Le monde d’après ne se fera pas sans les peuples dits d’Outremer. Le 27 août 2020, se tiendra à Fort-de-France en Martinique, le procès de militants poursuivis pour avoir dénoncé l'empoisonnement de terres, de l’eau ainsi que des populations Martiniquaise et Guadeloupéenne au chlordécone, pesticide organochloré, toxique, persistant et perturbateur endocrinien.
Un empoisonnement à l’origine de conséquences gravissimes et irréversibles tant sur le plan sanitaire (record mondial de cancer de la prostate, prématurité, retard de développement psychomoteur chez les enfants, endométriose sévère...) qu'écologique (rémanence de 7 siècles dans les sols, …), économique (zone de pêche interdite, sols impropres à la production agricole...), social (perte de revenus, chômage...) et culturel (méthode de culture des potagers privés remise en cause, alimentation traditionnelle en péril...). Un empoisonnement consécutif au système de profit mis en place par de grands planteurs issus des familles esclavagistes qui bâtirent leur fortune à l’ombre du CODE NOIR de Colbert. Library Log in. Black Lives Matter : la France face à ses impensés historiques – Libération. Les musées d'ethnographie repensent leur héritage colonial. La présence d'objets coloniaux dans les musées suisses soulève de nombreuses critiques.
Certaines institutions, comme le Musée d'ethnographie de Genève et le Musée rhétique de Coire, se lancent dans un processus de décolonisation de leurs pratiques et de leurs collections. Dans le sillage des mouvements antiracistes tels que "Black Lives Matter", la présence d'objets coloniaux dans les musées suisses pose de nombreuses questions.
L’ethnographie, science datant du XIXe siècle, est de plus en plus confrontée à des attitudes critiques de la part du grand public. Thierry Lentz: «Nous devons défendre Napoléon et à travers lui notre histoire, pour préserver la cohésion nationale» L’action collective réglée, il ne faut pas oublier les histoires des survivants des pensionnats autochtones. Le 31 mars a marqué la conclusion de la plus importante action collective de l’histoire du Canada.
C’est donc après 14 ans de travaux que se termine officiellement le Processus d’évaluation indépendant (PEI) — qui règle toutes les réclamations pour les maltraitances physiques, sexuelles ou psychologiques subies dans les pensionnats autochtones. Le PEI demeure peu connu du public, même s’il indemnise plus de 38 000 survivants des pensionnats. Or, notre mémoire collective de cette affaire — si souvenir il y a — sera teintée par le préjugé colonial du fait de la destruction des témoignages et des dossiers du PEI ordonnée par les tribunaux et des reportages biaisés et superficiels des grands médias, notamment quant aux coûts et au montant des indemnités.
Ce regard découle de la perspective qui a encadré tout le processus, mais aussi de ce qui a été omis ou explicitement valorisé, et donc de l’histoire retenue : un récit colonial privilégié et une voix autochtone limitée. Entre histoire et mémoire, l’éternel conflit des interprétations. Il est usuel de définir la mémoire comme étant la faculté de conserver des traces du passé et de pouvoir s’y référer activement en fonction des situations présentes.
Mais très souvent, les discours identitaires, empêchent une lecture objective des événements historiques. Récemment, le « rapport Stora » a renouvelé le débat ancien, mais toujours renouvelé, autour des liens existants entre la mémoire historique et l’histoire savante. Recenser, rassembler, mettre en ordre étaient les maîtres-mots de son rapport. GRAND ENTRETIEN. Pourquoi la France a-t-elle du mal à regarder son histoire coloniale en face ? "Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
" Dans son Discours sur le colonialisme en 1950, l'écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire dénonçait puissamment l'idéologie colonialiste européenne et accusait ses "maîtres" d'être incapables de regarder en face et de résoudre le "problème colonial" qu'ils avaient créé. Soixante-dix ans après cet écrit, après la fin des guerres d'indépendance, l'histoire de la colonisation française et les processus de décolonisation restent partiellement connus et étudiés. Franceinfo : Tout d'abord, lorsque l'on parle de colonisation puis des décolonisations, de quelle période parle-t-on ? Christelle Taraud : La question coloniale en Europe remonte à la période dite des "Grandes explorations" à partir du XVe siècle, lorsque les premiers empires, portugais et espagnol pour l'essentiel, ont commencé à se constituer en Afrique et en Amérique.
Indépendances africaines: où en est la décolonisation des esprits? Françoise Vergès (1) est historienne, chercheuse, titulaire de la chaire « Global South » à la Fondation Maison des sciences de l’homme, à Paris.
Antoine Glaser (2) est politologue, journaliste spécialiste de l’Afrique. Ils sont auteurs de plusieurs ouvrages consacrés à des thèmes qui vont de la politique en Afrique aux questions liées à l’esclavage et la colonisation, en passant par les relations France-Afrique. Interrogé à l'occasion du 60e anniversaire des indépendances africaines, le duo évoque au micro de RFI les heurs et malheurs de l'Afrique postcoloniale ainsi que le bilan du processus de décolonisation qui reste un « work in progress » (« travail évolutif »). Entretiens croisés. « La décolonisation n’a pas été si pacifique que cela » La Croix l’Hebdo : Vous avez travaillé sur les assassinats de quatre leaders de l’indépendance en Afrique centrale, dont Patrice Lumumba (2).
