Bâtir son métier. Julie Fondriest, professeure de sciences économiques et sociales au lycée Berthelot de Châtellerault, est une jeune enseignante.
Elle témoigne du cheminement qui amène vers le métier, des tâtonnements, des questionnements qui le construisent. Elle nous parle aussi de ce plaisir de transmettre, de partager, des connaissances qui éclairent d’une façon enrichie les entrelacs de la vie quotidienne. Rencontre avec une néo-débutante heureuse d’avoir choisi d’être prof. Elle était, au lycée, « fascinée par les sciences économiques et sociales », une matière « qui ouvre les yeux au monde ». Elle s’intéresse au milieu carcéral, rédige un mémoire sur un centre éducatif fermé, basé sur une monographie avec de multiples rencontres. Tentative de thèse Elle commence une thèse sur le thème, avec une approche historique, y met toute son énergie et son temps. L’année de stage Une du journal créé pendant l’année de stage à Villard de Lans Savoir qui on est Le cirque et les médias Et les SES Monique Royer. Apprendre à être un élève ordinaire. Ils sont enfants mais ne parviennent pas à être des élèves.
Empêchés d’apprendre par des troubles du comportement, ils sont accueillis dans un Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP), une parenthèse pour enfin devenir un enfant qui apprend. Pierre Lignée est enseignant dans un ITEP parisien. Il nous raconte comment ces élèves pas comme les autres sont accompagnés pour rejoindre le milieu scolaire ordinaire.
La belle aventure du remplacement. Sur Twitter, le compte @VuEnRemplacemt nous raconte les bonnes idées dénichées dans les classes au gré des remplacements.
Christophe Salomé a pris la suite de Franck Rouillé pour animer le compte. Remplaçant dans une circonscription des Alpes-Maritimes, il témoigne du bonheur à enseigner de classe en classe, à enrichir ainsi sa mallette pédagogique des idées glanées. Les pleins et les déliés des initiales CPE. Son entrée dans le métier s’est faite dans un lycée professionnel, général et technologique à l’effectif pléthorique. « Une chance », nous dit-elle, car là, en ayant en charge les entrants, élèves de seconde et de prépa pro, elle se rend compte « qu’il est compliqué pour les élèves de construire leur orientation, qu’ils ont une difficulté à se projeter dans l’avenir ».
De fil en aiguille, tisser la coopération. En Belgique, le cursus en École normale est différent selon que l’on se destine à enseigner en maternelle ou en primaire.
Elle a choisi les deux, en étudiant d’abord dans la première voie, puis en empruntant une passerelle pour la seconde. Et pour mieux apprendre son métier, elle a suivi des cours à l’École supérieure de pédagogie de Mons le mercredi après-midi et le samedi matin. L’éloquence est un sésame. L’éloquence, c’est à la fois avoir la tchatche, du brio, apprivoiser les mots, convaincre un auditoire, être attentif aux propos des autres pour répondre par de pertinents ricochets.
Rym Benkaaba, enseignante au collège Gabriel Havez de Creil, fait de l’éloquence un vecteur pédagogique pour l’estime de soi. Chirine Naamar, élève de troisième, a démontré de façon magistrale les vertus de la parole domptée. Elle a su si bien jongler avec les mots qu’elle a remporté un concours d’éloquence. Rencontre avec une collégienne et une enseignante pour qui l’oral est plus qu’une compétence, un véritable sésame. Rym Benkaaba enseigne avec beaucoup de plaisir depuis onze ans dans ce collège situé en REP + (Réseau d’éducation prioritaire). Enseigner ou l’art d’improviser. Le métier d’enseignant s’invente au jour le jour, les cours se nourrissent des interactions avec les élèves, s’enrichissent d’année en année des expériences précédentes, des connaissances acquises au fil du temps.
Caroline Jouneau-Sion, professeure d’histoire-géographie au lycée Germaine-Tillion à Sain-Bel dans le Rhône, vit sa profession comme celle d’un artisan où la créativité est sans cesse sollicitée. Longtemps, elle a eu l’impression de bricoler avec l’inquiétude du manque de construction solide susceptible d’être assimilé à un manque de sérieux. Elle se souvient de l’été 99 pendant lequel elle se préparait à son année de stage.
