu'une fusillade venait de se produire rue Bichat, dans le 10è arrondissement.
Voici son rapport : "Vers 21h45 la "PS O3" demande du renfort pour des individus armés qui venaient de pénétrer dans salle de spectacle du Bataclan. Nous nous sommes annoncés partant pour ce lieu d'intervention. Vers 21h48, nous nous sommes stationnés angle Place de la la République, boulevard Voltaire, à Paris 11. Nous nous sommes équipés tous les trois de gilets pare balles lourds puis nous avons progressé en direction du Bataclan, en colonne.
Nous nous sommes aperçus que des blessés nous appelaient dans l'entrée du Bataclan. «Samedi 14, 5h30, nous venons de vivre l’attentat du Bataclan» Un an après les attentats du 13 novembre 2015 survenus à Paris et Saint-Denis, nous republions ce témoignage. Comme des claquements qui s’enchaînent. Comme une interminable chaîne de gifles dans un nuage de rock. Le son s’arrête. Les claques continuent. Personne ne comprend ce qu’il se passe. «C’est dans le show. L’ingénieur du son devant nous vérifie sa console et finit par allumer la salle. Les tirs de kalachnikov couvrent les cris. Les musiciens jettent leurs instruments et fuient la scène. Les gens s’escaladent, tentant d’atteindre les issues de secours de la fosse, adjacentes à la scène. Les rafales ne s’interrompent pas mais le rythme ralentit à mesure des recharges. Les cris ne s’estompent pas. Sur le balcon, nous finissons par nous cacher entre les rangées de sièges. Chaque levée de tête entraîne des rafales. M. et moi tentons de nous diriger vers la sortie de droite, en rampant.
On se parle avec M.. Arrivés au bout de la rangée, je dis à M.: «On y va, fonce à la porte.» Face-à-face. « Videur, pas soldat, pas membre du GIGN » LE MONDE | • Mis à jour le | Par Stéphanie Binet Il ne fanfaronne pas, Didi, ne se sent pas du tout l’étoffe d’un héros. Depuis trois jours, le responsable de la sécurité du Bataclan est sollicité par tous les médias étrangers comme français. Depuis sa sortie, samedi 14 novembre, du 36, quai des Orfèvres où il répondait à la police, son téléphone n’arrête pas de sonner. Tout le week-end, il a décliné les interviews, mais a finalement décidé, lundi 16 novembre, de parler au Monde, en demandant à ne pas être photographié. Pour garder son anonymat, mais aussi par pudeur : « Je suis encore sous le choc, explique cet Algérien de 35 ans, pas vraiment baraqué, mais pratiquant des sports de combat.
Je pense aux gens qui sont morts, à ceux qui ont vécu un calvaire pendant deux heures, et à ces personnes qui sont encore entre la vie et la mort. » Il ne dévoilera pas son nom de famille, ni celui de ses cinq agents. Il parle calmement, avec sang-froid. . « Vite, vite, entrez, ça tire » Saint-Denis : le patron du Raid raconte l'assaut heure par heure. INFOGRAPHIE - INTERVIEW - Jean-Michel Fauvergue, directeur du Raid, raconte en détails, comment ses hommes ont mené l'assaut dans le nord de Paris.
L'opération, qui a duré sept heures, a occasionné «des centaines de coups de feu» et blessé 5 hommes de l'unité d'élite de la police. LE FIGARO. - Que savez-vous avant de commencer l'assaut? Jean-Michel FAUVERGUE. - Au départ, on nous a dit qu'il y avait trois personnes à l'intérieur. On pense qu'il y a une femme et deux hommes radicalisés. Vous saviez que la femme portait un gilet explosif? Oui, on savait que les terroristes étaient sans doute armés de kalachnikov et de gilets explosifs. Abu Abdelhamid Abaaoud pouvait-il être présent? On savait qu'il était peut-être là.
Pouvez-vous nous raconter l'assaut? L'assaut commence à 4h16 et il dure tout le temps du siège. Les terroristes ont rapidement installé un porte-bouclier derrière la porte. L'échange de tirs dure entre une demi-heure et trois-quarts d'heure. Non, nous sommes prudents. «Bien sûr que je vais te vomir toute ma version dessus, tu vas pas comprendre, meuf» «Vendredi, j’ai rejoint mon amie des concerts vénères, celle qui fait des pogos avec moi comme quand on avait 14 ans, celle que je perds dans la foule après la première chanson et que je rejoins à la fin avec un "c’était si BIEN, nan ? SI BIEN OUAIIIIS ! " Avant, on a bu des bières au bar. Le serveur n’avait plus de Picon, et ce genre de détail est important.
Du coup, on lui a dit qu’on n’allait pas s’attarder. Ça faisait longtemps que je n’avais pas dit à autant de monde où j’allais et ce que j’allais faire. J’étais contente comme à mon premier concert. On entre dans la salle, on va prendre des bières coupées à l’eau (dédicace @MantraPaul). «Je croise un regard» «Et puis, là, des pétards. Dossier spécial Retrouvez tous nos articles sur les attentats à Paris «Je regarde un peu, je vois pas ma pote.
«Rafale de balles. «Je cherche ma pote dans la foule allongée, je cherche ses tatouages sur les cadavres pleins de sang. «Je saigne vénère, en fait» «Plutôt 2 millimètres» «Mes parents sont là.