Quels sont les points communs entre ces morts ? Karine Ramondy : Ces quatre assassinats ont mis fin à des processus d’indépendance qui se déroulaient selon les projets défendus par ces leaders et ont fait basculer ces processus vers d’autres modèles. Des modèles imaginés par les anciennes métropoles et les grandes puissances occidentales. Françoise Vergès : « Le récit historique en France ne s’est jamais décolonisé »
Soixante ans après les indépendances, les anciennes puissances coloniales – France en tête – peinent toujours à considérer les Africains comme leurs égaux, estime la politologue et féministe Françoise Vergès.
Soixante ans après les indépendances de dix-sept pays d’Afrique subsaharienne, la France a-t-elle réellement largué les amarres ? Pour Françoise Vergès, politologue et féministe décoloniale réunionnaise, si le cordon ombilical a officiellement été coupé, reste entre l’ancienne puissance et les pays qui furent ses colonies un lien de domination invisible, qui continue de produire ses effets pernicieux. Ce sentiment de supériorité puiserait ses racines dans le Code noir, qui réglementa la condition des esclaves noirs dans les îles françaises d’Amérique sous le règne de Louis XIV, mais aussi dans le rêve impérial d’une IIIe République qui, notamment par la voix de Jules Ferry, conférait aux « races supérieures » « le devoir de civiliser les races inférieures ».
Décolonisation de l’espace public : pour les partis de la majorité, l’heure est au changement. Cette résolution demande notamment au gouvernement bruxellois d’établir un inventaire des noms de places publiques et de rues sur l’héritage de l’histoire coloniale belge : un groupe de travail va être créé à cet effet.
La proposition demande également la mise en place d'un groupe de pilotage composé entre autres d’experts et de personnes de la société civile. Ce groupe sera chargé de faire des propositions concrètes dans le cadre du travail de contextualisation et/ou de déplacement des vestiges coloniaux dans les musées. Enfin, le texte propose d'attribuer à des nouvelles voiries et infrastructure en général des noms de personnalités ayant résisté à la colonisation - tout en tenant compte de la diversité de genre.
"Ce travail important sur la mémoire coloniale constitue une priorité pour la décolonisation des esprits. Elle est primordiale pour lutter contre l’imaginaire colonial en Belgique", explique le député écologiste Kalvin Soiresse Njall. "Décolonisations" : "Nous recevons cette histoire en héritage, nous devons la regarder en face et faire le nécessaire pour vivre ensemble" Le documentaire Décolonisations, du sang et des larmes raconte comment les populations de Madagascar à l'Indochine, en passant par l'Algérie, la Côte d'Ivoire et les Antilles, se sont battues pour se libérer du joug français.
Mais ce film en deux volets explique surtout la détermination de la France à ne pas renoncer à son empire colonial, quitte a recourir à la force. Les conflits sont donc inévitables pour des peuples excédés par les injustices dont ils sont victimes sous l'administration française et plus tard, par le manque de reconnaissance de la "mère patrie" pour qui ils ont versé leur sang, notamment au cours de la Seconde Guerre mondiale. Leur détermination n'a d'égal que celle de Paris à maintenir ce joyau économique qu'est l'empire.
Le documentaire, outre le fait de revenir sur les massacres perpétrés par l'administration coloniale et les guerres que cette dernière a fini par perdre, est une vitrine de la géopolitique française notamment sur le continent africain. Décoloniser l'espace public pour décoloniser les esprits. Statue de Gallieni à Paris redécorée. Photo Mathilde Larrère Comment analysez-vous ce regain de contestation antiraciste qui s’est traduit par des manifestations massives et qui a fait tomber plusieurs statues de personnalités coloniales ces dernières semaines ? Thierno Guèye : L’assassinat de George Floyd en direct devant la caméra de la jeune afro-américaine âgée de 17 ans du nom de Darnella, qui a filmé la scène, faute de pouvoir intervenir autrement parce qu’elle aurait pu subir le même sort que Floyd, a montré l’horreur que vivent les minorités noires en particulier aux Etats-Unis et a été un catalyseur qui a fait sortir tout le monde de ses gonds.
Cela nous a amenés collectivement à nous poser des questions éthiques sur le traitement de certaines minorités par les forces de police aux Etats-Unis, depuis l’abolition de l’esclavage. « Islamo-gauchisme » : s’en prendre à la recherche montre l’impossible décolonisation de l’université. L’Université est en émoi. Le 16 février 2021, devant l’Assemblée nationale, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche a confirmé la mise en place d’« un bilan de l’ensemble des recherches » en lançant, rapporte Le Monde, une enquête scientifique sur « l’islamo-gauchisme » pour identifier, selon elle, ce qui relève de la recherche ou du militantisme. Ce nouveau développement et l’ingérence du politique dans la recherche semblent faire suite à une série de polémiques visant à pointer du doigt le travail des chercheurs et des courants de recherche non hégémoniques.
La Bibliothèque Vagabonde avec Kofi Yamgnane: "L'intégration: c'est à mi-chemin entre l'assimilation et l'exclusion." "J'ai 6 cartons de lettres, ça fait 30 ans que cela dure. " Des courriers d'injures, d'insultes, le plus souvent anonymes. Voilà ce qui a atterrit dans la boîte aux lettres de Kofi Yamgnane après son élection comme maire de Saint-Coulitz dans le Finistère. L’histoire des nations autochtones : décoloniser nos savoirs. «L'histoire de la décolonisation a besoin d'être redécouverte» - Invité Afrique. Publié le : 22/11/2020 - 07:55Modifié le : 22/11/2020 - 07:57 Raconter l'histoire des décolonisations du point de vue des colonisés ?
Un pied de nez au récit historique classique qui reflète le regard de l'Europe colonisatrice.