La profusion d’un tweet. Régis Forgione est professeur des écoles en Moselle auprès d’une classe de CM2.
Il a eu pour ce métier « un véritable coup de foudre » sans s’y être destiné. Étudiant en sciences-physiques passionné de mécanique quantique et se destinant à l’origine à la recherche, il choisit, pour échapper au service militaire, un service civil qui le mène dans le milieu scolaire. Il découvre la pédagogie et ne la quitte plus. Depuis cette année, il retourne en quelque sorte à ses premières amours en se consacrant à mi-temps au projet numérique eFRAN TAO (Twictée pour apprendre l’orthographe) mêlant pédagogie, formation et recherche autour de Twictée [1] . Fabien Hobart « est tombé tout petit dans l’école », lui qui tenait compagnie à sa mère ATSEM (Agent territorial spécialisé des écoles maternelle) dans la classe désertée en fin de journée. Tout a commencé par un tweet Les deux compères sont d’accord sur la date et le canal de leur rencontre : un tweet à l’automne 2013.
Les droits oubliés des enfants des bidonvilles. La force du collectif. Transformer un établissement présumé difficile en lieu de vie scolaire où chacun s’épanouit est le pari réussi par l’équipe du collège Berthelot de Nogent-sur-Oise.
Son principal, Geoffroy Merlot, témoigne de ce travail collectif qui se nourrit et s’enrichit d’année en année dans une approche humaniste dont le prisme est l’intérêt de l’élève. L’année touche à sa fin, la sixième et dernière année pour lui dans ce collège. Apprendre caméra en main. Éducation musicale, arts plastiques, l’art est parfois uniquement un créneau inscrit dans l’emploi du temps.
Seuls quelques élèves mordus poursuivent ensuite dans des sections spécifiques. Et les autres ? Caroline Fage est professeure de lettres au Lycée Le Garros d’Auch. Lycée pro : interstices pour la réussite. « Voie de relégation », l’expression reste accrochée au lycée professionnel. Les réconciliations avec la scolarité, les avenirs qu’il construit font peu de poids face aux préjugés tenaces. Rencontre avec Alexis Lucas, professeur en français et d’histoire-géographie dans un lycée professionnel d’Arcachon, et heureux de l’être. Avec une maîtrise de lettres en poche, il passe le concours de professeur de lycée professionnel juste avant l’armée.
Il effectue son service militaire comme enseignant à l’École de l’air de Salon de Provence, puis est nommé pour son année de stage à Roubaix dans un des deux lycées de France jusque-là nommés « lycée de la dernière chance » et tout juste estampillés « lycée de toutes les chances ». Le grand écart est réel : « J’ai découvert que je ne savais pas enseigner, que les connaissances disciplinaires ne suffisaient pas. » Il s’interroge et apprend son métier. Le chant des projets. Les chorales ont retrouvé leur cote d’antan en alliant le chant et le collectif. Elles ont trouvé aussi un nouveau souffle dans les pratiques pédagogiques. Leslie Lamothe, enseignante en éducation musicale et chant choral en Charente, nous raconte comment, à la faveur d’un soutien de la collectivité locale et de ressources fournies par les Francofolies, la chorale qu’elle anime est devenue un lieu d’ouverture culturelle. Elle a grandi à Mont-de-Marsan dans les Landes, un coin de France où les harmonies, les associations musicales fleurissent et ambiancent de façon joyeuse la vie locale.
Elle apprend la clarinette, se passionne pour la musique, la place sur la portée de ses vocations, veut en faire son métier. Le chant des projets. Croiser pour émanciper. L’école de la confiance. Nichée au cœur du quartier populaire de la Conte à Carcassonne, là où les HLM tutoient les pavillons, l’école de la Gravette respire le plaisir d’apprendre et d’enseigner. Ben Aïda exerce depuis une vingtaine d’années dans cette école classée en éducation prioritaire. Rencontre avec un professeur des écoles pour qui la coopération mène à la confiance. L’universalité de l’adaptation. La créativité à l’œuvre. Apprendre à être un élève ordinaire. Ils sont enfants mais ne parviennent pas à être des élèves. Mai 1968, une onde longue et fertile. L’engagement n’attend pas le nombre des années.